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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2016 > Février 2016 > « La protection de nos enfants exige désormais une éducation aux médias » : (…)

« La protection de nos enfants exige désormais une éducation aux médias » : Discours de M. Babacar Touré à l’ouverture de l’atelier sur Ethique journalistique et droits de l’enfant (24-25-26 février 2016)

jeudi 25 février 2016

Usages et comportements

Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) que j’ai l’honneur de présider, a depuis quelques années fait le constat, plus que préoccupant, des « dérives régulièrement notées » dans les médias, qui impactent et nuisent gravement, d’une part, aux enfants, aux adolescents, à leur développement psychologique, intellectuel, social et d’autre part, à la cohésion de la société qu’ils formeront demain. Fort de ce constat, le CNRA a fait de cet enjeu une priorité, en comptant sur la convergence et la synergie des initiatives et forces des institutions publiques, autant que des familles et des associations qui se mobilisent sur la question.

Nous sommes ici réunis pour penser et formuler la protection de nos enfants. C’est une bonne raison de se réunir. Probablement même la meilleure des raisons.

J’échangeais, il y a peu, avec deux doyens – presque centenaires – qui argumentaient que leur génération savait mieux aimer les enfants. Parce qu’au-delà de l’apparente rudesse dans les rapports, l’enfant était la richesse ultime voire unique, objet de l’attention au quotidien que nous appelons éducation. Ou protection. Avec un fort accent sur le bien-être social de cet être en construction.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Avant même de citer des études savantes, il est manifeste qu’un grand nombre de parents sont aujourd’hui inquiets pour leurs enfants, pour leur sécurité et leur devenir. L’idée de laisser un fils, une fille, de 10 ans traverser la rue, aller à la boutique, rejoindre le terrain de foot du quartier tracasse bien des parents dakarois. Il faut dire qu’il ou elle pourrait bien rencontrer un adulte mal intentionné. Ou encore – et cela est d’une certaine manière plus dérangeant – un enfant de la rue dont le comportement pourrait être imprévisible.

Mais au-delà des peurs, des fantasmes et des intuitions, des rapports nationaux et internationaux produits par les spécialistes des droits de l’enfant, nous indiquent que si, au Sénégal, culturellement, l’enfant est sacré et considéré comme un don de Dieu, force est de constater que dans la société dite moderne, il manque de protection et d’assistance.

Selon les responsables de la mise en œuvre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la situation des enfants dans notre pays est classée comme « situation difficile », qui est le niveau 4 sur une échelle de 5, le niveau 5 étant le stade le plus grave.

Alors quel est le problème aujourd’hui ? Qu’arrive-t-il à nos enfants ? Qu’arrive-t-il à notre société pour qu’elle ait tant de mal de prendre soin de ses enfants, les éduquer et les protéger ?

Les maux sont multiples, connus et répertoriés :

  • - la question des talibés devenue apparemment résistante aux thérapies est si ancienne que les premiers talibés ont aujourd’hui des cheveux blancs. Ils sont, dit-on, quelque 150.000, livrés à eux-mêmes, à l’indigence, la gale, à la prostitution, la violence, à un avenir plus qu’incertain ;
  • - des enfants de la rue dont les maigres espoirs résident dans la générosité d’initiatives venues d’ailleurs ;
  • - la réduction de la mortalité infanto-juvénile doit assurément être un chapitre aux ambitions de l’émergence de notre pays. En effet, la Banque Mondiale nous apprenait en 2015 que 47 pour 1000 des enfants de moins de 5 ans ne connaissent pas leur 6ème anniversaire. La lumière, ce sombre tableau est que ce taux est à la baisse.
  • - Les violences des ascendants et des personnes en position d’influence est un des sujets de société qui est resté trop longtemps et reste aujourd’hui encore un tabou, garant de la perpétuation de ces forfaitures. Le voile de fausse pudeur et de silences coupables sont des atteintes graves à la protection des enfants ;
  • - La scolarisation, le niveau et taux d’abandon interpellent sur les niveaux d’investissement pour l’éradication des causes profondes, au sein des familles et des communautés, au-delà des investissements consentis pour améliorer classes, enseignants et manuels scolaires ;
  • - Environ 500.000 enfants seraient soumis au travail précoce, passerelle pour la délinquance juvénile. Puis se profile le cycle mal maîtrisé, voire vicieux de la répression /rééducation en milieu ouvert ou carcéral ;
  • - Et pour ceux de nos enfants que la vie a apparemment épargnés, les voici proies inattendues, mais faciles et bien réelles des nouvelles tablettes de notre temps, les écrans médiatiques dont les parents ne savent guère plus quelles lois elles leur enseignent. Mais ceci relève de la part que CNRA et nous y reviendrons.

Alors devant ce sombre tableau et ces perspectives moroses, pour ne pas dire lugubres, comment renouer avec les utopies sociales du développement ? Comment faire rêver nos enfants -et leurs parents- d’égalité des chances et d’équité ?

