Niger : passeport AES et carte biométrique pour sécuriser les flux humains et économiques
mardi 30 décembre 2025
En combinant la souveraineté documentaire avec d’autres initiatives prévues, l’AES cherche à poser les bases d’un modèle d’intégration alternatif, centré sur la maîtrise des flux humains, économiques et financiers au sein de son espace. Une étape essentielle pour la concrétisation des objectifs de la Confédération, dans un contexte où les contraintes sécuritaires constituent l’un des principaux défis.
Le Niger a adopté, en Conseil des ministres du vendredi 26 décembre 2025, deux projets de décret instituant les passeports électroniques AES et la carte nationale d’identité biométrique AES. Cette initiative, selon le gouvernement, s’inscrit dans la volonté des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de promouvoir l’intégration sous-régionale, à travers l’harmonisation des documents de voyage et d’identité.
Elle intervient alors qu’un processus d’uniformisation a été prévu à la suite du déploiement, depuis fin janvier, du nouveau passeport de la Confédération, en remplacement de celui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), après le retrait de cette organisation. Pour les autorités, l’harmonisation des documents constitue ainsi un outil de rationalisation des flux, sans entraver la libre circulation au sein de la Confédération.
Outre les objectifs indiqués, la réforme vise, selon des analystes, un enjeu plus large : consolider la souveraineté régionale tout en sécurisant les flux humains et économiques. Dans cet espace sahélien confronté à de grands défis sécuritaires, les contraintes en matière de contrôle des frontières et de circulation des personnes sont devenues de plus en plus importantes. Les passeports électroniques, qu’ils soient ordinaires ou de service, tout comme la carte nationale d’identité biométrique, s’appuient, selon les experts, sur des technologies de puce électronique destinées à limiter la fraude, améliorer la traçabilité et fiabiliser l’identification des usagers.
Sur le plan économique, l’harmonisation des documents d’identité et de voyage, pour la fluidité des déplacements, est présentée comme un facteur clé pour le commerce transfrontalier, la logistique régionale et la mobilité de la main-d’œuvre, dans un espace sahélien enclavé.
L’harmonisation des documents d’identité s’insère par ailleurs dans une dynamique plus large qui intègre plusieurs autres mesures institutionnelles et des plans d’investissement dans les infrastructures, notamment pour l’interconnexion routière. La semaine dernière, la Confédération a également lancé sa banque d’investissement et de développement, destinée à financer des projets structurants et à soutenir les économies nationales.
Au regard de ces initiatives, plusieurs défis subsistent. La reconnaissance internationale des nouveaux passeports, l’interopérabilité avec les systèmes extérieurs à l’AES, ainsi que les coûts de mise en œuvre et de déploiement des documents biométriques seront déterminants pour leur efficacité réelle.
Henoc Dossa
(Source : Agence Ecofin, 30 décembre 2025)
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