OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2003 > Janvier > Les guérisseurs envoûtés par le Net

Les guérisseurs envoûtés par le Net

mercredi 15 janvier 2003

Formation

Au Sénégal, l’ONG panafricaine Enda soutient un projet de connectivité rurale original. Il s’agit d’initier les guérisseurs traditionnels à l’informatique, pour leur permettre de moderniser leur profession. Ou comment mettre l’Internet au service de la mondialisation des mèdecines traditionnelles.

Ils sont venus de Thiès, Tambacouda, Louga, Kolda, de toutes les régions du Sénégal. Certains ont mis plus d’une journée pour rallier Dakar. Et ce matin, ils sont tous au rendez-vous. Douze guérisseurs traditionnels réunis en silence dans une petite salle ombreuse du centre culturel Blaise Senghor, à Dakar. Certains sont âgés, portent d’amples boubous et des calottes blanches. D’autres, jeunes et vêtus à l’occidentale, ont l’air d’étudiants. La climatisation ronronne, les rideaux sont tirés. Le long des murs vert d’eau, les six ordinateurs sont allumés. La formation commence.

« Cliquez sur le menu Insertion. Regardez : vous pouvez placer le numéro de page en haut, en bas, à l’intérieur ou à l’extérieur de la page » explique d’une voix lente Ousmane Diouf, le formateur. La jeune Khady Ndihye, élégante dans son ensemble en pagne, traduit aussitôt la consigne en wolof. Les 12 participants ont le regard braqué sur le mur, où tremblotte l’image d’un écran diffusée par vidéo projecteur. La concentration est telle que l’on entendrait voler une mouche. Et pour cause : ces « élèves » pas comme les autres relèvent aujourd’hui un défi de taille. S’ils sont venus des quatre coins du Sénégal, c’est pour doter leur profession des outils de communication les plus modernes.

« Jusqu’à présent, les médecins traditionnels Sénégalais n’ont jamais formalisé leurs connaissances, affirme Abdulaye Ndir, »tradipraticien« de la région de Thiès venu à Dalar suivre la formation. Notre savoir se transmet oralement, dans un cercle restreint. Moi-même, j’ai appris ce métier de mon père. Chaque région, chaque guérisseur a mis au point ses propres remèdes, sans connaître ceux du voisin. Imaginez un peu le progrès que représenterait une mise en commun de nos connaissances : un guérisseur de Thiès pourrait échanger ses remèdes avec un guérisseur de Saint-Louis, ou de Casamance. Nous pourrions communiquer avec des tradipraticiens d’autres pays. Nous envoyer mutuellement des herbes en cas de pénurie. Pour cela, l’outil informatique nous est indispensable ».

Comme Abdulaye Ndir, nombre de tradipraticiens présents ce jour-là sont des lettrés, ayant fait des études secondaires et parlant couramment le français. Désormais réunis au sein de l’AMPHOT (association des médico-droguistes, phytothérapeuthes, herboristes, opothérapeuthes traditionnels du Sénégal), ils sont l’élite de la profession, et ne s’effrayent pas de la concurrence de la médecine moderne. « Au contraire, nous voulons dialoguer avec la médecine occidentale pour le bénéfice des populations, affirme Abdulaye Ndao, tradipraticien en chef et secrétaire général de l’AMPHOT. Il existe des maladies que nous ne savons pas soigner, et pour lesquelles nous avons besoin d’eux. En revanche, nous pouvons leur apporter d’autres connaissances. En matière notamment de phytothérapie, car ils connaissent mal les vertus des plantes ».

C’est Abdulaye Ndao qui a lancé le mouvement. Ce guérisseur spécialisé en gynécologie et pédiatrie, plein d’une énergie souriante, a lui-même parcouru le Sénégal ville après ville pour rencontrer, un à un, douze tradipraticiens sénégalais réputés, à leur domicile. Il les a convaincus de s’allier pour moderniser ensemble la profession. Il travaille déjà à l’élaboration d’une base de données d’herbes médicinales : elle recensera les plantes connues (avec leurs différents noms selon les dialectes) et les herbes en voie de disparition. Côté logistique, c’est l’ONG panafricaine Enda Tiers-Monde qui a assuré le déplacement des voyageurs, fourni les enseignants et financé la formation. Enda a aussi promis d’équiper chaque antenne de l’AMPHOT d’un ordinateur connecté au Net, dans les principales régions du Sénégal. Une fois revenus chez eux, les 12 tradipraticiens serviront de relais locaux pour initier à l’outil informatique les autres membres de l’association.

