Le mobile money est devenu l’un des piliers de la vie économique en Côte d’Ivoire. En moins de quinze ans, il a profondément transformé les habitudes de consommation, les paiements de proximité et l’inclusion financière. En 2025, plus de 70 % de la population adulte ivoirienne utilise au moins un service de mobile money, plaçant le pays parmi les leaders de l’Afrique de l’Ouest. Cet article propose une analyse complète : histoire, acteurs majeurs, usages, défis et opportunités.
1. Histoire et évolution du mobile money en Côte d’Ivoire
L’aventure du mobile money en Côte d’Ivoire commence avec l’arrivée d’Orange Money en 2008, rapidement suivi par MTN Mobile Money et Moov Money. À l’époque, la bancarisation restait limitée, et ces solutions répondaient à un besoin urgent : envoyer et recevoir de l’argent de manière rapide et sécurisée, même en zone rurale.
En quelques années, le mobile money est devenu incontournable. Les transferts familiaux, le paiement des factures d’électricité (CIE), d’eau (SODECI) ou encore les achats dans les commerces de proximité ont accéléré son adoption. La pandémie de COVID-19 a renforcé son rôle, en incitant les populations à limiter l’usage du cash.
Depuis 2020, les services de mobile money ne se limitent plus aux transferts. Ils intègrent désormais :
– Micro-crédit et épargne digitale.
– Assurance santé et vie via mobile.
– Intégration au e-commerce (paiement en ligne sur Jumia, Afrimarket, etc.).
Le mobile money devient un écosystème financier complet, véritable alternative à la banque traditionnelle.
2. Chiffres clés du mobile money en Côte d’Ivoire
En 2025, on compte environ 24 millions de comptes actifs de mobile money, pour une population totale de 29 millions d’habitants. Cela représente un taux de pénétration de près de 80 % de la population adulte.
Les transactions via mobile money dépassent les 40 000 milliards de FCFA par an. La moyenne quotidienne atteint 100 milliards de FCFA, preuve de son rôle central dans l’économie ivoirienne.
Grâce au mobile money, le taux de bancarisation élargi (incluant les services financiers numériques) est passé de 15 % en 2010 à plus de 60 % en 2025.
3. Les acteurs majeurs du marché
Leader du marché avec plus de 50 % de parts, Orange Money s’est imposé grâce à un réseau dense d’agents, une diversification de ses services (paiement factures, salaires, microcrédit) et des innovations régulières.
Deuxième acteur, MTN Mobile Money mise sur la simplicité d’usage et une forte présence dans les zones rurales. Ses partenariats avec des coopératives agricoles renforcent son ancrage.
Troisième acteur du marché, Moov séduit une clientèle plus jeune et développe des produits spécifiques pour le paiement en ligne et les abonnements digitaux.
Depuis peu, des startups fintech locales comme Djamo et Julaya intègrent des services hybrides, mêlant mobile money, cartes bancaires et API ouvertes.
4. Usages quotidiens du mobile money
Envoyer de l’argent à sa famille reste l’usage principal. Rapide et moins coûteux que les banques classiques, le P2P représente 60 % des transactions. Factures d’eau, d’électricité, recharges téléphoniques, abonnements TV : le mobile money facilite la vie quotidienne des ménages.
Le e-commerce ivoirien connaît un boom grâce à l’intégration du mobile money. Les paiements sur Jumia, Glovo ou encore des plateformes locales se font majoritairement via wallet électronique.
De plus en plus d’entreprises utilisent le mobile money pour payer leurs salariés et partenaires, réduisant les coûts de gestion et améliorant la transparence.
5. Sécurité et défis
Les arnaques par SMS ou appels frauduleux restent fréquentes. Les opérateurs multiplient les campagnes de sensibilisation et les améliorations techniques (authentification biométrique). Les frais appliqués par les opérateurs suscitent parfois des critiques, en particulier pour les petits montants. La régulation cherche à encadrer ces tarifs. L’absence d’une loi nationale forte sur la protection des données personnelles constitue un risque pour la confiance des utilisateurs.
Le mobile money ouvre la voie à une révolution du microcrédit. Les scoring alternatifs basés sur la data mobile permettent de prêter à des populations jusque-là exclues. Les opérateurs développent des partenariats avec des compagnies d’assurance pour proposer des couvertures santé accessibles via mobile money. D’ici 2030, le paiement des impôts, amendes et services administratifs pourrait passer par le mobile money, renforçant la transparence fiscale.
En 2025, le mobile money en Côte d’Ivoire n’est plus un simple outil de transfert d’argent : c’est une véritable infrastructure financière nationale. Son avenir dépendra de trois facteurs clés : la régulation, la cybersécurité et l’innovation. Socialnetlink continuera à analyser ce secteur stratégique, en mettant en avant les meilleures pratiques pour les utilisateurs et les perspectives pour les acteurs économiques.
(Source : Social Net Link, 8/septembre 2025)