Numérisation des hôpitaux : Madagascar face au défi des compétences
lundi 23 juin 2025
Les autorités malgaches misent sur l’intégration des TIC pour accélérer le développement de plusieurs secteurs clés comme la santé. La réussite de cette transformation dépend de plusieurs facteurs, notamment la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée.
Le gouvernement malgache a déployé la semaine dernière un système intelligent de gestion des files d’attente et une plateforme numérique de gestion des dossiers médicaux dans deux centres hospitaliers universitaires de la capitale Antananarivo. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la phase pilote du projet de numérisation des hôpitaux publics, qui devrait se généraliser dans le pays au cours des prochains mois ou années. Si cette avancée promet une meilleure coordination des soins, elle pose aussi la question cruciale de la disponibilité d’une main-d’œuvre formée et capable de gérer ces nouveaux outils numériques.
« Cette initiative vise à renforcer durablement l’efficacité des structures de santé, à faciliter le travail du personnel hospitalier et à garantir une prise en charge plus rapide et cohérente des patients », a déclaré le ministère du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, dans un communiqué.
Dans la « Stratégie nationale en santé digitale 2023–2027 », le ministère de la Santé a estimé à 2 % la proportion des agents de santé intervenant en santé digitale ayant reçu une formation dans le domaine en 2023. Il ajoute que les compétences spécifiques à la santé digitale ne sont pas encore disponibles et se construisent au fur et à mesure des initiatives mises en œuvre avec l’appui des partenaires.
Le ministère reconnaît toutefois que le développement de la santé digitale nécessitera une révision des compétences attendues, des fonctions existantes, voire une évolution du système de formation dans le secteur de la santé en général. Un budget total de 408 millions d’ariarys (environ 91 000 dollars américains) a été prévu pour améliorer la qualité des interventions, en normalisant les effectifs et en renforçant les compétences. Pourtant, au moment de l’élaboration de la stratégie, le renforcement des compétences en matière de santé numérique ne figurait pas parmi les dépenses prioritaires en matière de soins. Le gouvernement souhaite porter la proportion des agents de santé formés en santé digitale à 35 % d’ici 2027.
Il convient toutefois de rappeler que le renforcement des compétences numériques ne constitue pas, à lui seul, la clé de la réussite de la transformation numérique dans le secteur de la santé. D’autres facteurs tout aussi essentiels entrent en jeu, tels qu’un financement adéquat, la disponibilité et la qualité des infrastructures (Internet, centres de données), ainsi que l’accès à des équipements modernes et adaptés. Par ailleurs, la maintenance régulière de ces équipements, la sécurité des systèmes d’information et la sensibilisation des utilisateurs sont également indispensables pour garantir une mise en œuvre efficace et durable des solutions numériques, ainsi que leur adoption.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 23 juin 2025)