Orange Burkina dévoile un plan de cinq ans pour renforcer sa position sur le marché
mercredi 7 mai 2025
La qualité et le coût des services restent des griefs majeurs pour les abonnés télécoms burkinabè. Orange entend transformer ces points de friction en avantage concurrentiel.
La société télécoms Orange Burkina Faso a présenté, le mardi 6 mai, sa feuille de route pour les cinq prochaines années. Ce plan stratégique prévoit des initiatives précises pour consolider sa position sur un marché où elle fait face à la concurrence de Moov Africa (Onatel) et Telecel.
Ce plan a été présenté à Aminata Zerbo/Sabane, ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, par une délégation conduite par Nafy Silué Coulibaly, la directrice générale d’Orange Burkina Faso. Il s’articule autour de trois axes principaux : l’amélioration de la qualité des services, la réduction des barrières tarifaires et le développement des infrastructures numériques. Il prévoit également le développement des compétences dans les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle.
Une infrastructure télécoms renforcée
Parmi les priorités annoncées figurent le renforcement des investissements dans les infrastructures télécoms, sans que des détails précis n’aient été communiqués. Ces investissements pourraient concerner aussi bien l’extension du réseau que sa modernisation, notamment avec l’introduction de technologies mobiles de dernière génération, comme la 5G.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), plus de 60 % de la population burkinabè estimée à 23,5 millions n’est pas couverte par le réseau 4G. Pour la 3G et la 2G, cet écart de couverture baisse respectivement à 42 % et 7,4 %. Couvrir les zones non couvertes pourrait permettre à l’opérateur de toucher de nouveaux abonnés. D’ailleurs, l’UIT estime le taux de pénétration de l’Internet au Burkina Faso à 17 %, contre 55,9 % pour la téléphonie mobile.
Une meilleure qualité de service
Au-delà de l’infrastructure télécoms, Orange Burkina Faso entend améliorer la qualité de service, dans un contexte où les utilisateurs expriment régulièrement leur mécontentement à ce sujet. Devant la grogne des populations, Orange et les deux autres opérateurs de téléphonie mobile du pays ont dû signer en octobre 2024 un accord avec l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) pour solutionner le problème. Le régulateur télécoms leur avait notamment recommandé le déploiement de nouveaux sites et l’acquisition de fréquences supplémentaires.
L’accent mis sur l’amélioration de la qualité des services a été salué par la ministre Zerbo/Sabane. « Je suis ravie de voir qu’au cœur de votre vision et de cette stratégie se trouve la satisfaction du client. Je pense que c’est un élément important parce que tous les investissements doivent concourir justement à l’atteinte de cette satisfaction pour que les clients aussi puissent bénéficier du potentiel qu’offre le numérique », a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime qu’une bonne qualité de services peut permettre à une société de téléphonie mobile de maintenir un niveau élevé de satisfaction de la clientèle, ce qui a le potentiel de réduire le taux de désabonnement et d’augmenter l’utilisation. L’organisation ajoute que cela peut également maintenir un avantage concurrentiel et éviter les pertes de revenus.
Amélioration de l’accessibilité tarifaire
Le nouveau plan stratégique met également l’accent sur « l’accessibilité tarifaire ». Il reste à voir si Orange prévoit de réduire les tarifs de ses offres actuelles ou d’en proposer de nouvelles plus accessibles aux consommateurs.
À la mi-avril 2023, les usagers avaient entamé une campagne de protestation contre la cherté des services mobiles dénommée « Vent du salut ». Une déconnexion généralisée sur les réseaux des opérateurs a été mobilisée sur des plages horaires spécifiques sur plusieurs jours. Cette situation a notamment poussé l’ARCEP à mettre la pression sur les opérateurs pour répondre aux préoccupations des abonnés. Les sociétés de téléphonie avaient annoncé des engagements qualifiés de minimes par les associations de défense des consommateurs. Une nouvelle campagne de boycott a été annoncée pour août.
Il reste à voir si Orange prévoit de réduire les tarifs de ses offres actuelles ou d’en proposer de nouvelles plus accessibles aux consommateurs. Toutefois, une amélioration de l’accessibilité financière pourrait encourager une hausse de la consommation chez les abonnés existants et attirer de nouveaux utilisateurs.
Un marché marqué par une forte concurrence
Orange devra toutefois composer avec une concurrence de plus en plus affirmée, notamment celle de Moov Africa, filiale du groupe Maroc Telecom. Ce dernier a récemment annoncé son intention d’intensifier ses investissements dans les infrastructures télécoms en Afrique subsaharienne, avec un accent particulier sur les zones rurales, encore largement touchées par la fracture numérique. Le groupe prévoit également de renforcer sa présence sur le segment du haut débit fixe à travers le déploiement de la fibre optique et d’autres technologies.
Au Burkina Faso, Orange reste le leader du marché de la téléphonie mobile. Selon les dernières données de l’ARCEP, l’opérateur comptait 12,6 millions d’abonnés au 31 décembre 2024, soit 46,02 % de parts de marché, devant Moov Africa (43,79 %) et Telecel (10,18 %).
Sur le segment de l’Internet mobile, Orange conserve également sa position dominante avec 9,8 millions d’abonnés, représentant 51,05 % de parts de marché. Moov Africa suit avec 39,47 %, tandis que Telecel se limite à 9,48 %.
En revanche, sur le marché de l’Internet fixe, Orange arrive en troisième position avec 49 071 abonnés, soit 24,48 % de parts de marché. Ce segment est dominé par GVA Burkina (CanalBox), qui détient 49,18 % de parts, suivi de Moov Africa avec 25,03 %.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 7 mai 2025)