Les leçons à tirer de la faute d’orthographe de Macky Sall
samedi 13 janvier 2018
Nul n’est infaillible, fut-il président de la République ! Dans son tweet lancé le 12 janvier 2018, à 15h 17mn, Macky Sall, qui condamnait à juste titre les propos injurieux du président américain, Donald Trump, contre l’Afrique et Haïti, a écrit que « l’Afrique et la race noire mérite le respect et la considération de tous. »
L’oubli des lettres n et t, qui devaient accorder le verbe mériter, a affolé la toile, suscité commentaires, railleries voire indignations.
Il est vrai que cette coquille est malvenue dans un tweet re-tweeté 5 627 fois (à 16h 52 ce samedi 13 janvier), et qui a donc fait le tour du monde en quelques heures. D’autant que cette prise de position forte d’un chef d’Etat africain contre son homologue américain est, par la rareté des précédents, un moment de communication fort pour Macky Sall.
Ce dernier n’est toutefois pas fautif. On ne saurait demander à un chef d’Etat d’être expert en orthographe. Il y’a des personnes payées par l’Etat du Sénégal pour l’être. La charge de président de la République, personnalité centrale sur laquelle tous les gros acteurs et grands enjeux agissent, dédouane son titulaire de la gestion du détail. Ce tweet est révélateur de l’incompétence de la cellule de communication de la présidence. Laquelle devait mettre en place une procédure de nature à valider tous les tweets du président avant leur diffusion. Celui-ci a beaucoup trop à faire pour s’occuper d’une correction en français.
La faute d’orthographe est d’autant plus grave qu’elle intervient après d’autres impairs… Notamment ce compte-rendu du conseil des ministres dans lequel une quinzaine de fautes avaient été dénichées.
Sous Macky Sall, c’est un euphémisme de dire que la communication présidentielle laisse à désirer. Le portail de la présidence est d’un niveau ordinaire. Les discours du président de la République sont des compilations d’adverbes et de formules redondantes. Il n’y a, dans le verbe présidentiel, ni esprit, ni humour, ni culture générale, ni trait de style… Les allocutions du chef de l’Etat dégagent de lui le profil d’une armoire à glace qui n’exprime nulle émotion et aucune forme d’humanité. Or, le lyrisme, le cœur, la fantaisie, les effets de style… font le sel du verbe.
En un mot comme en mille, la coquille sur ce tweet est le signe brutal d’une faiblesse de communication et d’un déficit de stratégie d’image caractéristiques de l’ère de la deuxième alternance. Des lacunes d’autant plus à corriger que Macky Sall est le premier produit qui brande la marque Sénégal. Tout impair sur sa com rejaillit négativement sur l’image de notre pays.
Cheikh Yérim Seck
(Source : YérimPost, 13 janvier 2018)