Le Tchad veut renforcer son infrastructure numérique pour améliorer la connectivité
jeudi 22 mai 2025
Pays enclavé, le Tchad dépend principalement du Cameroun pour sa connectivité internationale. Cette forte dépendance s’accompagne de plusieurs autres défis qui affectent la qualité des services télécoms dans le pays.
Les autorités tchadiennes envisagent des initiatives pour renforcer l’infrastructure numérique afin d’améliorer la connectivité souvent perturbée. Ces initiatives ont été présentées par Haliki Choua Mahamat (photo, à gauche), directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), le mardi 20 mai, lors d’une table ronde organisée dans le cadre du 22ᵉ séminaire du Réseau des régulateurs, tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire, les 20 et 21 mai.
Le Tchad prévoit de mettre en place des points d’échange Internet (IXP) dans les grandes villes pour renforcer l’accessibilité locale et réduire la latence. Il est également prévu la signature d’accords bilatéraux et multilatéraux visant à établir des liens de redondance avec des pays voisins comme la Libye, l’Algérie et le Nigeria, en complément du lien existant avec le Cameroun.
Haliki Choua Mahamat a mis en évidence les défis majeurs auxquels le Tchad fait face en matière de connectivité. Privé d’accès aux câbles sous-marins en raison de son enclavement, le pays repose sur un unique lien avec le Cameroun, ce qui limite sa résilience numérique. Le déploiement de la fibre optique reste inégal, avec des zones encore non couvertes, des coûts d’accès élevés et une interconnexion insuffisante entre les infrastructures existantes.
Cette situation entraîne une dégradation persistante de la qualité et de la disponibilité des services télécoms, notamment de l’Internet. La dernière perturbation majeure est survenue en octobre et a duré près de 24 heures. D’autres interruptions, de moindre ampleur, ont été constatées depuis. Plus récemment, le Cameroun a suspendu la connectivité internationale du Tchad en raison d’arriérés de paiement. Si les autorités tchadiennes se sont rapidement mobilisées pour rétablir le service, ces épisodes rappellent la fragilité du système actuel.
L’amélioration et la consolidation de l’infrastructure numérique sont alors essentielles pour garantir une connectivité stable et durable, inscrite « dans une vision globale de développement de l’économie numérique et de renforcement de la souveraineté numérique ».
Cependant, ces initiatives restent à un stade préliminaire et leur mise en œuvre dépendra de plusieurs facteurs. Aucun calendrier précis ni budget dédié n’a encore été communiqué, et les accords de redondance envisagés avec les pays voisins n’ont pas encore été formalisés. Toutefois, l’Algérie et le Nigeria font déjà partie du projet de la « Dorsale transsaharienne à fibre optique », qui vise à interconnecter plusieurs pays, dont le Tchad.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 22 mai 2025)