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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2012 > Avril > Le développement des noms de domaine en Afrique Interview de Mouhamet Diop (…)

Le développement des noms de domaine en Afrique Interview de Mouhamet Diop (ICANN)

jeudi 19 avril 2012

Noms de domaine

Mouhamet Diop est un ancien membre du conseil d’administration de l’ICANN. Il a été Consultant Projet E‐Bénin pour la mise en place du Point d’Echanges Internet pour le Bénin. Mouhamet Diop est également le Président Directeur Général de Kheweul.Com, le premier registrar opérationnel en Afrique qui travaille sur la gestion des noms de domaine et l’hébergement.

1. Pouvez-vous nous parler de l’organisme dont vous êtes membre ? Depuis quand êtes vous membre de cet organisme ?

Merci de m’avoir donné l’opportunité de parler de ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and umbers), une organisation à but non lucratif, créé en 1998, basé à Los Angeles et qui a pour but la coordination technique de la gestion des noms de domaine communément appelé DNS (Domain Name ystem), et de la gestion des adresses IP(Internet Protocol) et des identifiants (numéros et nombres) de l’Internet. L’ ICANN a la responsabilité de préserver et d’améliorer la stabilité, la sécurité, d’encourager et de développer la concurrence, de protéger les utilisateurs de l’Internet, de garantir l’interopérabilité des systèmes et des environnements de l’Internet, et de faciliter le développement des politiques (Policy) de l’Internet. Mon implication dans cette organisation remonte à ses débuts, vers la fin de années 1990, précisément en 1998. J’ai été successivement membre visiteur de ARIN et de RIPE , puis représentant d’AFRINIC, puis membre du Conseil d’administration de ICANN de 2001 à 2005 et Président du Comité Présidentiel des Noms de Domaines Internationaux (IDN).

2. Selon vous, à quoi est dû le développement de l’internet en Afrique ?

L’internet est un écosystème qui fonctionne en couches, on ne peut pas offrir des applications et des contenus si la connectivité n’est pas réglée. On ne peut pas non plus pousser dans le développement des contenus si on n’a pas une masse critique
d’utilisateurs qui peuvent être atteints pas Internet. Donc on est dans une problématique de type « l’oeuf et la Poule ».

Pendant les deux dernières décennies, le Continent Africain a vu se développer une forte pénétration du Mobile et un développement sans précédent de la bande passante Internet et de la Connectivité. L’Initiative Connect Africa de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) avec le sommet des Chefs d’Etats Africains de Kigali, les Initiatives d’Internet Society (ISOC), l’implication des Fournisseurs de services Internet, particulièrement les Opérateurs Mobiles, à travers leurs offres de connectivité Internet basées sur des technologies large bande, ont permis une massification de L’Internet, même dans les zones les plus reculées et les plus hostiles.

Cependant cette pénétration n’obéit pas nécessairement à un développement de l’économie numérique. L’Afrique est encore resté à la couche 1 de la chaine de valeur, car sans applications et sans développement de contenus générateur de revenus, l’Internet sera toujours vu comme un outil au service des élites et pour des besoins purement ludiques ou d’évasion, mais pas comme un outil au service du développement des populations.

3. Vous avez été témoin de l’évolution de la consommation de l’internet notamment au Sénégal…Quels sont les effets les plus marquants que vous ayez remarqués ?

Ce qui se passe au Sénégal est révélateur de ce que j’avais expliqué précédemment. Nous avons au Sénégal une connectivité de plus de 5 Gbit/s au SAT3 mais les bonds qui ont été observés au niveau de la connectivité n’ont pas eu leur répondant sur le plan des applications et des contenus pertinents pour les populations. Une stratégie de développement de l’Internet ne peut se baser sur uniquement le développement de réseaux sociaux, de chats, et de réseaux de rencontres, ou trouver sa pertinence dans le développement de la consommation des produits et services Internet des pays développés. Une des évolutions majeures de l’Internet au Sénégal est due en partie à la mise en place d’un cadre juridique de lutte contre la cybercriminalité et de la protection des individus et de leurs droits sur Internet. Le Sénégal est le seul pays de l’Afrique Francophone de l’Ouest à se doter de tels instruments pour le moment.