Là encore, les cycles vertueux sont connus. Car la vie, les familles, les sociétés sont pleines de ressources vitales. Face à ce qui menace la famille, trois étapes de solutions se succèdent inéluctablement :

Chaque famille se débrouille et tente de trouver, dans la discrétion et l’autonomie, le remède au mal de son enfant ;

L’expérience entrant, la fatigue se faisant sentir, l’entraide devient nécessaire. Les familles, les associations et les quartiers tentent des solutions. Avec les limites qu’ils rencontrent rapidement car leurs bras musclés ne peuvent arrêter l’océan de mal-développement ;

Enfin, les regroupements interpellent la responsabilité de l’Etat et la seule vraie solution à cette échelle : l’impérieuse nécessité de politique publique.
Encore faut-il arriver à la troisième étape. Nous parlons de politique capables, sincères, viables, avec toutes les forces jointes pour trouver l’issue aux problèmes du dehors que sont l’existence pathétique des talibés ou des enfants de la rue et, plus récemment,les problèmes du dedans que sont la télévision, les accès incontrôlés à l’Internet ou l’usage excessif des smartphones par les enfants.

Le problème de l’enfant face aux médias, quel est-il ?

Celui d’une jeunesse, la nôtre, livrée à la société médiatique, à ses excès et ses dérives, sans véritable protection.

Sans véritable protection parce que leurs protecteurs naturels sont démunis. Au mieux, certains donnent un encadrement avec des limites éducationnelles de bon sens. Mais, là encore, elles se battent contre un océan.

Un jour, il y a un peu plus de 40 ans, la télévision est entrée dans nos foyers. Nous avons alors accueilli les atours et les conforts de la modernité. Mais nous sommes-nous donnés, depuis tout ce temps, les moyens de comprendre, mesurer et contenir ce nouvel « éducateur » dans la famille ?

Autrefois, chaque famille racontait à ses enfants son histoire, sa généalogie, les événements qui la touchaient dans sa proximité et selon ses valeurs, inculquant repères, rêves communs de construction d’une mosquée, d’une chapelle et d’une école de la communauté, quête de paradis et crainte de Dieu.

Le Sénégal compte plus d’une vingtaine de télés et plus de 200 radios en opération, plus d’une dizaine de sites d’information à l’intention du lectorat sénégalais qui raconte chaque jour à des milliers de familles qui vivent des réalités différentes, la même histoire.

Cette marée de contenus divers et de qualité inégale interpelle le CNRA. L’article 7 de la loi portant création du CNRA lui fait obligation de veiller à la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence devant les contenus des programmes.

Le CNRA a commandité en 2014, un sondage national qui établit, sans appel,

  • Que nos enfants sont surexposés aux écrans
  • que les vulnérabilités engendrées sont diverses
  • et les mécanismes de protection très insuffisants.

Les dérives des contenus médiatiques impactent le jeune public. Notons que près du tiers des enfants n’arrivent pas à distinguer entre images/scènes réelles et images/scènes fictives vues à la télévision. Et ce résultat est plus accentué auprès des 10-13 ans. Soit qu’ils demandent parfois si les images vues sont réelles soit qu’ils prennent des risques en voulant reproduire des scènes vues dans des films.

Selon les enfants, les émotions les plus récurrentes déclenchées par les images sont la peur (84%), les troubles (50%) et les insomnies ou cauchemars (37%).

Du nourrisson à l’adolescent en passant par l’enfant en âge scolaire, les médecins et spécialistes de l’Hôpital Fann ou de Thiaroye ont documenté des signes comportementaux tels que l’instabilité motrice, l’évitement du regard, les difficultés langagières, troubles de la mémoire, difficultés d’accès à l’écriture l’échec scolaire, les fugues…

Les parents interrogés sont nombreux à avouer leur incompétence à contrôler la consommation de la télévision et de l’Internet de leurs enfants.

Face à cette réalité des médias qui induisent des changements dans les comportements des usagers notamment chez le public jeune, le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) a engagé une initiative pour la protection du jeune public des écrans.

La finalité du projet est de susciter l’amélioration de la qualité de l’offre que les jeunes reçoivent sur les divers écrans et mettre en œuvre des mécanismes de protection du jeune public, notamment l’application de la signalétique.

Pour cela, il faut forger une chaîne de responsabilités qui définit :

  • 1. Rôle de la famille ;
  • 2. Rôle des opérateurs télé et Internet ;
  • 3. Rôle protecteur de la loi et de l’Etat.

Tout ceci revient à trois incontournables :

  • 1. Eduquer les médias à leurs responsabilités sociétales
  • 2. Eduquer par les médias
  • 3. Eduquer aux médias, notamment les parents

Là est le rôle à nouveau des médias et plus précisément du journaliste, informer, documenter sur les sujets qui passent typiquement sous le radar de l’actualité soit parce qu’il touche à des personnes sans pouvoir, des personnes faibles -les enfants- soit parce que cela est perpétré dans les espaces d’ombre, tel que la famille.

Quelle chance à nos enfants ? Quelle part de rêve leur reconnaissons-nous ? Quelle représentation d’eux-mêmes ?

Quel rôle assignerons-nous à nos médias pour changer la société, le regard de la société sur elle-même et sur ses enfants ?

Nous touchons là à nos valeurs socio-culturelles et à notre représentation de l’enfance.

Au fil des mutations sociétales, notre conception de l’enfant a subi des fluctuations. En raison de la forte mortalité infantile et de sa vulnérabilité, l’enfant n’a pas fait l’objet de projections claires et de renouvellement du projet de société. Pourtant le regard porté sur lui change et une idée moderne de l’enfant se fait jour.

Nous comptons sur vos travaux pour faire avancer la réflexion et la protection des générations futures.

(Source : Pressafrik, 26 février 2016)

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