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Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Juillet 2025 > Nomadisme numérique : l’Afrique, nouvelle frontière d’un phénomène mondial

Nomadisme numérique : l’Afrique, nouvelle frontière d’un phénomène mondial

mardi 8 juillet 2025

Usages et comportements

La transformation numérique accélérée par la crise de Covid-19 a bouleversé durablement les méthodes de travail à l’échelle mondiale. Au-delà de la mutation des métiers et des compétences, une nouvelle catégorie de professionnels a émergé : les nomades numériques. Travaillant à distance, souvent indépendants, ils redéfinissent les frontières du travail et représentent une opportunité économique encore sous-exploitée en Afrique.

Depuis 2020, le monde du travail connaît une révolution silencieuse, mais profonde. En quelques années, le nomadisme numérique est passé d’un phénomène marginal à une dynamique mondiale, portée par la digitalisation des métiers, l’essor du travail à distance et les aspirations à une vie plus flexible. Si cette tendance a d’abord conquis les grandes capitales occidentales, elle s’étend désormais à l’Afrique qui pourrait capter une manne financière estimée à plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. À condition de s’en donner les moyens.

Un phénomène mondial aux retombées locales

Le nomade numérique, c’est ce travailleur qui, grâce à un ordinateur et une connexion Internet, peut exercer son activité depuis n’importe quelle partie du monde : un freelance en marketing basé à Nairobi pendant six mois, une développeuse sénégalaise qui vit entre Dakar et Bali, ou encore un designer américain installé à Zanzibar, le temps d’un été.

Selon les statistiques 2025 collectées par Nomads.com, la plateforme de la communauté mondiale des nomades numériques, il y a plus de 80 millions de nomades numériques dans le monde. Un chiffre en hausse constante. Leur impact économique est loin d’être négligeable : en moyenne, un nomade numérique gagne 124 000 dollars par an. Il dépense entre 1 000 et 3 000 dollars par mois dans le pays qui l’accueille — hébergement, restauration, loisirs, coworking, transports, etc. Pour les pays hôtes, cela représente une source de revenus directe pour les économies locales, sans les contraintes classiques du tourisme de masse. Les Américains représentent la plus forte communauté de nomades numériques, avec 46 millions d’individus à travers le monde. Près de 88% des nomades numériques à l’échelle mondiale sont originaires de pays situés en dehors de l’Afrique.

Profil type du nomade numérique selon Nomads.com :

Catégorie Sous-catégorie Valeur
Âge 53 % ont entre 31 et 39 ans
Genre Hommes 91 %
Genere Femmes 7 %
Genre Autres genres 2 %
Éducation 90 % niveau supérieur
Durée de séjour moyen Par ville 63 jours
Durée de séjour moyen Par pays 167 jours
Revenu annuel moyen 124 304 $
Statut professionnel Salariés à plein temps 38 %
Statut professionnel Fondateurs de start-up 18 %
Statut professionnel Freelances 18 %
Secteurs dominants (Hommes) Développement logiciel 35 %
Secteurs dominants (Hommes) Développement web 28 %
Secteurs dominants (Hommes) Fondateurs de start-up 28 %
Secteurs dominants (Hommes) Marketing 16 %
Secteurs dominants (Femmes) Marketing 16 %
Secteurs dominants (Femmes) Industrie créative 15 %
Secteurs dominants (Femmes) Start-up 12 %
Secteurs dominants (Femmes) Développement logiciel 10 %
Motivations Cadre de travail + escapades en Afrique

L’Afrique, une nouvelle frontière

Longtemps ignorée, l’Afrique commence à apparaître sur la carte du nomadisme numérique mondial. Le Cap, Johannesburg, Marrakech, Accra, Dakar, Abuja, ou encore Luanda, Libreville, Cotonou figurent parmi les destinations qui suscitent un intérêt croissant sur le continent. Ces villes attirent une nouvelle génération de télétravailleurs en quête d’authenticité, de coûts de la vie plus accessibles et de connexions humaines fortes. Ces villes proposent une connectivité à haut débit stable, de l’électricité, des cadres de travail et d’hébergement selon des standards adaptés, des services de restauration, de transport et sanitaires. En somme un cadre propice à une expérience alliant efficacité professionnelle et découverte touristique.

Cette dynamique ne concerne pas seulement les étrangers. Une partie croissante de la jeunesse africaine, notamment dans les secteurs du digital (développement web, design, community management, rédaction, etc.), s’éveille, elle aussi, à un mode de vie itinérant, souvent à l’intérieur du continent. Ce nomadisme intra-africain est soutenu par des destinations qui appliquent une exemption totale ou partielle de visa comme le Sénégal, le Bénin, le Kenya, le Ghana ou encore le Rwanda. Des incitations qui redessinent les cartes de la mobilité professionnelle à l’heure de la transformation numérique.