4. A moyen terme, quelles seront les évolutions de l’Internet en Afrique ?

Le développement de l’Internet Mobile et l’émergence d’une stratégie agressive et cohérente des contenus et des applications pour accompagner les entreprises de taille petite et moyenne qui constituent l’ossature des économies africaines (plus de 95% du tissu économique), se feront grâce au développement et à une meilleure pénétration des terminaux d’accès à faible coût, et une meilleure intégration des solutions de CLOUD Computing. Quant aux entreprises structurées, elles vont toutes évoluer vers des environnements de virtualisation et une meilleure intégration de la sécurité dans les stratégies des entreprises, des gouvernements pour encourager la confiance des utilisateurs (Africains) à l’utilisation de l’Internet, et en faire un réel espace, à part entière de transactions économiques et commerciales.

On a dans le passé beaucoup travaillé pour la mobilité des personnes, avec le téléphone portable, le nouveau challenge est la mobilité des entreprises vers les clients, ce qui nécessite :

– Des Solutions sécurisées d’accès à l’Intranet de l’entreprise

– Des Applications disponibles pour le personnel de l’entreprise en situation de mobilité, à travers des environnements virtualisés

– Des Terminaux et des devices à coût très réduit pour une meilleure pénétration et une plus grande banalisation de ces solutions et technologies.

5. Pourquoi est-il aussi difficile d’obtenir des noms de domaine en Afrique ?

Le marché des noms de domaine est un marché que les pays africains ont laissé dans un esprit de gestion informel qui échappe à toute logique de sécurisation et de protection des utilisateurs, de moralisation du marché par un encadrement des prix.

Le marché des Noms de domaine, en l’absence d’acteurs agréés, échappe à toute régulation ou contrôle. Le marché des Noms de domaine au niveau mondial obéit à une organisation de type Registry (Registre) – Registrar – Registrant (Utilisateur final), alors qu’en Afrique, l’absence de Registrars (intermédiaires agrées) rend le marché très informel et soumis à des spéculations de tous genres.
Il y a plus de 950 registrars dans le monde entier qui sont les intermédiaires agréés qui ont la responsabilité de rendre les Noms de domaines accessibles aux populations selon une logique contractuelle qui permet de garantir que les règles élémentaires de marché sont respectées, alors qu’en Afrique, on n’en compte que 5 présentement, pour une population proche du milliards d’habitants.

Nous trouvons sur le marché africain toutes sortes d’intermédiaires et les populations désabusées préfèrent ne pas acheter plutôt que de se faire arnaquer, d’où la très faible pénétration des Noms de domaine Internet en Afrique, moins de 2% de taux de pénétration. Il s’y rajoute que les opérateurs mobiles qui sont les acteurs les plus en front dans les offres Internet ne sont pas encore intéressés par ce marché, faute d’expertise et de compréhension de ce business.

Donc l’Afrique devra attendre que les Opérateurs de Télécoms Mobiles apprennent et comprennent les enjeux liés à ce marché, comme ce fut le cas de la connectivité Internet, pour que l’on puisse assister à une résolution des problèmes liés à l’obtention des Noms de domaines Internet et à un véritable boom des Noms de domaines Internet et des sites Web en Afrique.

6. Comment expliquez-vous les différences de prix concernant ces noms de domaine d’un pays à l’autre sur le continent africain ?

On peut en partie expliquer les différences de prix par :

– Une absence de coordination entre pays et gestionnaires des ccTLDs (Country Code Top Level Domain Name), même s’il existe une organisation africaine pour les ccTLDs

– Une absence de régulation des services Internet et une faible implication du régulateur dans la fixation des prix des services Internet dans les pays Africains. Nos régulateurs ne sont pas suffisamment outillés pour impulser et réguler le secteur de l’Internet, ils préfèrent se concentrer sur les problématiques de licences de téléphonie Mobile et ignorer les autres secteurs.

– La faiblesse des infrastructures de gestion de Noms de domaine Internet dans nos pays, faible pénétration, faibles investissements.

– Une politique d’écrémage qui tend à augmenter les prix, basée sur l’hypothèse que le potentiel du marché est très faible. Ce qui est une aberration économique.

7. Quelles solutions préconisez-vous pour rendre l’attribution des noms de domaine plus accessible ?

Pour permettre aux noms de domaine d’être au coeur d’une politique cohérente de développement d’une économie numérique en Afrique, il faut :

– professionnaliser le marché,

– renforcer la régulation du marché par une meilleure protection des utilisateurs.

