Liberia : le Sénat enquête sur l’actionnariat local de Lonestar Cell
samedi 31 mai 2025
Le Sénat libérien s’interroge sur la réelle implication des acteurs locaux dans le capital de Lonestar Cell MTN Mobile Money. Une première audition a mis en lumière un manque de transparence, renforçant les interrogations autour de la gestion de l’opérateur.
Au Libéria, le Sénat a ouvert une enquête sur la gestion de MTN Mobile Money, le service de paiement mobile de Lonestar Cell MTN. Les autorités veulent s’assurer que la participation locale de 20% exigée par la loi est bien détenue par des Libériens. Cette démarche fait suite à une déclaration du président Joseph Boakai, qui a rappelé que cette part devait obligatoirement appartenir au gouvernement ou à des citoyens, conformément à la réglementation en vigueur.
Lors d’une audition tenue le mercredi 28 mai par la Commission des Postes et Télécommunications, la Banque centrale du Libéria (CBL), l’Autorité des télécommunications (LTA) et la direction de MTN Mobile Money ont été convoquées pour faire la lumière sur ce dossier. Henry Saamoi, le gouverneur de la CBL, a admis que cette exigence réglementaire n’était pas encore remplie, précisant que son institution n’avait pas validé la structure actuelle de l’actionnariat.
Par ailleurs, Abdullah Kamara, président intérimaire de la LTA, a indiqué que ni MTN Mobile Money ni Orange Money son principal concurrent, ne respectent totalement les procédures d’enregistrement et d’autorisation. Il a notamment souligné que les numéros GSM et codes courts utilisés par MTN appartiennent à l’État libérien et sont exploités sans licence formelle.
Ce n’est pas la première fois que ces deux opérateurs majeurs qui dominent le marché libérien face à l’opérateur historique LTC Mobile, sont dans le viseur des autorités. En juin dernier, la LTA leur a infligé une amende individuelle de 300 000 USD pour non-respect de la réglementation, notamment pour avoir abandonné unilatéralement les offres liées au prix plancher instauré en 2019, ce qui a créé un déséquilibre sur le marché.
Un rapport préliminaire issu de cette enquête sera présenté prochainement au Sénat, tandis que de nouvelles auditions sont prévues pour déterminer si des manquements ont conduit à l’éviction des actionnaires locaux d’un secteur stratégique en forte croissance.
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans la régulation du mobile money au Libéria, en révélant les failles en matière de supervision et de transparence. Les conclusions pourraient renforcer les contrôles sur la structure des entreprises, et influencer l’octroi ou le renouvellement des licences d’exploitation.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 31 mai 2025)