Mauritanie, le régime impose un couvre feu numérique
mercredi 26 juin 2019
Le lendemain de l’élection largement fraudée du candidat du pouvoir, le général Ghazouani, les autorités de Nouakchott ont coupé les réseaux sociaux pour empêcher la contestation de s’étendre.
La France s’est empressé de saluer, le mardi 25 juin, « le bon déroulement de l’élection présidentielle », intervenue « dans un climat pacifique », et « félicité » Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du pouvoir élu dès le premier tour (1). Il est vrai que l’actuel ministre français des Affaires étrangères et ancien ministre de la Défense de François Hollande, Jean Yves Le Drian, n’a cessé depuis 2012 d’entretenir les meilleures relations avec le président sortant, Mohamed Oulld Abdel Aziz, salué comme le bon élève du G5 Sahel. Et cela malgré les petits arrangements connus de tous du président avec les groupes djihadistes. https://mondafrique.com/les-reseaux-troubles-du-pouvoir-mauritanien-au-nord-mali/
Sur place à Nouakchott, la situation est nettement moins brillante que ne le dit à Paris le Quai d’Orsay. Des centaines de manifestants ont manifesté dès le lendemain du vote. du 22 juin. Depuis, la mobilisation populaire n’a pas cessé. Dès dimanche, les autorités mauritaniennes ont coupé Internet pour tenter de limiter l’ampleur des manifestations. Leur hantise est qu’un scénario à l’algérienne commence à embraser le pays tout entier.
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Sauve qui peut !
La coupure d’internet est en revanche une mesure inédite en Mauritanie. Au pouvoir depuis 2008, le président sortant, Mohamed Ould Andel Aziz, a tenté, depuis le printemps arabe de 2011 de présenter une façade légaliste à ses partenaires internationaux. Même si le régime a persécuté ses opposants les plus déterminés, Aziz tolérait quelques sites d’information sans grands moyens, mais indépendants, dont les animateurs étaient régulièrement poursuivis. Le régime mauritanien, ces jours ci, ne prend plus de gants.
Interrogé par des journalistes sur ces coupures, le ministre de l’Intérieur a semblé ironiser. « Vous n’avez pas d’autres moyens qu’internet pour travailler ? » a-t-il répondu, le sourire aux lèvres.
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(Source : Mondafrique, 26 juin 2019)