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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2014 > Juin 2014 > Les satellites Google vus d’Afrique : « L’appétit vient en mangeant »

Les satellites Google vus d’Afrique : « L’appétit vient en mangeant »

samedi 14 juin 2014

Infrastructures

Google a chargé sa filière satellite O3b Networks Ltd. (« the other 3 billion », les autres 3 milliards, ceux qui ne sont pas encore connectés) de couvrir les zones vierges d’Internet, selon le Wall Street Journal.

Un rapport des Nations unies estime en effet que plus de la moitié de la population n’a pas accès à une connexion internet.

Le projet : envoyer 180 satellites de basse altitude pour diffuser la « sacro-sainte connexion », indispensable à l’expansion de l’entreprise à l’ensemble de la planète. Une ambition qui rappelle très sensiblement l’annonce en grande pompe par Facebook de son projet Internet.org. Mircosoft avec son projetTeledesic et Motorola avec Iridium, s’étaient tous deux cassé les dents sur un projet similaire au début des années 2000.

Cette fois, Google semble se donner les moyens de son ambition avec le rachat de deux entreprises de satellites, Titan Aerospace et SkyBox, ainsi que l’expérimentation, depuis l’année dernière, de ses ballons satellites Loon.

L’Afrique, cible privilégiée

Basile Niane, blogueur sénégalais à Seneweb.com et Bacely Yorobi, dirigeant d’une start-up de social media et représentant de Mozilla en Côte-d’Ivoire, expriment ici leur point de vue sur le projet et sur le développement d’Internet dans leurs pays.

Basile Niane est engagé depuis plusieurs années dans le développement d’Internet :

« Je suis plutôt optimiste pour ce projet gigantesque de Google. J’ai toujours été pour une connectivité du monde avec l’aide des multinationales comme le géant américain. »

Le défi est de taille, car la situation africaine en terme de connexion évolue très rapidement et différemment que sur d’autres continents.

Bacely Yorobi dépeint la situation en Côte-d’Ivoire.

« Avant 2009, le taux de pénétration d’Internet était de 4% environ alors qu’il est actuellement de 10% à 11%. Aujourd’hui, il y une véritable émulation dans le secteur technologique. Et ce, grâce aux opérateurs notamment. Ce ne sont pas des FAI [fournisseurs d’accès à Internet, ndlr] mais ils permettent une certaine forme de démocratisation d’Internet via les connexion 3G ou 4G. Orange est encore une fois l’opérateur le plus important du pays, et les autres restent plus minoritaires.

Il y a une petite élite de personnes très connectées car Internet reste cher, surtout comparé au salaire minimum national. La webosphère ivoirienne, ce n’est pas plus de 100 personnes à Abidjan.

On assiste à un développement à “double-vitesse”. Le pays est en concurrence avec le Sénégal par exemple, un pays très en avance. »

Sur ce dernier point, Basile Niane confirme l’amélioration de la situation :

« Le Sénégal est bien placé au niveau connexion mais la situation reste contrastée avec des problèmes de connexion dans certaines régions. Malgré les critiques qui sont nombreuses, les opérateurs font un travail remarquable, notamment sur le développement de la 3G. »

Dans cette situation, différentes stratégies s’offrent à Google pour s’imposer dans le déploiement des connexions.

1 Fournisseur d’accès Internet universel ?

Pour Bacely Yorobi, blogueur d’Abidjan,

« Il y a une réelle attente car Google est pour l’instant la seule entreprise qui s’intéresse à la démocratisation de l’accès internet et qui incite nos dirigeants à favoriser la réduction de la fracture numérique. »

L’accès internet en Afrique passe très peu par l’ADSL. De par son coût prohibitif et les structures inadaptées, la connexion filaire a été ignorée à la fois par les populations et les opérateurs.

