Ouattara, Soro, Bakayoko, la BCEAO et les 300 Milliards transférés par le clan Gbagbo : Les dessous de l’affaire Chaka Computer
lundi 16 mai 2011
De retour en Côte d’Ivoire après un séjour de 48 heures à Dakar, Alassane Ouattara a informé ses compatriotes que 300 milliards de Fcfa ont été soustraits des Caisses de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) par le clan Gbagbo. Au-delà du logiciel de compense livré par Chaka au Directeur général de la Caisse d’épargne Ivoirienne sous Gbagbo comme révélé par L’As, c’est cette affaire de transfert de fonds qui vaut au groupe, à travers Moustapha Ngom, de figurer sur la « liste noire du Procureur d’Abidjan ». Les autorités ivoiriennes pensent que Chaka a « pénétré » dans le système Rtgs de la Bceao pour faciliter ces transferts. « Une impossibilité », clame-t-on au niveau de Chaka.
A son retour à Abidjan, le Président Ouattara a annoncé à ses compatriotes une « triste nouvelle » : 300 milliards de Fcfa ont été extraits des caisses de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest par le clan Gbagbo. L’As, qui a révélé en exclusivité cette affaire, a appris de sources Ivoiriennes autorisées que si le Procureur d’Abidjan a placé Chaka sur sa liste noire, c’est parce que les autorités judiciaires ivoiriennes pensent que la structure dirigée par Meissa Ngom a aidé l’ancien Président Ivoirien à mouvementer ces fonds, et pour cause. Comme nous le révélions, le patron de Chaka avait rencontré Guillaume Soro, lors de son séjour à Dakar en février, pour l’informer sur les tenants et aboutissants de l’affaire dite du système de compense que Chaka a livré et testé en février, à la Caisse d’épargne de la Côte d’Ivoire.
La prestation avec Cma au centre des supputations
L’As a appris que cette audience s’est déroulée en présence du ministre Ivoirien des Affaires étrangères et d’une haute autorité sénégalaise. Des sources croient savoir que les explications de Meissa Ngom avaient convaincu le Premier ministre ivoirien. Surtout que le patron de Chaka avait affirmé au chef du gouvernement ivoirien qu’après avoir découvert les intentions de la Caisse d’épargne, ses ingénieurs ont bloqué la mise en production. Pour autant, au retour de Soro en Côte d’Ivoire, les dégâts financiers laissés par le régime de Gbagbo ont commencé à être étalés. Les transferts de fonds exécutés par l’ancien régime avaient fini de convaincre le gouvernement de Ouattara que c’est Chaka qui a aidé le clan Gbagbo, d’autant qu’elle maîtrise le système Rtgs qui sert au transfert de fonds. Mieux, Chaka avait travaillé avec la société Cma qui avait gagné le marché pour installer le système Rtgs à la Banque centrale. Déjà qu’avant cette rencontre entre Soro et Meissa Ngom, l’actuel ministre de l’Intérieur Ivoirien Hamed Bakayoko ne s’était pas gêné pour appeler au téléphone le patron de Chaka, pour des menaces à peine voilées. Le patron de Chaka avait pris les devants en rencontrant le ministre sénégalais de l’Intérieur, Ousmane Ngom, afin de lui exposer la situation.
Si les autorités ivoiriennes portent ces accusations en direction de Chaka, c’est surtout parce que Marcelin, le directeur de la Caisse d’épargne de la Côte d’Ivoire qui avait commandé le logiciel de compense au groupe, avait posé un acte troublant quand les ingénieurs de Chaka avaient été envoyés auprès de lui. En effet, ces derniers avaient été surpris d’être « transportés » au siège abidjanais de la Bceao. Ils avaient à l’époque répercuté l’information au niveau de leur siège à Dakar, avant que Meissa Ngom ne joigne à son tour Marcelin pour l’interpeller. Ce dernier avait dégagé en touche, parlant de « simple formalité ». « Même si nous voulions déverrouiller le système de la Banque centrale, nous ne le pouvons pas. C’est impossible. C’est même absurde de le penser », rejette un cadre de Chaka qui précise qu’ils ne peuvent pas à leur niveau déverrouiller les codes qui entourent ce système ultra sécurisé. « C’est même manquer de respect aux cadres de la Bceao que de penser que Chaka pourraient pénétrer dans leur système et le déverrouiller », fulmine-t-il.
Cheikh Mbacké Guissé
(Source : L’As, 16 mai 2011)