L’ICANN s’est émancipée des Etats-Unis le 1er octobre, date d’expiration de son contrat avec le Department of Commerce. Et, malgré les craintes des Républicains américains, Internet n’a pas (encore) explosé.
Non, la Chine n’a pas fait imploser Internet… L’Iran n’a pas mis la main sur le .porn… Pourtant, le 1er octobre, le contrat liant l’ICANN aux Etats-Unis a expiré. Et rien n’a changé pour les internautes. Le processus d’émancipation date officiellement de 1998, mais il a fallu attendre 2014 pour que ce changement soit réellement mis sur les rails.
Il faut dire que les révélations d’Edward Snowden ainsi que les tensions autour du .vin ont accéléré les réflexions et rendu la position américaine de plus en plus intenable sur la scène internationale. S’en suivirent deux années de dur labeur, de débats infructueux et de réformes. Ce n’est que très récemment que le Department of Commerce a accepté la fin du contrat attribuant l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) à l’ICANN.
Le changement c’est maintenant
Jusqu’au bout, certains aux Etats-Unis se sont opposés à la transition. Le parti républicain y voit un abandon de souveraineté et, en conséquence, un abandon du Net aux dangereux ennemis de la nation (Russie, Iran, Chine…). Les procureurs d’Arizona, du Nevada, d’Oklahoma et du Texas ont quant à eux déposé un recours, qui aurait pu repousser d’un an la fin du contrat. Recours rejeté le 30 septembre. Et pourtant, le plus dur reste à faire.
L’ICANN doit en effet mettre en place son nouveau modèle de fonctionnement. Lequel se veut multipartite, impliquant de très nombreux acteurs au processus de décisions. Le conseil d’administration pourra voir ses choix soumis à veto tandis que le GAC (comité consultatif gouvernemental), quoique plus important au sein de l’organisation, doit désormais faire voter ses décisions à l’unanimité des États qui le compose. A cela s’ajoute la communauté, dont le rôle est encore à définir.
Guillaume Périssat
(Source : L’Informaticien,3 octobre 2016)