Le CNP dénonce l’arrêté ministériel français sur la délocalisation
mardi 26 octobre 2004
M. Samba Sène, directeur de Sonatel Multimedia et vice-président d’Optic, membre du conseil national du patronat (CNP), a afirmé mardi à Dakar que plusieurs entreprises et télé services du Sénégal sont menacés de fermeture, occasionnant un licenciement de quelque 1500 employés et des dizaines de milliards de francs CFA d’investissement perdus.
M. Sène, qui s’exprimait lors d’un point de presse, a fustigé les mesures prises récemment par le gouvernement français, avec un arrêté ministériel relatif à l’information des consommateurs sur la délocalisation des centres d’appel téléphoniques. Pour lui, « la France refuse que le Sénégal tire profit de ses avantages comparatifs en terme de productivité dans le secteur des télé services et de l’électronique ».
Il a par ailleurs dit que le premier ministre français a annoncé récemment le lancement d’une mobilisation nationale contre les délocalisations. Précisant que l’Etat français entend dégager une enveloppe de 750 millions d’Euros sur la période 2005-2007 dans le cadre de la mise en œuvre du plan anti-délocalisations.
Selon M. Sène, le projet d’arrêté ministériel français précise que tout fournisseur de biens ou services qui utilise les services d’un centre d’appel pour émettre ou recevoir des communications téléphoniques est tenu d’informer ses correspondants de la localisation géographique de ce centre d’appel.
Il a estimé que ceci est inacceptable surtout que la capacité d’offre du Sénégal à l’exportation vers la France est très faible, ajoutant que le secteur des télé services est l’un des rares secteurs où le Sénégal peut se positionner à l’exportation et que si la France veut aller jusqu’au bout dans le Made in France, elle doit le faire pour tous les produits industriels ou service, où l’on précise l’origine des composants ou intrants.
Les responsables du CNP se sont également interrogés sur les réelles motivations de la France sur cet arrêté de délocalisation. Pour eux, dans la mesure où le nouveau partenariat pour le développement (NEPAD) veut faire du secteur technologies de l’information et des communications (Tics) un secteur prioritaire, « on se rend compte si réellement la France souhaite le développement de l’Afrique ».
Ils ont à ce propos lancé un appel à la mobilisation afin que cette mesure ne voit jamais le jour, souhaitant que les autorités du sénégalaises, les secteurs privé et public se dressent ensemble pour combattre ce projet d’arrêté aux « relents xénophobes et racistes ».
(Source : APS, 26 octobre 2004)