– Augmenter le nombre d’intermédiaires agréés

– Renforcer les organisations de protections des utilisateurs

– Renforcer le rôle de la Justice dans la résolution des conflits par l’adoption de textes et de lois contre la cybercriminalité et la protection des données personnelles.

’8. Quels sont, en quelques mots, les grands projets en cours au sein de L’ICANN concernant l’Internet ?

Depuis sa création ICANN a travaillé sur une meilleure implication des acteurs pour accomplir sa mission, en essayant de s’adapter à l’ architecture d’une organisation internationale multi-acteurs où toutes les communautés et gouvernants sont impliqués, avec une implication de la société civile et des organisations internationales pour de meilleures politiques inclusives de gestion et de développement de l’Internet.

Nous pouvons au moins citer sans nous tromper quatre chantiers auxquels l’organisation s’est engagée à travailler sans relâche :

– La transformation et l’adaptation d’ICANN à travers des réformes institutionnelles pour mieux coller à sa mission d’organisation internationale de coordination technique et de gestion de l’Internet

– L’internationalisation des Noms de domaines Internet : Une des lacunes à l’accomplissement de cette mission a été l’absence de la dimension multilingue dans la gestion des Noms de domaine, ce qui a amené à engager le chantier sur l’Internationalisation des Noms de domaines (IDN).

– L’évolution continue de l’espace de nommage par l’ouverture de nouveaux gTLDs (new gTLD)

– La migration et le développement de IPv6

– Améliorer la stabilité et la sécurité sur Internet en renforçant le système de noms de domaine avec DNSSEC

– Une meilleure prise en charge des problèmes spécifiques des pays en voie de développement ou des pays sous-développés par la mise en place de programmes spécifiques appropriés.

En plus de ces grands chantiers qui concernent toute la communauté mondiale des Internautes, nous avons en plus en Afrique des challenges spécifiques liés à l’absence de lois pour gérer et légiférer en matière de transactions électroniques et de conflits liés aux Noms de domaine.

9. Quel est votre avis sur le TLD « .africa » ? à quel besoin répond il ?

C’est un sujet qui a soulevé tellement de controverses et de polémiques que l’on en perd la substance.

Certes il y a un enjeu à protéger les noms géographiques, géostratégiques et culturels, pour éviter qu’ils ne tombent sous l’escarcelle d’esprits malveillants qui pourraient l’utiliser à des fins inappropriées ou délictueuses, mais cela ne doit pas nous divertir des enjeux majeurs de gestion et de développement des Noms de domaines Pays (ccTLDs). On est tous africains, mais je suis sénégalais aussi avant tout.

L’Europe a réussi la création du .EU à travers la commission européenne, l’Asie a réussi son .Asia grâce aux privés asiatiques sans le véto des gouvernements des pays, mais toutes ces initiatives n’ont pas connu le même succès et n’obéissent pas aux mêmes contraintes environnementales. L’Afrique aura une autre trajectoire avec le .Africa.

La faiblesse de la pénétration des ccTLDs dans nos pays africains respectifs, par exemple Sénégal, moins de 3.000 pour 12 millions d’habitants, Cote d’Ivoire 2.000 pour 25 Millions d’habitants, Niger 300 pour 13 millions d’habitants, ces chiffres n’honorent pas les ambitions de développement des applications, des contenus pertinents et des sites Internet dans le Continent.

ICANN a lancé un autre round de création de nouveaux gTLD (Generic Top Level Domain Name) pour favoriser plus de choix et de compétition dans cet espace économique virtuel.

Les africains se sentent concernés par cette ouverture certes mais doivent se sentir plus concernés aussi par le développement de leur noms de domaine pays , et en l’absence de structuration du marché et de professionnalisation des acteurs, il me semble utopique de penser que la création d’un registre .Africa va changer la donne de l’Internet dans notre continent et nos pays respectifs.

Je salue la maturité de l’Union Africaine, qui, avec l’appui de partenaires et d’experts africains de haut niveau, a réussi à encadrer la procédure de parrainage et de sélection d’une candidature africaine unique pour la gestion du .Africa au profit de l’Afrique, en Afrique et par l’Afrique.

Il s’agit d’un consortium africain dont l’ambition est d’aider le continent à faire face aux défis du développement par une approche intégrée impliquant tous les acteurs africains de l’Internet.

(Source : StarAfrica, 17 avril 2012)

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