Le Burkina Faso prépare un cadre légal pour soutenir ses start-up
vendredi 18 juillet 2025
L’initiative vise à structurer l’écosystème des start-up et à lever les freins juridiques et financiers auxquels font face ces jeunes entreprises innovantes.
Le gouvernement burkinabè a engagé un processus visant à élaborer une loi spécifique dédiée à la création, au financement et à la croissance des start-up locales. Ce projet, piloté par l’Agence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises (AFP-PME), fait l’objet d’un atelier national de validation les 17 au 18 juillet 2025 à Ouagadougou.
L’événement réunit des acteurs de l’écosystème entrepreneurial, juridique et administratif issus des 13 régions du pays pour examiner un ensemble de textes de loi portant sur la promotion des start-up dans le pays.
Depuis mars 2025, plusieurs réunions ont été organisées pour construire ce cadre juridique. Les ministères concernés (PME, économie numérique, finances, relations gouvernementales), des représentants du secteur privé, des structures d’accompagnement et des partenaires techniques et financiers y ont pris part. Un premier atelier de cadrage a eu lieu le 11 mars 2025 à Ouagadougou, suivi d’un atelier d’élaboration du projet de texte du 17 au 22 mars à Koudougou.
Trois autres ateliers régionaux (avril, mai, juin) ont permis d’intégrer les observations des parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial. L’objectif est de produire un projet de loi cohérent avec les réalités du pays, notamment les besoins de financement, les exigences d’innovation, et les contraintes réglementaires rencontrées par les jeunes entreprises.
Pourquoi un cadre légal est nécessaire
Aujourd’hui, les start-up burkinabè évoluent sans cadre spécifique. Cette situation limite leur accès au financement, complique les démarches administratives, et n’offre pas de protection suffisante en matière de propriété intellectuelle. Selon Issa Traoré, directeur général de l’AFP-PME, « les start-up au Burkina Faso fleurissent mais peinent à grandir. Faute d’un cadre juridique clair, elles se heurtent à des lenteurs administratives, à un accès limité au financement et à une absence de mesures spécifiques pour encourager l’innovation », a-t-il déploré.
Le texte actuellement en préparation devrait définir clairement ce qu’est une start-up au Burkina Faso, proposer des allègements fiscaux, simplifier les formalités administratives et offrir un environnement sécurisé pour les innovations. A l’issue des travaux, les textes finalisés seront transmis au ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. Le gouvernement prendra alors le relais pour les adopter officiellement. Ce texte pourrait déboucher sur un Startup Act, à l’instar d’initiatives déjà mises en place en Tunisie, au Sénégal et au Nigeria.
Depuis 2017, le Burkina Faso tente d’encourager l’entrepreneuriat à travers le fonds « Burkina Start Up », doté de 10 milliards FCFA (17,7 millions $) sur cinq ans. Ce programme, géré par le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES), devait permettre de soutenir environ 500 PME et start-up. Il visait tous les secteurs, en mettant l’accent sur l’innovation et le potentiel de croissance.
Dans un contexte marqué par une forte demande de solutions locales dans l’agriculture, la santé ou l’énergie, les start-up peuvent jouer un rôle de moteur économique. Le nouveau cadre juridique en préparation est donc perçu comme un levier essentiel pour structurer cet écosystème et attirer davantage de financements publics et privés.
Chamberline Moko
(Source : Agence Ecofin, 18 juillet 2025)