Orange investit dans 2 nouveaux navires câbliers pour renforcer sa flotte de maintenance en Afrique
mercredi 5 novembre 2025
Les câbles sous-marins de fibre optique représentent aujourd’hui des infrastructures stratégiques pour l’Internet mondial, acheminant 99% du trafic. Un incident sur ces autoroutes de l’information cause d’importants désagréments dans divers secteurs. Et garantir leur fonctionnement optimal n’est pas qu’un enjeu économique.
Le groupe français de télécommunications Orange muscle ses capacités d’intervention en mer avec la construction de deux nouveaux navires câbliers dédiés à la maintenance des infrastructures sous-marines en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. C’est Orange Marine, sa filiale spécialisée, qui a annoncé l’information le lundi 3 octobre 2025.
Didier Dillard, le président d’Orange Marine et d’Elettra Tlc, explique cet investissement stratégique : « Le vieillissement de la flotte de câbliers est une préoccupation majeure pour tous les acteurs de l’industrie des câbles sous-marins. La construction de ces nouveaux navires permettra à Orange Marine et à Elettra de disposer de la flotte la plus moderne au monde, au service de tous nos clients à l’échelle mondiale, avec un impact environnemental optimisé. ».
Pour l’Afrique en particulier, l’apport projeté de ces deux navires est très concret : accélérer les réparations et sécuriser les connexions Internet côtières, régulièrement mises à l’épreuve par les aléas naturels et le vieillissement des équipements. La quasi-totalité du trafic Internet du continent transite par des câbles de fibre optique posés au fond des mers, qui lorsqu’ils se cassent ou se détériorent, ralentissent des pays entiers. L’actualité récente l’a encore rappelé : en mars 2024, plusieurs câbles au large d’Abidjan (WACS, ACE, MainOne, SAT-3) ont été endommagés, provoquant des pannes massives en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec des rétablissements étalés sur plusieurs semaines selon les systèmes.
Davantage de moyens de maintenance — mieux répartis et plus modernes — se traduisent mécaniquement par des délais de réparation plus courts et donc moins de pertes dans les revenus financiers générés par le segment data pour Orange.
Plus verts, plus précis, plus efficaces
Copies modernes du Sophie Germain déployé en 2023, les deux navires dont la construction a été confiée au chantier naval sri-lankais Colombo Dockyard, devraient officiellement entrer en service en 2028 et 2029. Ils seront capables à la fois d’entretenir les systèmes existants et de poser des segments à jusqu’à 1000 km de profondeur. Ils remplaceront le Léon Thévenin lancé en 1983 et basé en Afrique du Sud, et l’Antonio Meucci lancé en 1987, basé en Italie, actuellement chargés de la maintenance des câbles dans l’Atlantique, l’océan Indien, la Méditerranée, la mer Noire et la mer Rouge.
Ils seront plus verts, avec une réduction annoncée de 20 % des émissions de CO₂ par rapport aux navires actuels, grâce à une coque profilée optimisée pour les réparations et réduisant la consommation de carburant de 25 %, une propulsion hybride (diesel + batteries), des propulseurs principaux Azipod pour une maniabilité et une fiabilité accrues, et le branchement électrique à quai pour limiter l’empreinte carbone. Chaque navire embarquera un robot sous-marin télécommandé conçu par Orange Marine pour couper, inspecter et enfouir rapidement les câbles.
Autant d’améliorations qui, appliquées aux côtes africaines, réduiront le temps d’indisponibilité des services internet essentiels aux banques, administrations, plateformes de paiement, e-santé, etc. Orange possède par ailleurs deux navires câbliers et un navire de reconnaissance (levés hydrographiques) via Orange Marine et sa filiale italienne Elettra TLC.
« Leader mondial des infrastructures numériques, Orange gère plus de 450 000 km de câbles sous-marins reliant tous les continents. Cet investissement stratégique dans notre flotte de câbliers sera essentiel pour garantir la résilience et la sécurité de l’Internet mondial », a déclaré Michaël Trabbia, DG d’Orange Wholesale. Le signal envoyé par l’opérateur télécoms est clair : la résilience n’est plus un « plus », mais un standard à atteindre. L’Afrique doit être mieux servie, et plus vite.
Muriel EDJO
(Source : Agence Ecofin, 5 novembre 2025)
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