OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2017 > Janvier 2017 > Mobile banking : la guerre de tranchées

Mobile banking : la guerre de tranchées

dimanche 1er janvier 2017

Fintech

Une lutte acharnée se joue en coulisses à coups de lobbying et d’amendements de loi entre les opérateurs télécoms d’un côté et les banques traditionnelles de l’autre. Principal enjeu : le contrôle des solutions de Mobile Banking qui bousculent les établissements « classiques » qui n’ont pas réussi à donner un coup de fouet à la bancarisation des africains. Ces derniers se sont vus dépassés par les « poseurs de câbles » grâce à leur avance technologique et leur capacité d’adaptation aux exigences et besoins de leur clientèle. Zoom sur une guerre de tranchées qui risque de s’intensifier en 2017.

Apparu au milieu des années 2000, le Mobile banking n’a cessé de croître et de s’étendre à travers le continent africain, notamment dans la zone subsaharienne. Une dynamique qui a séduit les banques en quêtes de nouveaux clients comme les opérateurs télécoms attirés par ce service à forte valeur ajoutée. Liant opérateurs financiers et télécoms, les plateformes d’argent mobile se sont rapidement affirmées comme l’instrument d’inclusion financière de référence en Afrique, grâce à la modification radicale qu’ils apportent sur les flux de ressources formelles et informelles.

L’attrait pour le mobile banking s’explique par l’opportunité offerte à une large population de se bancariser, sans devoir recourir à des banques bâties en dur, grâce à un simple téléphone. En effet, cette solution permet à ses utilisateurs de se connecter et de transférer des ressources à moindre coût, en toute sécurité et à des distances toujours plus grandes. Le Kenya est un cas d’école en la matière où le centre de recherche « Ideas for growth » (relevant de l’université d’Oxford) estime que 70% des ménages ont accès à M-Pesa (le plus grand opérateur M-Banking du pays).

Passée l’euphorie, place à la réglementation

La facilité de prise en main de cet outil a également joué en sa faveur. Une fois enregistré, un utilisateur peut recevoir ou transférer des fonds, transformant son téléphone mobile en une sorte de carte bancaire. Après la réception, l’argent mobile peut être utilisé pour payer les factures, acheter des biens, des services, voire transférer de l’argent. Après la fascination du début, l’extension rapide du service M-Pesa au Kenya suscite des questions clés pour les autres pays africains, sur la méthodologie à adopter pour implanter ce service dans les autres nations et surtout sur l’approche réglementaire et régulatrice du mobile banking de manière à enregistrer les mêmes résultats.

Un impératif partagé par le géant français des télécoms, Orange, qui a inscrit le développement des solutions de mobile banking ou services financiers mobiles baptisé Orange Money, parmi ses top priorités pour 2017 au coude à coude avec le segment de la Data. La multinationale a dans cet élan mis en place à Abidjan un centre de conformité mutualisé dédié au segment : le Centre d’Expertise en Conformité Orange Money (CECOM). Une structure mise en place suite à l’obtention par l’opérateur d’une licence d’Etablissement de Monnaie Electronique (EME) dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire et Guinée. L’objectif du CECOM est de garantir de manière mutualisée la maîtrise des risques et la conformité des activités de M-Banking aux réglementations respectives de ces pays.

Renforcé par l’obtention début 2016, d’agréments de la BCEAO et de la BCRG (Banque centrale de la République de Guinée), Orange a pu implanter dans les 4 marchés cibles un EME, prenant la forme d’une entreprise ayant le statut de filiale de l’opérateur télécom avec le pouvoir de garantir l’émission, la gestion et la distribution de la monnaie électronique. La filiale peut également mettre en place la politique de conformité en lieu et en place de la banque partenaire, qui exerçait auparavant cette activité pour le compte d’Orange. L’EME jouit également de la capacité d’instruire auprès des banques centrales, des demandes de lancement de nouvelles fonctionnalité et du suivi de l’activité. Un agrément qui offre une autonomie élargie aux structures de mobile banking face aux banques.

Au cœur du pré-carré des banques

En plus de l’affranchissements des solutions d’argent mobile face aux acteurs traditionnels que sont les banques, Orange a renforcé sa position dans le segment de la finance mobile en Afrique de l’Ouest francophone toujours grâce au CECOM. Cette structure peut en effet lui servir de moyen de pression voire de cheval de Troie pour le déploiement d’une politique unique de maîtrise des risques et de conformité. D’ailleurs, ce mouvement tactique du groupe français en terre « financière » augure des velléités d’expansion des opérateurs télécoms qui, de « poseurs de câbles », deviennent des acteurs financiers à part entière.

Une ambition qui fait grincer des dents les banques traditionnelles prises de court par l’efficacité des opérateurs à dépasser la problématique de non bancarisation et à se déployer géographiquement à faibles coûts dans des proportions jamais atteintes par les établissements bancaires en Afrique sub-saharienne. Une évolution des opérateurs télécoms présents en Afrique, qui tranche avec celle de leurs semblables en Amérique du Nord et en Europe, qui ont investis massivement dans les segments des médias et du contenu audiovisuel. Cette incursion des opérateurs télécoms dans le pré-carré des banques « traditionnelles » a poussé ces dernières à sortir la carte de la « concentration ». Une manière pour ces structures de pousser les gouvernements africains à établir des cloisons ou barrières entre les deux activités. Une réaction qui a permis aux gouvernements, notamment de pays anglophones (Ghana et Zambie), de mettre en place des gardes fous et des réglementations portant sur la protection financière des utilisateurs du mobile banking.

