Orange Money, Wave… : Nouvelles révélations sur la taxe qui va augmenter les frais d’envois d’argent
lundi 15 septembre 2025
Les Sénégalais pourraient bientôt payer plus cher leurs transactions via Orange Money et Wave. C’est la conséquence la plus redoutée de la révision de la Redevance sur l’accès ou l’utilisation du Réseau des télécommunications publiques (Rutel), actuellement à l’étude à l’Assemblée nationale. Dans un entretien accordé au journal L’Observateur, Abdou Karim Sall, ancien directeur général de l’ARTP et député, avertit que cette réforme, si elle inclut le mobile money, touchera directement les portefeuilles des usagers.
La Rutel, créée en 2008 et appliquée depuis 2009, visait au départ les communications classiques. Son taux, passé de 2 % à 5 %, s’appliquait sur l’accès ou l’utilisation des réseaux télécoms, mais pas sur le mobile money. Or, selon L’Observateur, l’État envisage désormais une extension : une taxe de 0,5 % sur chaque transfert et de 1,5 % sur les paiements marchands via Orange Money et Wave.
Le mécanisme est simple : la taxe est collectée par les opérateurs (Orange, Wave ou Free Money) pour être reversée à l’État. Mais ces opérateurs n’ont aucun intérêt à réduire leurs marges pour absorber la charge. Comme l’explique Abdou Karim Sall dans L’Observateur, « si la Rutel passe d’un point A à un point B, c’est le client final qui va supporter le surplus ». En clair, l’opérateur ajoute la taxe à ses frais habituels de cash-in, de cash-out ou de transfert, ce qui renchérit immédiatement la transaction.
Prenons un exemple concret : un transfert de 10 000 F CFA. Aujourd’hui, Wave facture zéro franc sur le cash-in et 1 % (100 F) pour le cash-out, tandis qu’Orange Money applique ses propres tarifs selon la grille. Si une taxe de 0,5 % est instaurée, cela ajouterait 50 F au transfert. Le client paierait donc 150 F au lieu de 100 F. La même logique vaut pour les paiements marchands : une taxe de 1,5 % serait directement incluse dans les frais facturés aux utilisateurs.
Le risque est double : alourdir le coût du service pour les consommateurs et fragiliser l’inclusion financière. « Si on applique des taxes au cash-in et au cash-out, les gens risquent de revenir au cash pour éviter la charge », prévient Abdou Karim Sall. Pour lui, l’État a d’autres options, comme l’application de la taxe de régulation de 1,5 % du chiffre d’affaires des opérateurs, prévue depuis 2009 mais jamais recouvrée.
La réforme, si elle passe telle quelle, pourrait donc transformer un outil de démocratisation financière en un fardeau supplémentaire pour les ménages. Et ce sont les millions d’usagers d’Orange Money et de Wave qui paieront la différence.
(Source : Senenews, 15 septembre 2025)