Le Tchad prépare la mise en œuvre d’un Code du numérique
mercredi 10 décembre 2025
La transformation numérique s’accélère en Afrique, perçue comme un levier essentiel de développement socio-économique. Cette dynamique impose un cadre légal apte à répondre aux nouveaux enjeux qu’elle soulève.
Les autorités tchadiennes ont engagé l’élaboration d’un nouveau Code du numérique, actuellement en cours de finalisation. Il intègre les normes internationales en matière de cybersécurité, de protection des données et de gouvernance de l’Internet, dotant ainsi le Tchad d’un cadre juridique moderne, conforme aux meilleures pratiques mondiales.
L’initiative a été révélée par Boukar Michel, ministre des Télécommunications, de l’Économie numérique et de la Digitalisation de l’administration, le mardi 9 décembre à l’occasion de la troisième édition de l’École tchadienne de la gouvernance de l’Internet (TCSIG). « Le futur appartient à ceux qui identifient les opportunités avant qu’elles ne deviennent évidentes. Sur la souveraineté numérique, un pays qui ne contrôle pas ses données ne contrôle pas son destin », a-t-il déclaré.
Le Code du numérique vient renforcer le cadre législatif dans un contexte où le gouvernement a placé la transformation numérique au cœur de l’action publique, avec l’ambition de faire du numérique un moteur de développement humain, économique et social. Le 22 octobre dernier, l’Assemblée nationale a ratifié une ordonnance prise plus tôt cette année modifiant un article de la loi de 2014 sur la régulation des communications électroniques et des activités postales. Le texte vise à moderniser le cadre juridique du secteur, à favoriser la concurrence, à améliorer la couverture des réseaux et à renforcer la souveraineté numérique du pays.
L’exécutif a récemment présenté un plan national baptisé « Tchad Connexion 2030 », qui prévoit 1,5 milliard de dollars d’investissements dans le numérique. Ce programme vise à hisser le pays parmi les principales économies d’Afrique d’ici six ans et à étendre significativement la couverture afin de connecter la majorité des Tchadiens. Il prévoit également la numérisation et l’interconnexion de l’ensemble des services publics et parapublics, pour offrir aux citoyens un accès complet aux services d’e-gouvernement.
À cet effet, le pays intensifie par exemple la coopération internationale pour bénéficier de l’expertise des leaders mondiaux en matière de transformation numérique et attirer les investissements. Depuis le début de l’année, il s’est par exemple rapproché des Émirats arabes unis, de la Grèce, du Cameroun, du Kenya, de l’Inde, du Canada, des États-Unis, entre autres. Des efforts ont également été consentis en faveur du désenclavement numérique et territorial du pays.
Pour l’heure, le Tchad occupe la 189ᵉ place sur 193 au dernier Indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, avec un score de 0,1785 sur 1, inférieur aux moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382). Le pays se situe également dans l’avant-dernier palier (Tier 4) de l’Indice global de cybersécurité 2024 de l’UIT, avec un score de 48,67/100. S’il affiche des performances relativement solides en matière de cadre législatif et de coopération, il doit renforcer ses mesures techniques et organisationnelles ainsi que ses capacités nationales.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 10 décembre 2025)
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