Malawi : la campagne d’identification des abonnés télécoms commence en juillet
vendredi 16 mai 2025
L’adoption des services télécoms connaît une forte croissance en Afrique. Face à la montée des fraudes liées à l’utilisation des cartes SIM, de plus en plus de gouvernements prennent des mesures pour renforcer la sécurité des abonnements mobiles.
Les opérateurs télécoms malawites lanceront à partir de juillet prochain une campagne d’identification des abonnés à leurs services. L’Autorité de régulation des communications du Malawi (MACRA) a déclaré dans un communiqué publié le jeudi 15 mai que les règlements relatifs au processus sont à un stade avancé de développement.
La carte nationale d’identité constitue le seul document reconnu pour l’enregistrement des cartes SIM. Chaque individu ne pourra détenir plus de dix cartes SIM par opérateur mobile. Pour les entreprises, la limite est fixée à 30 cartes SIM par réseau, avec possibilité de révision en fonction des besoins. Les règlements prévoient également des cas particuliers, notamment pour les mineurs, dont les cartes SIM pourront être enregistrées par leurs parents ou tuteurs.
Selon le régulateur télécoms, cette campagne vise à assainir la base de données. Elle intervient dans un contexte de transformation numérique accélérée marquée par une adoption croissante des services de communications électroniques. Selon DataReportal, le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile est passé d’environ 8,6 millions début 2020 à 13,2 millions début 2025. Sur la même période, le nombre d’utilisateurs d’Internet est passé de 2,8 millions à 3,95 millions.
Cette adoption croissante s’accompagne toutefois d’une recrudescence des fraudes exploitant ces canaux de communication. D’après une enquête menée en 2023 par la MACRA, 85,5 % des Malawites ont reçu un appel frauduleux leur demandant de l’argent ou des informations bancaires. Environ 33,4 % ont été victimes de vols d’identité et 18,2 % ont reçu un e-mail frauduleux. Enfin, 12 % ont été touchés par le « SIM swapping », une fraude où le fraudeur fait transférer le numéro de téléphone de la victime à son insu sur une autre carte SIM pour recevoir ses appels, ses SMS et ses codes de sécurité.
En prélude à l’exercice, la MACRA mène des consultations avec les parties prenantes, notamment les leaders communautaires et religieux, afin de sensibiliser le public sur ces règlements avant leur entrée en vigueur. Toutefois, le régulateur télécoms n’a pas donné de précision sur la durée de la campagne d’enregistrement des cartes SIM. Dans les pays africains comme le Nigeria, le Ghana ou le Bénin, où une initiative similaire a été mise en œuvre, les cartes SIM qui n’étaient pas en règle ont été bloquées par les autorités.
Par ailleurs, le Malawi pourrait être confronté à des obstacles similaires à ceux rencontrés dans des pays comme le Nigeria, le Ghana ou la Namibie, où le processus d’identification des abonnés a connu des lenteurs. Parmi les principales difficultés figurent la réticence de certaines autorités locales à autoriser l’installation de centres d’enregistrement, les coupures de courant fréquentes dans les zones reculées qui perturbent les opérations automatisées, le désintérêt ou la résistance de certains abonnés, la transmission d’informations erronées, ainsi que l’absence de pièces d’identité ou de justificatifs de domicile chez de nombreux usagers.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 16 mai 2025)