« Il existe beaucoup trop de soucis relatifs aux infrastructures dans le pays, ne permettant pas d’avoir une qualité de service optimale, même sur la 3G. Le pays fait face à “un problème de politique d’infrastructure”. »

En Afrique, le relais essentiel d’Internet est le mobile. Le prix est un argument essentiel puisque pour 25 000 francs CFA (38 euros), il est possible d’acquérir un smartphone à Dakar. Pour Bacely Yorobi, l’explication est aussi sociologique :

« La société africaine n’est pas une société de l’écrit. L’oralité occupe une place essentielle. Les Africains ont adopté le mobile car ils sont habitués à l’oralité. Il existe plus de mobiles que de personnes sur le territoire ivoirien. »

Que ce soit sur smartphone ou sur tablette, la culture du mobile constitue « l’axe central ».

Les opérateurs auraient bien compris ce ressort essentiel de la société africaine. « Les gens ne peuvent pas passer 24 heures sans appeler cinq à dix fois » et cette situation est apparemment répandue. Mais les smartphones offrant des applications comme WhatsApp ou Viber pour appeler facilement, les entreprises de télécoms ont préféré se transformer en FAI.

Le projet de Google semble donc correspondre à la logique répandue sur le continent. Son ambition est de fournir Internet via une connexion sans fil, dépassant le problème des infrastructures et s’appuyant sur l’importance du mobile dans des pays comme la Côte-d’Ivoire.

Pour connecter cette population, Google pourrait donc bien court-circuiter les fournisseurs d’accès. Ces derniers sont souvent nationaux, et leur efficacité est loin d’être toujours optimale. MTN RwandaCell, FAI le plus efficace d’Afrique en terme de vitesse de connexion, permet au Rwanda de se placer seulement au69e rang mondial.

2 Grossiste pour opérateurs locaux ?

LES TÉLÉCOMS DANS L’ÉCONOMIE AFRICAINE

Les télécoms représentent une part non négligeable du PIB de plusieurs pays. Comme au Nigériaoù ils occupent 9% de l’activité économique selon le nouveau calcul en 2014. Sur l’ensemble du continent africain, ce marché s’élève à 60 milliards de dollars, avec des recettes représentant 5% du PIB en moyenne selon le rapport de l’Institut français des relations internationales (Ifri) en 2010.
La stratégie de Google est encore floue, mais l’entreprise a compris la difficulté de se passer des télécoms locaux. Elle a privilégié la location de ses services lors de ces dernières expérimentations, avec les ballons Loon.

Ces ballons fournissent, depuis 20 000 m d’altitude, une connexion équivalente à la 3G à de multiples zones blanches. Cela facilite la coopération avec les entreprises de télécoms nationales.

Basile Niane rappelle la situation des fournisseurs d’accès au Sénégal :

« Il y a trois opérateurs, qui ont une place prépondérante dans le paysage sénégalais : Orange, Tigo, et Expresso. Orange est l’opérateur historique, il bénéficiait d’un quasi-monopole mais recule grâce à la sortie de la 3G chez les deux autres opérateurs qui offrent des solutions moins chères.

Je suis pour une complémentarité : voir ce que les opérateurs locaux peuvent apporter et le mixer avec les propositions qui seront faites par Google tout en n’oubliant pas les consommateurs. »

La faible qualité des services actuels rend le projet de Google particulièrement attractif. Mais aucun citoyen n’est réellement bluffé par l’apparente solidarité de Google dans cette nouvelle production du centre Google X Lab.

Certains sont presque cyniques quant aux véritables intentions commerciales de l’entreprise de Moutain View. Pour Bacely Yorobi, l’avenir est déjà tout tracé :

« Dans les dix prochaines années, Google sera un grossiste qui va revendre de la bande passante aux opérateurs. Mais comme l’appétit vient en mangeant, progressivement Google va devenir un opérateur soit en rachetant un opérateur, soit en investissant dans ce domaine. »

Les investissements sont pointés par les deux interlocuteurs africains comme un domaine trop peu élaboré. Basile Niane préconise une mesure essentielle : « Les opérateurs doivent investir ! » Alors que les télécoms représentent environ 10% du PIB, les opérateurs devraient aider l’Etat à faire son travail de développement des infrastructures.

