Numérique : le Maroc renforce son rôle de passerelle entre l’Afrique et le monde arabe
vendredi 26 septembre 2025
Les pays africains considèrent la transformation numérique comme un levier clé de développement socio-économique pour les prochaines années. Pour atteindre leurs objectifs, ils misent particulièrement sur des partenariats internationaux.
Le Maroc ambitionne de se positionner comme un hub de la transformation numérique en Afrique et dans le monde arabe via le Hub Morocco Digital for Sustainable Development (D4SD), dont le lancement officiel est attendu le vendredi 26 septembre. En prélude à cette initiative, la ministre de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, a rencontré à New York, le mercredi 24 septembre, des responsables de la société technologique américaine Meta ainsi que du Bureau des Nations unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC).
Avec Meta, les échanges ont notamment exploré des opportunités de projets à fort impact pour le continent africain et le monde arabe. Le communiqué du ministère publié sur Facebook indique que les deux parties ont également discuté des pistes de collaboration entre le ministère et Meta, notamment dans les domaines de la formation et du développement des compétences, de la recherche et de l’innovation en intelligence artificielle, afin de répondre aux besoins spécifiques de l’Afrique et du Moyen-Orient.
Avec Dima Al-Khatib, directrice exécutive de l’UNOSSC, la discussion a porté sur « les moyens d’intégrer la transformation numérique et l’intelligence artificielle dans les programmes de coopération Sud-Sud, afin de renforcer la capacité des pays arabes et africains à relever les défis de développement communs, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la sécurité alimentaire ».
Le Hub Morocco Digital for Sustainable Development est le fruit d’un protocole d’accord signé entre le PNUD et le Maroc en juillet dernier, à l’occasion des Assises nationales de l’intelligence artificielle. Ce centre d’excellence arabo-africain vise à soutenir les pays dans le renforcement des services publics numériques, la promotion d’une utilisation responsable de l’IA et la mise en place de systèmes institutionnels et réglementaires propices à la transformation numérique et contribuant au développement durable dans les deux régions.
Le PNUD précise que cette collaboration s’appuie sur le leadership du Maroc en matière de gouvernance numérique, d’IA et de science des données. Le pays est classé 90ᵉ mondial et 4ᵉ en Afrique à l’Indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies (EGDI) 2024. Le royaume a enregistré un score de 0,6841 sur 1, supérieur aux moyennes africaine et mondiale. Il a d’ailleurs lancé sa stratégie « Digital Morocco 2030 » en septembre 2023 pour renforcer ses acquis dans le domaine de la transformation numérique et accélérer son développement socio-économique à l’horizon 2030, avec une contribution au PIB attendue à 100 milliards de dirhams (environ 11 milliards de dollars).
Il convient toutefois de souligner que, dans le cadre du D4SD, les échanges restent pour l’heure au stade de discussions. Aucun accord n’a encore été signé ni annoncé. L’impact réel sur la transformation numérique et le développement socio-économique ne pourra donc être évalué qu’à travers la concrétisation de ces collaborations et la mise en œuvre de projets tangibles. En Afrique, par exemple, une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google prédit que l’économie numérique en Afrique vaudra au moins 712 milliards de dollars en 2050, soit 8,5 % du PIB continental.
Cependant, le PNUD estime que les pays du continent continuent de faire face à des obstacles systémiques comme les infrastructures fragmentées, l’accès limité aux capacités d’IA, le sous-investissement dans l’innovation numérique et des cadres réglementaires non coordonnés.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 26 septembre 2025)