Régulation proactive ou stratégie de « laisser-faire » ?

Comme pour tout service bancaire, les clients ayant des dépôts mobiles doivent être protégés contre deux risques d’insolvabilité : celle du prestataire de service d’une part, et celle de l’établissement dépositaire des fonds de l’autre. Une protection qui nécessite des barrières de cantonnement pour ces fonds. Cette mesure passe par la conclusion d’un accord contractuel avec la banque qui permet aux EME ou aux clients d’attenter des poursuites en cas de mauvaise gestion de l’établissement de dépôts. La gestion des intérêts gagnés sur les dépôts des clients rentre également en jeu. Au Kenya, M-Pesa reverse les intérêts gagnés sur ces dépôts à des œuvres caritatives, une manière pour la maison mère du prestataire, Safaricom, d’éviter d’être réglementée comme une institution financière. En Tanzanie, l’entreprise Tigo a décidé en septembre 2014 de payer à ses clients une part proportionnelle des intérêts engrangés sur base trimestrielle. Reverser une partie des intérêts aux clients constitue une forte incitation pour les usagers de privilégier les solutions mobiles.

Il n’empêche qu’à ce jour, aucun des EME n’a encore le droit d’engranger des intérêts pour son propre compte. L’interopérabilité, la protection des consommateurs (en termes de vie privée et de données personnelles) ou encore des facteurs non réglementaires mais non négligeables comme la gestion du réseau d’agents, l’expérimentation du produit, la concentration du marché, la croissance de la base client, les transferts de fonds internationaux sont autant de chantiers que les régulateurs et départements doivent cadrer et défricher pour accompagner la croissance et éviter un choc frontal entre opérateurs télécoms et banques traditionnelles.Il n’empêche que le rôle majeur du mobile banking dans l’inclusion financière (accès au crédit, à l’épargne et aux transferts de fonds) sont indéniables. Une influence sur l’accès aux services financiers qui ne peut que continuer à s’amplifier vu la pénétration du mobile et l’utilisation grandissante d’internet en Afrique.

Ceci-dit, l’Afrique orientale et australe restent en avance par rapport à l’Afrique de l’Ouest en termes de variétés de produits et de réglementation. La balle est maintenant dans le camp des gouvernements qui doivent relever le défi de l’adaptation à ce nouvel acteur financier au risque d’adopter une approche de laisser-faire, qui prône une réglementation « adéquate et non étouffante ». En attendant, le secteur connaît un développement technique assez complexe qui impose un élargissement et une mise à jour constante des instruments de régulation pour pouvoir suivre le rythme.

Amine Ater

(Source : La Tribune Afrique, 1er janvier 2017)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2055/2222 Régulation des télécoms
  • 174/2222 Télécentres/Cybercentres
  • 1538/2222 Economie numérique
  • 791/2222 Politique nationale
  • 2222/2222 Fintech
  • 251/2222 Noms de domaine
  • 812/2222 Produits et services
  • 694/2222 Faits divers/Contentieux
  • 361/2222 Nouveau site web
  • 2156/2222 Infrastructures
  • 798/2222 TIC pour l’éducation
  • 90/2222 Recherche
  • 121/2222 Projet
  • 1368/2222 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 860/2222 Sonatel/Orange
  • 773/2222 Licences de télécommunications
  • 132/2222 Sudatel/Expresso
  • 464/2222 Régulation des médias
  • 599/2222 Applications
  • 494/2222 Mouvements sociaux
  • 769/2222 Données personnelles
  • 63/2222 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2222 Mouvement consumériste
  • 179/2222 Médias
  • 322/2222 Appels internationaux entrants
  • 699/2222 Formation
  • 48/2222 Logiciel libre
  • 837/2222 Politiques africaines
  • 407/2222 Fiscalité
  • 83/2222 Art et culture
  • 284/2222 Genre
  • 766/2222 Point de vue
  • 481/2222 Commerce électronique
  • 698/2222 Manifestation
  • 157/2222 Presse en ligne
  • 62/2222 Piratage
  • 102/2222 Téléservices
  • 416/2222 Biométrie/Identité numérique
  • 149/2222 Environnement/Santé
  • 156/2222 Législation/Réglementation
  • 167/2222 Gouvernance
  • 816/2222 Portrait/Entretien
  • 72/2222 Radio
  • 336/2222 TIC pour la santé
  • 139/2222 Propriété intellectuelle
  • 29/2222 Langues/Localisation
  • 509/2222 Médias/Réseaux sociaux
  • 915/2222 Téléphonie
  • 95/2222 Désengagement de l’Etat
  • 484/2222 Internet
  • 57/2222 Collectivités locales
  • 188/2222 Dédouanement électronique
  • 495/2222 Usages et comportements
  • 515/2222 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2222 Audiovisuel
  • 1344/2222 Transformation digitale
  • 191/2222 Affaire Global Voice
  • 75/2222 Géomatique/Géolocalisation
  • 146/2222 Service universel
  • 330/2222 Sentel/Tigo
  • 87/2222 Vie politique
  • 726/2222 Distinction/Nomination
  • 17/2222 Handicapés
  • 336/2222 Enseignement à distance
  • 318/2222 Contenus numériques
  • 292/2222 Gestion de l’ARTP
  • 89/2222 Radios communautaires
  • 798/2222 Qualité de service
  • 212/2222 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2222 SMSI
  • 223/2222 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1269/2222 Innovation/Entreprenariat
  • 651/2222 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2222 Internet des objets
  • 85/2222 Free Sénégal
  • 170/2222 Intelligence artificielle
  • 98/2222 Editorial
  • 8/2222 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous