Le Sénégal intègre l’intelligence artificielle dans l’enseignement
lundi 22 septembre 2025
Le ministère de l’Éducation nationale annonce la formation de 105 000 enseignants à l’IA et la distribution de 5 000 ordinateurs portables
C’est désormais officiel ! Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a annoncé le lancement d’un programme national d’intégration de l’intelligence artificielle dans l’enseignement, qui touchera l’ensemble du corps professoral du pays.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du “New Deal technologique” impulsé par le chef de l’État et s’aligne sur la Stratégie du Numérique pour l’Éducation 2025-2029. L’ambition affichée est claire : faire du Sénégal un pionnier de l’éducation numérique sur le continent africain.
Dès septembre prochain, pas moins de 105 000 enseignants bénéficieront d’un programme de formation continue à l’intelligence artificielle, développé en partenariat avec l’Université Cheikh Hamidou Kane et la plateforme Force-N
Cette formation, accessible à l’ensemble du corps enseignant, comprendra notamment un module dédié à “l’usage éducatif et responsable de l’IA”.
“L’intelligence artificielle ne remplace pas l’enseignant : elle l’accompagne, enrichit ses outils et permet de mieux différencier les parcours”, souligne le ministère dans sa note officielle. L’objectif est de permettre aux enseignants d’identifier les besoins en temps réel et d’explorer de nouvelles voies pédagogiques.
Une dotation technologique ambitieuse
Parallèlement à cette formation, le ministère procédera à la distribution de 5 000 ordinateurs portables destinés aux élèves de première et terminale des séries S1 et S3. Cette mesure vise à soutenir l’apprentissage des disciplines scientifiques tout en préparant les futurs bacheliers à l’usage des outils d’intelligence artificielle.
Cette dotation constitue, selon les autorités, “une étape importante pour promouvoir les filières scientifiques et former une nouvelle génération de citoyens capables de maîtriser les technologies du XXIe siècle”.
Le défi de la connectivité
Conscient des disparités territoriales, le ministère reconnaît que de nombreux établissements ne disposent pas encore d’une connexion Internet permanente. Toutefois, les autorités estiment que l’usage répandu d’outils comme WhatsApp, même dans les zones reculées, démontre l’existence de possibilités de connexion.
Dans le cadre de la Stratégie du Numérique pour l’Éducation 2025-2029, des solutions de connectivité “diversifiées, hybrides et adaptées aux réalités de chaque territoire” sont prévues pour garantir une inclusion numérique équitable sur l’ensemble du pays.
Un cadre éthique en préparation
Pour encadrer cette révolution numérique, une Charte nationale d’éthique de l’IA en éducation sera élaborée. Cette charte vise à s’assurer que “l’intelligence artificielle demeure un levier au service des valeurs républicaines et humanistes de l’école”.
Cette approche prudente témoigne de la volonté des autorités sénégalaises de concilier innovation technologique et préservation des valeurs éducatives traditionnelles. Cette initiative place le Sénégal à l’avant-garde de l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’éducation en Afrique. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation numérique du continent, où plusieurs pays cherchent à tirer parti des nouvelles technologies pour améliorer la qualité de l’enseignement et préparer leur jeunesse aux défis du futur.
Le succès de ce programme pourrait servir de modèle pour d’autres nations africaines confrontées aux mêmes enjeux de modernisation éducative dans un contexte de ressources limitées et de disparités géographiques importantes.
Le déploiement de ce programme ambitieux sera suivi de près par les observateurs du secteur éducatif, qui y voient un test grandeur nature de l’intégration de l’IA dans l’enseignement en Afrique subsaharienne.
(Source : Social Net Link, 22 septembre 2025)