Le Gabon se tourne vers le privé pour renforcer sa dorsale nationale à fibre optique
vendredi 4 juillet 2025
Le backbone de fibre optique constitue l’ossature des communications numériques à l’échelle d’un pays. Au Gabon, comme dans la plupart des pays africains, sa gestion est traditionnellement assurée par des structures publiques.
Le gouvernement gabonais veut impliquer davantage les opérateurs privés dans le développement de la dorsale nationale à fibre optique. La question a été au cœur d’une séance de travail tenue le mercredi 2 juillet entre le ministère de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation et les principaux acteurs du secteur des télécommunications.
L’objectif affiché est de mutualiser les efforts publics et privés pour bâtir « une infrastructure nationale unifiée, afin de garantir une couverture numérique complète du territoire », selon les autorités. Cette approche collaborative rejoint les recommandations de la Digital Cooperation Organization (DCO), qui souligne dans son rapport « The Development of the Digital Economy : Fostering Public Private Partnership » publié en octobre 2024 que les partenariats public-privé (PPP) sont essentiels pour renforcer l’économie numérique, notamment dans les économies émergentes où le déficit de financement reste un frein majeur.
Le rapport estime à 97 milliards de dollars le déficit de financement numérique en Afrique subsaharienne, soit environ 19 % du besoin mondial. Les PPP apparaissent ainsi comme une voie stratégique pour pallier ce manque et accélérer le déploiement des infrastructures clés, comme les backbones nationaux.
Au Gabon, la dorsale nationale est gérée par la Société de patrimoine des infrastructures numériques (SPIN), en partenariat avec Axione Gabon. Elle s’étend sur environ 1742 km et constitue la colonne vertébrale du réseau numérique national. La volonté d’extension intervient dans un contexte de transformation numérique marquée par la demande croissante en connectivité haut débit, aussi bien pour les ménages, les entreprises que les administrations publiques.
Les opérateurs télécoms pourront s’appuyer sur cette infrastructure pour assurer le backhaul de leurs réseaux mobiles et déployer plus largement la fibre jusqu’aux foyers. Airtel Gabon, par exemple, a obtenu en janvier 2025 l’autorisation d’établir et d’exploiter un réseau fixe. L’entreprise rejoint ainsi Moov Africa Gabon Télécom et GVA (CanalBox) sur le marché en pleine croissance de la fibre optique. En octobre 2024, elle avait déjà lancé la construction d’un réseau de fibre de 208 km entre Libreville et Port-Gentil pour renforcer la qualité de service. Le coût de l’infrastructure est estimé à environ 4,3 milliards de francs CFA (7,7 millions $).
Il convient de rappeler que l’implication des opérateurs privés dans l’extension de la dorsale nationale en fibre optique demeure à l’étape des discussions. Selon le ministère de l’Économie numérique, un cadre de concertation technique sera prochainement mis en place entre l’État, les opérateurs télécoms et les institutions pour définir les modalités concrètes de cette collaboration. Aucun calendrier précis n’a toutefois été dévoilé.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 4 juillet 2025)