Les Réseaux Sociaux : Le seul véritable contre-pouvoir au Sénégal
vendredi 16 août 2019
« Je vais à la Dic en bonne santé, le monde est averti »
écrivait Adama Gaye sur sa page Facebook le 29 juillet à 5 h
39 minutes du matin avant d’être embarqué par les
éléments de la Division des Investigations Criminelles.
« N’eut été les réseaux sociaux, les éléments de la Dic m’auraient
arrêté » nous apprend Clédor Séne qui avait reçu la visite des
désormais redoutables policiers le 10 Août dernier, mais qui étaient
repartis après avoir appris que leur descente était suivie en direct sur le
net.
« Nous avons constaté depuis ce matin, la diffusion à travers les
réseaux sociaux et les sites d’information en Ligne une vidéo illustrant
un malheureux incident entre un fonctionnaire de police en service au
commissariat des Parcelles Assainies et un docteur de la pharmacie
Fadilou Mbacké sise à la Patte d’oie. (…) D’ors et déjà la Police
Nationale tient à informer que l’autorité a pris toutes les mesures
disciplinaires attendues dans de pareilles circonstances
malheureuses. »
Ceci est un extrait du communiqué de la direction générale de la Police
Nationale quelques heures seulement après l’éclatement de l’ Affaire
Sangaré et son relèvement de ses fonctions de Commissaire.
Une promptitude dans la sanction inhabituelle de la part de la Police
Sénégalaise.
En effet, des éléments des forces de l’ordre ont fait pire que le
Commissaire Sangaré sans susciter une telle réactivité de la hiérarchie.
Si Sangaré a été relevé si rapidement de ses fonctions, ce n’est point
par esprit de justice, d’équité ou d’exemplarité, mais à cause de
l’extrême indignation qui a enflammé les réseaux sociaux.
D’ailleurs dés le soir Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Santé s’est
empressé de rendre visite au docteur Cheikhouna Gaye à la pharmacie
Fadilou Mbacké pour apaiser la tension.
Plus qu’ailleurs, les réseaux sociaux sont ainsi devenus le seul
véritable contre-pouvoir au Sénégal, les traditionnels garde-fous
ayant tous échoué :
1 – Les partis d’opposition sont plus intéressés par leur propre survie
que la défense des citoyens.
2 – Les députés défendent les intérêts de celui qui a validé leurs
noms sur les listes lors des élections plutôt que ceux au nom de qui
ils sont censés siéger à l’assemblée nationale : Le peuple.
3 – Les cadres de la société civile sont happés par le pouvoir ou sont
complètement inaudibles. Seydi Gassama et Alioune Tine sont devenus
tellement transparents que c’est à peine si on les remarque. L’usure du
temps et l’absence de combativité ont fini de faire leurs effets.
4 – Les marabouts préfèrent se gaver au festin pantagruélique de la
république plutôt que de porter la voie du peuple famélique qui se
meurt à petit feu d’inanition à quelques encablures de l’ Agape.
Et c’est tout gagné pour le citoyen :
- Les réseaux sociaux sont insensibles à la corruption et aux postes de ministre-conseillers.
- On ne peut les mettre en prison pour offense au chef de l’état.
- Ils permettent aux citoyens de défendre eux-mêmes leurs droits plutôt que de déléguer des tiers dont ils ne sont jamaissûrs des réelles intentions.
Sérigne Mbacké Ndiaye
(Source : Nouvel Horizon, 16 août 2019)