La 4ᵉ Conférence africaine des start-up a adopté à Alger une Déclaration sur la régulation des plateformes numériques, une avancée saluée par le gouvernement algérien, mais accueillie avec prudence par plusieurs délégations, qui doutent de la capacité réelle du pays à piloter un mécanisme continental unifié dès 2026.
Au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal, la Déclaration d’Alger sur les plates-formes numériques a été annoncée samedi comme un « tournant » pour la souveraineté numérique africaine. Selon le ministre algérien de la Poste et des Télécommunications, le texte répond à la nécessité pour le continent de se doter d’un cadre juridique face aux géants de l’OTT.
Cette ambition, largement mise en avant par Alger, vise à imposer des obligations de contribution locale, de protection des données et de régulation des contenus. Mais derrière les déclarations officielles, plusieurs délégations estimaient que la portée réelle du texte restait encore à démontrer.
Le gouvernement algérien affirme que cette déclaration prépare la mise en place, dès 2026, d’un mécanisme continental unifié qui sera soumis à l’Union africaine. Toutefois, des responsables présents à Alger indiquent que le consensus sur les modalités d’application est encore loin d’être acquis, certains pays jugeant les propositions « trop générales » ou « insuffisamment articulées » avec les cadres existants de l’UA. La question sensible de la localisation des données et du Cloud souverain, notamment, divise encore plusieurs États qui craignent des coûts élevés de mise en conformité.
Alger met en avant sa politique nationale de modernisation numérique — 275 000 km de fibre optique, 6,8 millions de foyers connectés au haut débit et le lancement de la 5G — pour justifier son rôle moteur. Mais des observateurs rappellent que les infrastructures restent inégalement réparties, et que les performances du pays dans les classements internationaux du numérique demeurent modestes, ce qui interroge sur sa capacité à entraîner le continent.
Certaines délégations africaines soulignent également que l’Algérie doit encore renforcer la transparence de son écosystème pour gagner la confiance nécessaire à un leadership régional.
La conférence a également abordé l’impact environnemental croissant du numérique, avec un appel de l’Union africaine des télécommunications à des infrastructures plus écologiques. Là encore, des experts estiment que la transition verte exigera des investissements massifs et une coordination poussée entre les pays, bien au-delà des intentions exprimées dans la Déclaration d’Alger.
Plusieurs participants estimaient que l’Afrique devait éviter les effets d’annonce et concentrer ses efforts sur la construction progressive d’un cadre harmonisé.
Le gouvernement algérien a profité de l’événement pour mettre en avant ses initiatives en faveur des startups et l’essor de son écosystème entrepreneurial, citant des distinctions internationales et la multiplication des jeunes entreprises innovantes. Mais certains analystes rappellent que le nombre de startups déclarées ne reflète pas toujours la maturité réelle des projets, ni leur capacité à se maintenir ou à s’internationaliser.
(Source : APAnews, 8 décembre 2025)
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Numérique : la « déclaration d’Alger » adoptée, avec des doutes