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Accueil > Ressources > Points de vue > 2025 > Lettre ouverte aux responsables politiques sénégalais Après la mort du jeune (…)

Lettre ouverte aux responsables politiques sénégalais Après la mort du jeune Baba Abdoulaye Diop en France

mercredi 17 décembre 2025

Point de vue

La mort de Baba Abdoulaye Diop n’est pas un fait divers. Elle est un point de bascule que nous redoutions, hier lors des discussions de la journée organisée par AfricaJomCenter d’Alioune Tine. Le Sénégal n’est plus à la croiséedu chemin, il vient de basculer. Ce drame est le prolongement direct de ce que nous avons laissé s’installer au Sénégal depuis plusieurs années. Elle est, surtout, la conséquence d’un climat que vous, acteurs politiques, avezcontribué à fabriquer.

Un jeune Sénégalais est mort sous les coups d’un autre Sénégalais. Non pour un vol. Non pour une querelle intime. Mais parce qu’il était accusé d’être « l’autre ». Parce qu’il était soupçonné d’être guinéen. Parce qu’il incarnait, aux yeux de son bourreau, une identité à combattre. Ce glissement-là est vertigineux. Il marque un basculement moral que nous ne pouvons plus ignorer.

Que ce drame ait pris naissance lors d’un live TikTok n’est pas anodin. Il dit tout de notre époque. Je l’ai martelé hierlors de mon intervention à la rencontre d’AfricaJom Center, je l’ai détaillé, samedi dernier lors du Gala des medias d’EJICOM, si rien n’est fait, les discours haineux rendusviraux par la polarisation algorithmique, vont tuer notresociété. Oui, le meurtre de Baba Abdoulaye Diop illustrecomment la parole politique, relayée, amplifiée et radicalisée par les algorithmes, a pénétré l’intimité des jeunes jusqu’à structurer leurs colères, leurs peurs et leurs haines. Ce jour-là, ce n’est pas seulement un écran qui était allumé. C’est une idéologie du rejet qui était en action.

Depuis des années, certains discours ciblent, désignent, stigmatisent. Des communautés entières sont pointées du doigt, soupçonnées, déshumanisées. La communauté guinéenne en a fait les frais, sous couvert de nationalisme, d’authenticité ou de défense identitaire. Vous savez ce que produisent ces mots répétés, martelés, normalisés. Ils ne restent jamais symboliques. Ils finissent toujours par s’incarner. Hier, un jeune se disant “nationaliste” est passé à l’acte.

Depuis les événements tragiques de 2021 à 2024, le Sénégal a changé. Pas seulement politiquement. Anthropologiquement. Le ton s’est durci. La violence verbale s’est banalisée. L’insulte est devenue argument. La menace est devenue stratégie. La radicalité est devenue vertu. Et dans ce glissement, vous avez trop souvent regardé ailleurs, parfois applaudi, parfois encouragé, parfois instrumentalisé.

Certains acteurs politiques ont compris comment fonctionnent les algorithmes. Vous avez compris que la colère mobilise plus que la raison, que l’ennemi rassemble plus que le débat, que la peur fidélise plus que la nuance. Vous avez fait de cette mécanique un outil politique. Mais ce que vous appelez mobilisation est en train de devenir désagrégation sociale.

Baba Abdoulaye Diop est mort, mais derrière son nom, c’est une génération qui vacille. Une jeunesse surexposée, sous-éduquée aux médias, livrée à des plateformes qui ne connaissent ni le Sénégal, ni son histoire, ni sa fragilité sociale. Une jeunesse à qui l’on a appris à haïr avant de lui apprendre à comprendre.

Le Sénégal que nous avons connu, admiré, respecté, ce pays de dialogue, de tolérance, de vivre-ensemble, est en train de perdre son visage. Ce capital moral, patiemment construit, est dilapidé dans le tumulte des discours irresponsables. Et lorsqu’un pays perd sa boussole morale, la violence cesse d’être une exception. Elle devient une option.

Ne vous trompez pas : la violence verbale précède toujours la violence physique. Chaque mot prononcé sans responsabilité est une pierre ajoutée à l’édifice de la brutalité. Chaque silence complice est une autorisation tacite. Le meurtre de Baba Abdoulaye Diop n’est pas une rupture. C’est une conséquence logique.

Vous avez aujourd’hui une responsabilité historique. Celle de rompre avec la politique de la tension permanente. Celle de refuser la normalisation de la haine. Celle de comprendre que la communication n’est pas un jeu, et que les mots, surtout dans un pays jeune et connecté, peuventtuer. De grace, arretez la rethorique de la haine !

Cette lettre n’est pas un réquisitoire partisan. C’est juste un appel à la lucidité. à la retenue, à la responsabilité. Le Sénégal ne peut pas se permettre de devenir un pays où l’on meurt pour une opinion politique, une origine supposée ou une identité fantasmée.

La mort de Baba Abdoulaye Diop nous oblige tous. Mais elle vous oblige d’abord, vous qui façonnez le discours public. Si vous continuez à souffler sur les braises, ne feignez pas la surprise lorsque le feu se propagera.

Le Sénégal vaut mieux que cela.
Notre jeunesse mérite mieux que cela.
Et l’histoire jugera sévèrement ceux qui auront préféré la colère au courage.

Adama Sow

(Source : Dakar Actu, 17 décembre 2025)

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