La contrepartie des données

Google peut donc fournir les services qui permettraient aux opérateurs d’injecter des fonds plus importants dans le développement d’infrastructures. Basile Niane complète ces préoccupations concernant les contreparties que devront fournir les utilisateurs pour cette offre en apparence généreuse :

« L’autre problème aussi réside sur nos données. Où seront-elles ? Qui y aura accès ? Seront-elles vendues au détriment des consommateurs comme cela se fait déjà ? La sécurité information, le piratage ? Qui protègera les consommateurs ? »

« Il ne faut pas avoir peur de Google », dit Bacely Yorobi. Même en termes de données et de neutralité du Web, les informations que Google récupère sur chaque utilisateur ne semblent pas le perturber plus que ça. Il avance :

« Selon la condition d’utilisation de Google, on leur donne le droit d’utilisation des données en profitant de leur service. »

Cela constitue une contrepartie.

3 Neutralité de la connexion ?

LA NEUTRALITÉ DU WEB, ENJEU POLITIQUE

Le 15 mai 2014, l’autorité des télécoms aux Etats-Unis, a remis en cause le principe fondateur d’Internet : la neutralité du net. Plus de 150 start-up de la Silicon Valley ont rédigé une lettre ouverte afin de défendre ce concept structurant dans la sphère numérique. Mais Google Fiber, semble compromettrece combat des entreprises de nouvelles technologies.
En 2009, les révoltes en Iran ont constitué une preuve éclatante des implications diplomatiques de la connexion Internet. Twitter, relai de communication privilégié par les manifestants, devait assurer une mise à jour de maintenance. Dans un article du New Yorker, Ryan Lizza raconte comment un jeune stagiaire de la Maison-Blanche a joint Twitter afin qu’ils repoussent la mise à jour pour ne pas entraver les échanges. Cette décision a lancé une véritable polémique secouant le Bureau Ovale.

Existera-t-il une fracture entre les citoyens souscrivant à son offre et ceux qui préféreraient maintenir leur abonnement à un opérateur national uniquement ? Les enjeux dépassent la sphère web, avec des considérations économiques et politiques.

Sur cette question, Basile Niane est relativement inquiet, craignant des pressions politiques sur les pays d’Afrique et leurs citoyens :

« C’est bien d’interconnecter les pays, mais ayons un regard approfondi des conséquences sur les populations. L’Afrique ne doit plus accepter d’etre dirigée dans tous les sens. »

Quand on lui parle du risque de coupure d’Internet si la connexion devient dépendante d’intérêts politiques ou diplomatiques, il nuance :

« On n’en est pas à ce stade là [...] la démocratie existe. »

La communication autour de ce type de projet est pointée comme un problème central. Les populations sont rarement informées. Avant 2011 et le changement de gouvernement ivoirien (gouvernement de Guillaume Soro), les « promotions des TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr] » étaient menées via plusieurs actions symboliques comme « la fête de l’Internet » notamment.

Mais depuis, « plus rien » selon Bacely Yorobi :

« Les gens font du bon travail, mais le problème, c’est la communication. »

Certaines grandes entreprises ont déjà réussi leur insertion sur le marché africain. C’est le cas de Microsoft qui bénéficie de bureaux dans quatorze pays africains, représentant environ 10 000 partenaires sur le continent.

Le potentiel de croissance de l’Afrique dans les nouvelles technologies est exceptionnel et les entreprises de nouvelles technologies n’ont pas tardé à le comprendre. Et ce n’est pas dans les habitudes de Google que de passer à côté d’un nouveau marché.

(Source : Rue89, 14 juin 2014)

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