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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2003 > Janvier > Metissacana : les illusions perdues de l’internet pour tous

Metissacana : les illusions perdues de l’internet pour tous

mercredi 15 janvier 2003

Télécentres/Cybercentres

Le premier cybercafé d’Afrique de l’Ouest a fermé ses portes. Retour sur une aventure chaotique qui a permis de sensibiliser à l’Internet les Sénagalais de Dakar comme ceux des villages mais qui a capoté pour cause de conflit avec Sonatel, operateur telecom en situation de monopole. .

Rue de Thiong à Dakar, le Metissacana est toujours ouvert et Achim, l’affable serveur, à son poste derrière le comptoir. Avec sa cour intérieur plantée d’arbres tropicaux, des photos de la styliste sénégalaise Oumou Sy accrochées un peu partout, l’endroit a gardé sa convivialité. Mais dans l’arrière-boutique, la salle des ordinateurs est vide. « Le cybercafé a fermé en mai 2002. Nous avons déménagé le serveur et les ordinateurs », rappelle Michel Mavros, ancien réalisateur de cinéma et créateur avec Oumou Sy de ce qui fut le premier cybercafé d’Afrique de l’Ouest.

L’histoire commence en juillet 1996. Le Sénégal vient tout juste d’être relié à Internet. C’est le second pays du continent, après l’Afrique du Sud, à bénéficier d’une connexion au réseau mondial. « Lorsque nous avons ouvert le cybercafé, personne n’y croyait. À quoi bon l’Internet dans un pays où l’analphabétisme est largement répandu ? » Michel Mavros contourne le problème en formant des animateurs chargés de faciliter l’accès au clavier des plus illettrés. L’affaire décolle et les projets affluent : moins d’un an après, Metissacana décide de devenir fournisseur d’accès à Internet. Son objectif : faire du Réseau un « média de masse » au Sénégal. Michel Mavros et Oumou Sy organisent des tournées dans les régions, font des démonstrations sur écran géant dans les villages. Les réactions sont enthousiastes. « Tout le monde avait déjà entendu parler d’Internet par un ami, un cousin. Même dans les villages les plus reculés, les gens étaient curieux et demandeurs ».

Pour attirer le plus grand nombre, Metissacana casse les prix de connexion. À l’époque, la Sonatel, opérateur historique des télécoms au Sénégal, facture à 30 000 francs CFA (45 euros) l’abonnement mensuel à Internet. Le Metissacana propose l’abonnement à 8000 CFA (12 euros). En mars 1999, le petit challenger est devenu le second fournisseur national, avec 1500 abonnés, dans un pays qui en compte 8000.

Le début de la gloire... et des difficultés : à l’époque, la bande passante du Sénégal n’est que de 2 Mégabits et le réseau de Metissacana sature. « Nous avions trop d’abonnés par rapport à la bande que nous octroyait la Sonatel ». Les internautes se découragent. En mars 2001, la ligne est coupée par la Sonatel du jour au lendemain. « En quinze jours de coupure, on a perdu 60% de nos abonnés » se souvient Michel Mavros. La Sonatel reproche à Metissacana de n’avoir pas réglé sa facture. Michel Mavros s’indigne : « La location de la ligne spécialisée coûte 1,5 millions de francs CFA. Un abonné à Metissacana génère 30 000 CFA de facture de téléphone, soit avec 1000 abonnés, 3 millions de CFA de chiffre d’affaires pour Sonatel, qui a refusé de nous accorder un délai de grâce ».

Pas découragés, les fondateurs de Metissacana enfourchent un nouveau cheval de bataille : la connectivité rurale. Avec Alcatel, ils mettent au point une solution pour couvrir l’ensemble du territoire. Au Sénégal, 13 500 villages sont privés de téléphone. « La couverture du réseau est globalement bonne, mais il manque le dernier bout de ligne en direction des villages, là où vit la majeure partie de la population ». Leur idée : une combinaison de réseaux Internet sans fil transitant par le satellite, les relais wireless et la boucle locale radio. Toute une gamme de technologies qui permettent de diffuser la bande passante partout, à un coût moindre que la construction d’un réseau téléphonique filaire.

« En installant un cybercafé dans chaque village, on avait calculé le point d’équilibre à 20 000 francs CFA de recette par village et par jour pour couvrir les frais d’installation du réseau ». Les idées ne manquent pas pour rentabiliser l’activité des cybercafés en développant les téléservices : suivi de santé par des auxiliaires médicales, alphabétisation grâce à des logiciels en langue locale, voire règlement à distance des formalités administratives.

Las, pour réaliser son projet, Metissacana a besoin d’une licence de l’État : elle est refusée, en raison du monopole de la Sonatel. « Notre solution n’intéressait pas Sonatel. Nous, on proposait d’amener le téléphone par l’Internet et non le contraire. Dans ce cas, le téléphone perd sa prédominance, il n’y a plus besoin de lignes... »

Pour Metissacana, qui comptait 50 salariés en période de prospérité, c’est la fin de l’aventure. L’encombrement de la ligne a causé le départ des abonnés et le projet de connectivité rurale se trouve bloqué. « On avait accumulé un gros volume de dettes, on ne pouvait plus suivre ». Le cybercafé et le fournisseur d’accès cessent leur activité en mai 2002. Michel Mavros et Oumou Sy ont pour l’instant abandonné le projet, en attendant la venue d’un éventuel partenaire financier. Mais ils considèrent l’aventure du Metissacana comme exemplaire : « Nous aurions pu contribuer à faire de l’Internet un outil de développement du pays. Le problème, ce n’est ni la misère ni le sous-développement, mais la présence d’une volonté politique. Plutôt que de voir en nous un partenaire, Sonatel s’est contentée d’asseoir sa position dominante et l’Etat a arbitré en sa faveur ».

Isabelle Renaud et André Mora

(Source : Novethic 15 janvier 2003)

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