La société civile sénégalaise se mobilise autour de l’intelligence artificielle
dimanche 9 novembre 2025
Ce mercredi 6 novembre 2025, comment impliquer les citoyens dans la gouvernance de l’intelligence artificielle au Sénégal ? Telle était la question au centre de l’atelier national organisé jeudi à Dakar par le Pan African Consortium of Experts (PACE), en partenariat avec la Plateforme des Acteurs Non Étatiques (PFANE), avec l’appui de l’initiative IDIA. L’évènement a rassemblé des ONG, des chercheurs, des startups, des journalistes et plusieurs mouvements de la société civile, tous réunis pour une même idée : faire de l’IA un outil au service des communautés, et non un facteur d’exclusion.
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle s’impose dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, la santé ou les transports. Ses promesses sont nombreuses : automatisation, analyse de données, augmentation de la productivité, etc. Mais pour PACE, cette révolution technologique comporte aussi des risques : exploitation incontrôlée des données personnelles, manque de régulation, déficit de compétences locales et dangers liés à la désinformation. D’où la nécessité d’un dialogue ouvert avec la société civile, souvent absente de ces débats.
Durant la journée, quatre grandes thématiques ont été décortiquées en tables rondes. D’abord, la question sensible de la souveraineté numérique, un défi majeur pour un continent dont la plupart des données sont hébergées à l’étranger. Les participants ont alerté sur les risques de surveillance, d’influences extérieures et d’atteintes aux droits humains.
Autre sujet brûlant : l’impact de l’IA sur l’emploi. Si l’automatisation peut améliorer l’efficacité, elle menace aussi de nombreux métiers traditionnels. Les intervenants ont plaidé pour des programmes de formation afin d’éviter une fracture numérique qui laisserait une partie de la population au bord de la route.
La recherche scientifique n’a pas été oubliée. Les débats ont pointé l’urgence de règles éthiques claires, capables d’encadrer les algorithmes et d’éviter les biais qui reproduisent ou aggravent les inégalités. Enfin, la dernière session a porté sur la démocratie et la manipulation de l’information, dans un contexte mondial marqué par la prolifération des fausses nouvelles et des contenus générés automatiquement.
Au terme de la rencontre, les organisateurs promettent de produire une synthèse des échanges et de poursuivre le plaidoyer pour une régulation plus inclusive. Pour PACE, le message est clair : le Sénégal ne peut construire sa transition numérique sans les citoyens. Et l’intelligence artificielle ne sera un progrès que si elle renforce les droits, les libertés et l’équité sociale.
A.K
(Source : LeSoleil, 9 novembre 2025)
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