Des milliards de dollars à capter

Selon Newland Chase, fournisseur mondial de services d’immigration et de visas, 35 millions de nomades numériques recensés dans le monde en 2021 ont contribué à une valeur économique globale de 787 milliards de dollars. Faute d’études détaillées sur les perspectives économiques du nomadisme numérique en Afrique, une estimation basée sur une hypothèse modérée de 500 000 nomades numériques étrangers en Afrique dépensant chacun 1000 $ par mois laisse entrevoir que le continent pourrait générer 6 milliards de dollars de retombées économiques par an. En ciblant seulement 2 % du nombre de nomades numériques identifiés dans le monde par Nomads.com en 2025 (environ 80 millions), soit environ 1,6 million de travailleurs, l’Afrique pourrait capter près de 20 milliards de dollars annuellement, via les dépenses directes de ces professionnels. Mais au-delà de cette consommation immédiate, le nomadisme numérique constitue un levier de croissance pour de nombreux secteurs économiques comme l’immobilier locatif de court terme, la restauration et l’hôtellerie, les services Internet, les transports locaux, l’économie des loisirs (randonnées et autres activités sportives ou touristiques). Un potentiel qui pourrait profiter à des milliers de petites entreprises locales, notamment dans les zones urbaines.

Des initiatives rares, mais prometteuses

Quelques pays africains ont commencé à structurer leur offre pour les travailleurs nomades. En 2020, l’île Maurice a lancé son visa Premium. Les ressortissants de 114 pays y sont éligibles. Le visa est gratuit et valide pour un an renouvelable. Pour l’obtenir, le demandeur doit impérativement prouver que son activité principale et/ou la source de ses revenus se situent en dehors de l’île, afin de ne pas intégrer le marché du travail local. Il doit justifier d’un revenu mensuel d’au moins 1500 dollars.

Pour le Cap-Vert qui a fait du numérique et du tourisme des leviers de croissance économique, le visa pour nomade numérique a été lancé en 2020. Il est valide pour une période de six mois renouvelable. Il est payant. Les nomades numériques au Cap-Vert sont exonérés de l’impôt sur le revenu et de toute autre taxe locale. Le pays n’impose pas de salaire minimum, mais le demandeur de visa doit justifier d’un revenu. Il doit présenter un solde bancaire moyen minimum de 1500 € au cours des six derniers mois précédant la demande de visa.

En 2024, l’Afrique du Sud a adopté le visa de nomade numérique. Il permet à son titulaire de résider sur le territoire pour une durée allant de trois mois à trois ans. Le demandeur doit apporter la preuve sous la forme de relevés bancaires de trois mois qu’il gagne un salaire brut annuel d’au moins 650 796 rands (36 782 dollars).

D’autres pays comme la Namibie ou le Kenya ont également adopté le visa de nomade numérique en 2024 pour attirer des talents internationaux et stimuler l’économie locale. Mais l’Afrique reste à la traîne par rapport à d’autres régions comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est, qui ont compris l’intérêt de proposer des visas pour nomades numériques, des hubs technologiques, des exonérations fiscales, ou des services spécialisés.

Défis à relever

L’Afrique a du potentiel pour capitaliser sur le nomadisme numérique. Le continent affiche un taux de couverture haut débit élevé. Il est de 71% pour la 4G selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de 86% pour la 3G. La 5G ne représente encore que 11% de la couverture réseau du continent. Dans la zone urbaine, le taux de couverture 4G est de 73% pour la 4G et de 2% pour la 3G. La 5G couvre déjà 25% de la zone urbaine africaine. Elle est disponible dans les capitales des pays comme l’Afrique du Sud, Sénégal, Maurice, Nigeria, Botswana, Ethiopie ou encore Seychelles, Tunisie, Lesotho. En zone rurale, la couverture de la 4G atteint 49% contre 26% pour la 3G et 14% pour la 2G. Si les grandes villes disposent généralement d’un accès Internet fiable, ce n’est pas encore le cas dans de nombreuses régions secondaires.

Pour ce qui est du prix du forfait Internet mobile le plus accessible du marché (2GB), il représente 3,9% du revenu national brut mensuel (RNB) par habitant contre 13,4% du RNB pour l’internet fixe (5GB). Ces tarifs sont jugés élevés, car ils dépassent le seuil des 2% du RNB recommandé par la Commission du haut débit pour le développement durable des Nations unies. A l’échelle mondiale, le prix moyen du forfait Internet mobile le plus accessible du marché représente près de 1% du RNB contre près de 2,3% du RNB pour l’Internet fixe.

A ces défis, s’ajoutent des questions de stabilité politique et de sécurité. Les risques d’instabilité dans certaines zones freinent les visiteurs, même si celles-ci sont minoritaires à l’échelle du continent. L’absence de statut clair pour les travailleurs nomades réduit également l’attrait des destinations africaines. Les visas touristiques ne sont pas adaptés à des séjours de longue durée et n’offrent pas les mêmes incitations. Cela suppose qu’il faut intégrer le nomadisme numérique dans les politiques publiques du tourisme, de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes et adopter les politiques à cet effet.

Le nomadisme numérique n’est pas qu’un phénomène de mode ou réservé à une élite occidentale. C’est une mutation profonde du travail mondial, dans laquelle l’Afrique peut jouer un rôle de premier plan, à condition d’anticiper, d’investir et d’innover.

Muriel Edjo

(Source : Agence Ecofin, 8 juillet 2025)

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