Le FMI pointe les effets négatifs de la taxe sur les transferts d’argent au Cameroun
mardi 15 mars 2022
Au Cameroun, la Loi de finances 2022 prévoit de collecter environ 20 milliards FCFA de recettes grâce à la nouvelle taxe sur les transferts d’argent.
Dans un rapport qu’il vient de publier, le Fonds monétaire international (FMI) estime que la nouvelle taxe (0,2%) sur les transferts d’argent, entrée en vigueur le 1er janvier 2022 au Cameroun, a des effets négatifs.
« Taxer l’argent mobile peut être fiscalement inéquitable et entraver le faible niveau actuel d’inclusion financière. Il a été constaté que les segments pauvres et non bancarisés de la population, qui vivent souvent dans des zones rurales et sont confrontés à des coûts de transaction élevés de la part des banques formelles, sont négativement affectés par la mesure », indique le rapport relayé par Investir au Cameroun.
En outre, précise le FMI, les changements de comportement provoqués par l’introduction d’une telle taxe peuvent entraîner des pertes involontaires de recettes fiscales. En Ouganda par exemple, lit-on dans le rapport, les recettes initiales attendues de la taxe sur l’argent mobile ont été affectées par une baisse globale des recettes fiscales du secteur des télécommunications, causée en grande partie par la baisse de l’activité du mobile money.
« Plus généralement, les taxes sur l’argent mobile peuvent avoir un impact négatif sur les recettes fiscales (les consommateurs étant poussés vers des transactions en espèces non traçables) et sur le volume des envois de fonds depuis l’étranger, qui sont facilités par l’argent mobile », indique le FMI.
Les partisans de la taxe sur l’argent mobile, eux, la considèrent comme un moyen de taxer le secteur informel et comme une mesure facile à administrer pour augmenter les revenus. La Loi de finances 2022 prévoit d’ailleurs de collecter environ 20 milliards FCFA (33,4 millions $) de recettes grâce à cette taxe.
Selon cette loi, sont passibles de la nouvelle taxe : les opérations de transfert d’argent réalisées par tout moyen ou support technique laissant trace, notamment par voie électronique, téléphonie mobile, télégraphique ou par voie de télex ou télécopie, à l’exception des virements bancaires et des transferts pour le règlement des impôts, droits et taxes. Sont aussi taxés : les retraits en numéraire consécutifs à un transfert d’argent effectué auprès des établissements financiers ou des entreprises de téléphonie mobile.
(Source : Agence Ecofin, 15 mars 2022)