Maroc Télécom et Inwi saisissent l’ANRT pour mutualiser leurs infrastructures
mardi 27 mai 2025
Longtemps rivaux sur le marché télécom marocain, les deux sociétés envisagent aujourd’hui une alliance autour du partage de leurs infrastructures. Ce rapprochement stratégique pourrait transformer durablement le paysage numérique du pays, à condition d’obtenir le feu vert du régulateur.
Au Maroc, les opérateurs Maroc Telecom et Inwi ont récemment notifié à l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) leur projet de partage d’infrastructures télécoms. Le régulateur devra évaluer ladite collaboration pour déterminer si elle ne présente pas de risques de déséquilibre concurrentiel sur le marché. Il a d’ailleurs lancé une consultation publique ouverte jusqu’au 30 mai pour recueillir les observations des acteurs du secteur.
Le projet proposé par Maroc Telecom et Inwi prévoit la création de deux nouvelles entités : FiberCo et TowerCo. La première sera chargée de développer de nouvelles infrastructures passives de fibre optique, afin de faciliter l’extension rapide du réseau FTTH (fibre optique jusqu’au domicile) sur l’ensemble du territoire. De son côté, TowerCo se concentrera sur la construction et la rénovation de pylônes télécoms, indispensables au déploiement de la 5G et à l’évolution des usages mobiles.
Cette initiative intervient dans un contexte de transformation numérique accélérée, marqué par une demande sans cesse croissante en connectivité à haut débit. Les infrastructures telles que la fibre optique et les tours télécoms jouent un rôle clé à cet effet.
Sur le marché de la téléphonie mobile, les deux opérateurs sont notamment en concurrence avec Orange Maroc. Si Maroc Telecom et Inwi ont prévu de donner l’accès aux infrastructures aux autres acteurs du marché, on ne sait pas encore dans quelle mesure. Les modalités d’accès ainsi que les coûts ne sont pas encore connus. Par ailleurs, Maroc Telecom a longtemps été critiqué pour ne pas donner l’accès à ses infrastructures fixes à ses concurrents, dont Inwi.
À l’issue de la consultation, le régulateur devrait se prononcer sur la faisabilité de cette initiative. Cependant, même s’il donne son feu vert, cela ne garantit pas l’aboutissement du processus. Par exemple, en Afrique du Sud, le Tribunal de la concurrence a bloqué le projet de fusion entre Vodacom et Maziv dans le domaine de la fibre optique, malgré l’approbation du régulateur des télécoms. Par ailleurs, aucun accord définitif n’a encore été signé entre Maroc Telecom et Inwi.
Melchior Koba
(Source : Agence Ecofin, 27 mai 2025)