La Sierra Leone mise sur la blockchain pour accélérer sa transformation numérique
lundi 3 novembre 2025
Début octobre, le pays avait déjà signé un protocole d’accord avec Qhala, société de transformation numérique basée à Nairobi. L’objectif est de former les fonctionnaires à l’usage concret de l’IA dans leur travail quotidien.
Le gouvernement sierra-léonais explore les moyens d’utiliser la technologie blockchain pour soutenir la transformation numérique du pays. À cet effet, Salima Bah, ministre de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation, a accueilli, le jeudi 30 octobre, une équipe d’experts en blockchain du groupe Sovereign Infrastructure for Global Nations (S.I.G.N.), accompagnée de l’ambassadeur de Sierra Leone en Chine, Abubakarr Karim.
Selon le ministère, l’équipe devait rencontrer dans les jours suivants plusieurs partenaires afin de discuter des moyens concrets par lesquels la blockchain peut renforcer l’écosystème numérique national. Aucune mise à jour n’a toutefois encore été communiquée à ce sujet. « Cette visite met en lumière la volonté du gouvernement d’exploiter la blockchain pour renforcer la transparence, la confiance et l’innovation dans la prestation des services publics », a indiqué le ministère.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement sierra-léonais évoque la blockchain. L’exécutif est actuellement engagé dans le processus de sélection des participants au « Big 5 AI & Blockchain Hackathon », qui vise à former, encadrer et mettre au défi les participants pour élaborer des solutions innovantes à partir de zéro, reposant sur des technologies d’IA et de blockchain, considérées comme « parmi les plus transformatrices de notre époque ». Selon le ministère, ces technologies ont « le potentiel de remodeler des secteurs d’activité, de renforcer la gouvernance et de résoudre des défis de développement urgents ».
La Sierra Leone a déjà utilisé la blockchain pour son système national d’identité numérique, lancé en août 2019 en partenariat avec les Nations unies et l’organisation américaine à but non lucratif KIVA, spécialisée dans les services financiers. En 2018, la société suisse Agora avait testé cette technologie lors des élections présidentielles dans le pays, en enregistrant manuellement les votes de la zone de l’Ouest sur une blockchain autorisée. Il s’agissait d’un registre consultable par tous, mais dont la validation était réservée à des acteurs habilités, afin de renforcer la transparence et la fiabilité du processus électoral.
Le recours à la blockchain intervient alors que le gouvernement ambitionne de connecter numériquement tous les Sierra-Léonais. L’exécutif mise sur des technologies innovantes pour fournir aux citoyens des services numériques plus transparents, abordables et centrés sur leurs besoins, à l’échelle nationale et locale. Par ailleurs, le pays a obtenu une subvention de 50 millions de dollars de la Banque mondiale en janvier 2023 pour la mise en œuvre de son projet national de transformation numérique. À l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies en 2024, la Sierra Leone a enregistré un score de 0,3042 sur 1, se plaçant en dessous des moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
Selon le rapport « Blockchains Unchained » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la blockchain peut transformer les services publics en sécurisant la gestion des identités et des dossiers personnels, en facilitant les transactions financières et l’expérimentation de monnaies numériques, et en garantissant la traçabilité des titres fonciers et des chaînes d’approvisionnement. Elle peut également optimiser la distribution des aides et subventions, renforcer la transparence des marchés publics, moderniser la gestion des réseaux énergétiques, protéger les droits d’auteur, sécuriser le vote électronique, lutter contre la fraude et simplifier le partage d’informations entre agences gouvernementales.
L’OCDE souligne cependant que « l’utilisation et la mise en œuvre de la technologie blockchain présentent certains défis, et la blockchain n’est pas une solution à tous les problèmes du secteur public ». L’organisation cite plusieurs obstacles, parmi lesquels l’immuabilité des données, la confidentialité, le stockage limité de grandes quantités de données, la qualité des informations saisies, la gouvernance, les coûts élevés, la complexité de communication et de compréhension, la scalabilité limitée et la forte consommation d’énergie de certains modèles…
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 3 novembre 2025)
OSIRIS