« Orange agit aujourd’hui comme s’il était le propriétaire unique de Sonatel »
mercredi 23 juillet 2025
Mouhamadou Lamine Badji, secrétaire général du syndicat des agents de la Sonatel était l’invité de l’émission matinale Salam Sénégal sur la Rts. Il a livré une analyse sur des tensions durables entre les salariés et le partenaire stratégique Orange.
Mouhamadou Lamine Badji a lancé un appel pressant aux autorités sénégalaises pour qu’elles assument pleinement leurs responsabilités. Il rappelle que la discorde ne date pas d’hier : « Les syndicats se sont toujours mobilisés lorsqu’il s’est agi de défendre l’intérêt national. Déjà en 1997, lors de la privatisation de la Sonatel, nous avions exprimé nos réserves », rappelle-t-il.
À l’époque, l’État avait cédé une portion du capital à Orange, tout en conservant une participation de 33 %. Ce partenariat, qualifié de stratégique, visait à propulser Sonatel vers une croissance régionale, notamment au Mali et en Guinée.
Cependant, les équilibres semblent avoir changé. « Orange agit aujourd’hui comme s’il était le propriétaire unique de Sonatel, alors qu’il ne détient que 42 % du capital. Il a même placé notre société sous la tutelle d’une de ses filiales, OMEYA, basée à Casablanca, ce qui est totalement illégal », dénonce-t-il.
Le secrétaire syndical critique fermement cette emprise croissante d’Orange, qu’il juge néfaste à la stratégie d’expansion externe de Sonatel, notamment vers le Nigeria. Il accuse également le groupe français de vouloir s’approprier des actifs névralgiques comme Orange Money SA et les OFM (Orange Finance Mobile), en imposant une fusion sous sa direction.
En saluant la disponibilité du Premier ministre, qu’il remercie pour leur récente audience, M. Badji exhorte les nouvelles autorités à faire preuve de courage et de patriotisme : « Orange transgresse les règles de gouvernance, et cela n’aurait pas été possible sans la complicité de l’État qui siège au Conseil d’administration. Nous attendons maintenant une réaction ferme et courageuse pour rétablir la souveraineté nationale sur un opérateur aussi stratégique que Sonatel », demande le syndicaliste.
Pour le syndicat, il est urgent de revoir le modèle de gouvernance actuel de Sonatel, rétablir un équilibre entre les actionnaires et aligner les pratiques de gestion avec les discours officiels sur l’indépendance économique.
Le syndicat soupçonne une stratégie d’affaiblissement interne orchestrée par Orange : « Orange sait qu’elle ne peut pas nous contrôler directement, alors elle tente de nous affaiblir de l’intérieur », regrette-t-il. Cette situation, selon lui, met en danger la cohésion et l’intégrité du groupe Sonatel, notamment dans sa zone d’influence en Afrique de l’Ouest, où l’entreprise demeure un pilier du secteur des télécommunications.
(Source ; Seneweb, 23 juillet 2025)