Aujourd’hui, au sixième jour de la session, les doigts hésitent encore, à l’approche du clavier. « Je manipule un ordinateur pour la première fois, reconnaît Madamine Sané, tradipraticien sexagénéraire venu de Kolda. A mon âge, ce n’est pas évident. Mais je suis venu quand même, pour la cause. Et pour donner l’exemple aux jeunes... » Les plus jeunes, en effet, semblent s’en sortir brillamment : « Ca m’intéresse beaucoup, et je sens que je vais vite me sentir à l’aise, affirme Samba Ditsamaro Diao, élève en classe de terminale à Kolda et futur tradipraticien formé par son oncle. C’est comme l’apprentissage du français, une simple question de gymnastique intellectuelle ».

La formation durera trente jours, répartie en trois sessions de dix jours. Pour les membres de l’Amphot, il s’agit de poser la première pierre à la création d’un réseau international de tradipraticiens. Une forme de mondialisation inattendue et nouvelle qui, si elle aboutissait, pourrait avoir des effets réels sur les populations africaines. Car au Sénégal, comme dans la plupart des pays du continent, l’accès à la médecine « moderne » reste l’apanage d’une minorité. Plus de 70% de la population confie sa santé aux mains de ces médecins-herboristes traditionnels, très ancrés localement et dont les tarifs sont moisn prohibitifs.

Isabelle Renaud

(Source : Novethic 15 janvier 2003)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4108/4423 Régulation des télécoms
  • 346/4423 Télécentres/Cybercentres
  • 3061/4423 Economie numérique
  • 1614/4423 Politique nationale
  • 4423/4423 Fintech
  • 500/4423 Noms de domaine
  • 1624/4423 Produits et services
  • 1384/4423 Faits divers/Contentieux
  • 720/4423 Nouveau site web
  • 4358/4423 Infrastructures
  • 1613/4423 TIC pour l’éducation
  • 181/4423 Recherche
  • 244/4423 Projet
  • 2870/4423 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1712/4423 Sonatel/Orange
  • 1544/4423 Licences de télécommunications
  • 265/4423 Sudatel/Expresso
  • 923/4423 Régulation des médias
  • 1206/4423 Applications
  • 990/4423 Mouvements sociaux
  • 1510/4423 Données personnelles
  • 120/4423 Big Data/Données ouvertes
  • 590/4423 Mouvement consumériste
  • 358/4423 Médias
  • 642/4423 Appels internationaux entrants
  • 1472/4423 Formation
  • 90/4423 Logiciel libre
  • 1675/4423 Politiques africaines
  • 812/4423 Fiscalité
  • 166/4423 Art et culture
  • 575/4423 Genre
  • 1379/4423 Point de vue
  • 958/4423 Commerce électronique
  • 1467/4423 Manifestation
  • 312/4423 Presse en ligne
  • 124/4423 Piratage
  • 204/4423 Téléservices
  • 833/4423 Biométrie/Identité numérique
  • 299/4423 Environnement/Santé
  • 310/4423 Législation/Réglementation
  • 334/4423 Gouvernance
  • 1709/4423 Portrait/Entretien
  • 144/4423 Radio
  • 673/4423 TIC pour la santé
  • 264/4423 Propriété intellectuelle
  • 58/4423 Langues/Localisation
  • 999/4423 Médias/Réseaux sociaux
  • 1834/4423 Téléphonie
  • 190/4423 Désengagement de l’Etat
  • 973/4423 Internet
  • 114/4423 Collectivités locales
  • 378/4423 Dédouanement électronique
  • 993/4423 Usages et comportements
  • 1022/4423 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 552/4423 Audiovisuel
  • 2690/4423 Transformation digitale
  • 382/4423 Affaire Global Voice
  • 151/4423 Géomatique/Géolocalisation
  • 288/4423 Service universel
  • 660/4423 Sentel/Tigo
  • 174/4423 Vie politique
  • 1454/4423 Distinction/Nomination
  • 34/4423 Handicapés
  • 677/4423 Enseignement à distance
  • 636/4423 Contenus numériques
  • 584/4423 Gestion de l’ARTP
  • 178/4423 Radios communautaires
  • 1596/4423 Qualité de service
  • 424/4423 Privatisation/Libéralisation
  • 132/4423 SMSI
  • 446/4423 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2537/4423 Innovation/Entreprenariat
  • 1309/4423 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 46/4423 Internet des objets
  • 170/4423 Free Sénégal
  • 314/4423 Intelligence artificielle
  • 194/4423 Editorial
  • 16/4423 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous