Le piratage du site de l’Assemblée nationale expose les failles du New Deal Technologique
jeudi 24 avril 2025
Le site internet de l’Assemblée nationale du Sénégal est hors service depuis plusieurs jours, remplacé par une page d’accueil en langue coréenne. Ce piratage, qui fait suite à une précédente attaque contre la Marine nationale, soulève des inquiétudes majeures sur la sécurité des infrastructures numériques de l’État. Il met surtout à l’épreuve les ambitions du gouvernement en matière de souveraineté numérique, telles que formulées dans le New Deal Technologique (NDT).
Bien plus qu’un simple bug technique, cette cyberattaque vise l’une des institutions les plus centrales de la République. Elle envoie un message fort sur la vulnérabilité du système d’information sénégalais. « Comment peut-on parler de souveraineté numérique alors que le site de l’Assemblée est hors service depuis plusieurs jours ? », s’indigne un expert en cybersécurité, qui préfère garder l’anonymat. L’inaccessibilité prolongée du site parlementaire est perçue comme une humiliation numérique pour l’État. Elle rappelle que la cybersécurité ne se décrète pas, mais se construit par des mesures concrètes et des investissements soutenus.
Le New Deal Technologique face à ses contradictions
Porté par le gouvernement comme une initiative phare, le New Deal Technologique vise à faire du Sénégal un leader numérique en Afrique de l’Ouest. Le document stratégique met l’accent sur quatre axes : la souveraineté numérique, la digitalisation des services publics, le développement de l’économie numérique et l’affirmation d’un leadership continental.
Mais l’attaque contre le site de l’Assemblée révèle un décalage criant entre les ambitions et la réalité. Le premier axe du New Deal Technologique promet de garantir « l’indépendance technologique, la protection des données et la résilience des infrastructures stratégiques ». Pourtant, le piratage d’un site aussi symbolique montre que ces promesses peinent à se concrétiser.
Où en est la cybersécurité de l’État ?
Plusieurs questions restent en suspens. Le New Deal Technologique (NDT) annonçait la création d’un Centre d’alerte et de réponse aux incidents de sécurité informatique (CERT). Pourquoi ce dispositif n’est-il pas encore opérationnel ? Quelle est la politique actuelle de sécurisation des sites publics ? Existe-t-il des audits de sécurité réguliers, des tests d’intrusion systématiques ou des dispositifs de veille ?
Autre paradoxe : alors que le NDT défend la souveraineté numérique, une part importante des infrastructures informatiques étatiques est toujours hébergée à l’étranger. Ce choix fragilise la sécurité des données sensibles, faute de garanties sur la confidentialité et la maîtrise technologique.
Le piratage du site parlementaire devrait être un électrochoc. L’heure n’est plus aux promesses mais à l’action. Il est urgent pour le gouvernement de traduire le NDT en mesures concrètes, à commencer par :
– L’activation immédiate d’un CERT national fonctionnel, capable de détecter, analyser et répondre aux incidents de cybersécurité.
– La définition d’une politique de sécurité numérique obligatoire pour tous les sites gouvernementaux, incluant des protocoles stricts de mise à jour, de surveillance et de chiffrement.
– La relocalisation des données sensibles sur le territoire national, via des datacenters sécurisés opérés par des entités publiques ou souveraines.
– Le renforcement des compétences locales, avec la formation accélérée de spécialistes en cybersécurité et l’intégration de ces enjeux dans les programmes académiques et professionnels.
Ce nouvel épisode montre ainsi un enjeu fondamental : la crédibilité du discours étatique sur la transformation numérique. Le NDT ne peut être réduit à un argument de communication ou à un catalogue de bonnes intentions. Il doit incarner une volonté politique forte, traduite par des investissements ciblés et une gouvernance rigoureuse du numérique. Présentement, les cyberattaques sont devenues des armes géopolitiques, le Sénégal ne peut plus se permettre d’afficher ses failles. La sécurité numérique est désormais une condition sine qua non de la souveraineté nationale, au même titre que l’armée, la justice ou la diplomatie.
(Source : Senenews, 24 avril 2025)
Messages
1. Le piratage du site de l’Assemblée nationale expose les failles du New Deal Technologique, 24 avril, 12:03, par Ndaw
Bonjour,
Nous avons contacté l’assemblée nationale et votre information est erronée.
Le site de l’assemblée nationale est en construction.
Merci