Niger : 1031 km de fibre optique posés, vers une interconnexion avec les pays voisins
lundi 17 novembre 2025
Le gouvernement nigérien compte renforcer l’infrastructure numérique nationale dans le cadre de ses ambitions de transformation et de souveraineté numériques. D’un coût d’environ 30 milliards de francs CFA (53,08 millions $), ce projet inclut un datacenter en plus de la fibre.
Le Niger a achevé les différents tronçons composant son volet de la Dorsale transsaharienne à fibre optique. Une cérémonie de réception provisoire a été organisée le vendredi 14 novembre 2025 pour célébrer ce jalon, qui ouvre la voie à une prochaine interconnexion avec des pays voisins comme le Bénin, le Nigeria, le Tchad, le Burkina Faso et l’Algérie.
Au total, 1031 km de fibre optique ont été installés sur cinq axes : Arlit – Assamaka – frontière algérienne (220 km), Diffa – N’Guigmi – frontière tchadienne (186 km), Zinder – Magaria – frontière nigériane (117 km), Niamey – Dosso – Gaya – frontière béninoise (300 km), Niamey – Makalondi – frontière burkinabè (118 km).
« Cette dorsale constitue un levier essentiel pour le désenclavement numérique de notre pays. Elle contribue de manière significative à la réduction de l’exclusion géographique et des écarts de connectivité dans les zones reculées. Elle favorise également le développement économique en offrant une base solide aux services numériques, notamment le commerce électronique, les services financiers mobiles et l’administration électronique », a déclaré Adji Ali Salatou, ministre de la Communication et des Nouvelles technologies de l’information.
En tant que pays enclavé, le Niger n’a pas d’accès direct aux câbles sous-marins qui assurent la connectivité internationale. La dorsale lui permettra donc de s’interconnecter avec plusieurs voisins disposant eux-mêmes de points d’atterrissement importants, ouvrant l’accès à une capacité internationale diversifiée et plus résiliente. Le Nigeria est connecté à huit câbles, le Bénin à trois et l’Algérie à cinq, plus deux prévus d’ici 2026, selon les données de la plateforme Submarine Cable Map de TeleGeography.
Le Tchad, bien qu’enclavé, ouvre au Niger la porte vers des pays côtiers comme le Cameroun et le Soudan, chacun relié à cinq câbles sous-marins, ainsi que la Libye, qui en compte cinq et prévoit un sixième en 2026. Le Tchad explore aussi un accord avec l’Égypte, véritable carrefour numérique avec une vingtaine de câbles et sept supplémentaires prévus d’ici 2028. Enfin, le Burkina Faso, également enclavé, donne accès au Togo (trois câbles), au Ghana (six câbles) et à la Côte d’Ivoire (six câbles).
Selon les autorités nigériennes, l’interconnexion avec les pays voisins devrait permettre d’améliorer la qualité de service, d’élargir l’accès aux TIC et de faire baisser les coûts pour les populations. D’après l’Union internationale des télécommunications (UIT), le taux de pénétration de l’Internet au Niger s’établissait à 23,2 % en 2023. L’organisation indique également qu’en 2024, les dépenses liées à l’Internet mobile représentaient 8,31 % du revenu national brut par habitant, contre 61,1 % pour l’Internet fixe. À titre de comparaison, l’UIT considère qu’un service n’est abordable que lorsque ce ratio ne dépasse pas 2 %.
Par ailleurs, le calendrier de l’interconnexion effective n’a pas encore été précisé. Sa mise en œuvre dépendra de l’avancement de chaque pays concerné. Les autorités nigériennes et tchadiennes s’étaient, par exemple, rencontrées en juin dernier pour discuter des dispositions techniques nécessaires à la concrétisation du projet, mais aucune mise à jour n’a été communiquée depuis. Du côté du Bénin, la frontière entre les deux pays reste fermée jusqu’à nouvel ordre.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 17 novembre 2025)
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