Nigeria : malgré les efforts, le vandalisme des infrastructures télécoms persiste
mardi 22 juillet 2025
Comme de nombreux pays africains, le Nigeria est confronté à une recrudescence du vandalisme sur ses infrastructures télécoms. En 2022, le régulateur avait révélé que plus de 50 000 incidents majeurs avaient été recensés au cours des cinq années précédentes.
Au Nigeria, les opérateurs télécoms sont montés au créneau pour dénoncer la recrudescence des actes de vandalisme visant leurs infrastructures réseau notamment depuis mai. Une situation qui menace la qualité et la disponibilité des services, au moment même où les acteurs du secteur intensifient leurs efforts pour lutter contre ce fléau qui gangrène le secteur depuis des années.
Dans un communiqué publié le jeudi 17 juillet, l’Association of Licensed Telecommunications Operators of Nigeria (ALTON) a expliqué que des composants critiques, tels que câbles d’alimentation, redresseurs, câbles à fibre optique, câbles d’alimentation secondaires, groupes électrogènes diesel, batteries et systèmes solaires, sont régulièrement volés ou vandalisés sur les sites actifs. Les États les plus touchés par ces attaques sont notamment le Delta, Rivers, Cross River, Akwa Ibom, Ogun, Ondo, Edo, Lagos, Kogi, le Territoire de la capitale fédérale (FCT), Kaduna, Niger, Osun et Kwara.
« Ces actes de sabotage ont fortement perturbé les services réseau, provoquant des pannes généralisées, une congestion du trafic, une baisse de la qualité des services et un impact direct sur des millions d’abonnés », déplore l’association.
La question de la protection des infrastructures télécoms reste au cœur des préoccupations du secteur. Ces derniers mois, plusieurs initiatives ont été lancées pour enrayer les actes de vandalisme, les vols d’équipements et les coupures accidentelles de fibre optique qui fragilisent les réseaux. Le 26 mai, la Commission nigériane des communications (NCC) a mis en service une plateforme dédiée à la dénonciation de ces actes, accessible au public. En avril, les opérateurs télécoms ont mis sur pied un groupe sectoriel de protection des infrastructures, afin de coordonner les efforts de prévention et de réaction face aux incidents.
Plus tôt, en février, le gouvernement avait institué un comité interministériel chargé de trouver des solutions durables aux coupures récurrentes de fibre optique causées par les travaux routiers. Ces mesures s’inscrivent dans le prolongement de l’ordonnance présidentielle signée en août 2024 par Bola Tinubu, qui érige en infraction pénale toute atteinte délibérée aux infrastructures télécoms, reconnues comme critiques à l’échelle nationale.
Au-delà de ces actions, l’ALTON appelle à une intervention urgente des principales forces de sécurité, notamment le Bureau du conseiller national à la sécurité (ONSA), l’Inspecteur général de la police, le Département des services de l’État (DSS) et le Corps nigérian de sécurité et de défense civile (NSCDC). « Nous avons besoin d’une action nationale coordonnée de la part des agences de sécurité, des gouvernements à tous les niveaux, des régulateurs, des médias, de la société civile et du public. Notre sécurité nationale, notre stabilité économique et notre avenir numérique en dépendent. Il faut agir maintenant », a plaidé Gbenga Adebayo, président de l’ALTON.
Sans ces actions, les opérateurs télécoms craignent une crise généralisée dans le secteur des télécoms. Ils estiment que le vandalisme peut nullifier les progrès consentis jusque-là en matière d’investissements dans les infrastructures télécoms. Puisqu’ils sont par exemple obligés d’investir dans la réparation des infrastructures qui peuvent contribuer à étendre la couverture réseau et améliorer la qualité. Le Nigeria étant impliqué dans un processus de transformation numérique, une dégradation des services télécoms peut se sentir dans des secteurs comme la banque, la santé, l’éducation, le commerce…
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 22 juillet 2025)