La phase 2 de « Mes Données, Notre Santé » lancée pour une réforme législative d’ici 2026
lundi 22 décembre 2025
Le projet « Mes Données, Notre Santé », lancé ce 22 décembre 2025, marque un tournant dans la gouvernance des données de santé au Sénégal. Cette initiative, portée par l’Association des Éclaireuses et Éclaireurs du Sénégal (EEDS) et la coalition Transform Health, avec l’appui d’ENDA Santé, ambitionne de renforcer la digitalisation, la sécurité et la transparence des systèmes de santé à l’échelle nationale, tout en mobilisant les communautés et les décideurs.
Dans son discours d’ouverture, Abdou Aziz Lèye, représentant le Commissaire général des Éclaireuses et Éclaireurs du Sénégal, a tenu à rappeler que le lancement de cette nouvelle phase du projet ne constitue pas seulement une étape administrative, mais le point de départ d’une « véritable union sacrée » pour la santé numérique.
Selon lui, cette dynamique d’équipe, loin d’être une simple juxtaposition de logos, vise à corriger les disparités territoriales en informant les décideurs sur les besoins réels des zones périphériques, trop souvent éclipsées par la concentration des ressources à Dakar.
Au cœur des échanges, la question de la confidentialité s’est imposée comme l’un des défis majeurs de la digitalisation. Fatimata Dème, présidente du Réseau des Femmes Sénégalaises pour la Promotion de la Planification Familiale (REFESPF) et membre de la plateforme Transform Health, a insisté sur la nécessité d’un arsenal juridique protecteur.
Selon elle, la technologie ne doit pas progresser au détriment des droits individuels : « Il faut un cadre juridique qui nous permette d’encadrer nos actions. Nous savons qu’il y a les données personnelles, la collecte au niveau des structures de santé... La campagne « Mes Données, Notre Santé » va nous permettre de sensibiliser les acteurs communautaires, les autorités, mais également les populations. »
L’ingénierie politique au service du changement
La présentation du projet par Nathanael Louis Augustin Tété a permis de détailler les objectifs et les mécanismes de la campagne. La deuxième phase de « Mes Données, Notre Santé », qui s’étendra jusqu’en juin 2026, se concentre sur l’amélioration de la gouvernance des systèmes de santé et la digitalisation, tout en garantissant la confidentialité, la sécurité et l’usage responsable des données,rassure-t-il.
L’expert au sein de la coalition a détaillé un cadre stratégique visant à mobiliser un groupe de députés « champions » issus de la Commission Santé à l’Assemblée nationale. L’innovation réside dans l’utilisation proactive des instruments parlementaires : questions écrites au gouvernement, lettres ouvertes et tables rondes thématiques.
L’objectif est de générer un débat national permanent qui aboutira, d’ici juin 2026, à l’adoption d’une loi spécifique sur la gouvernance des données de santé. Cette méthode repose sur une « théorie du changement » où l’évidence locale (les témoignages et obstacles documentés sur le terrain) vient légitimer et nourrir l’agenda des décideurs à Dakar.
Parmi les priorités identifiées, la campagne « Mes Données, Notre Santé » entend également renforcer la participation des jeunes, des femmes et des communautés locales dans la collecte, la compréhension et l’utilisation des données sanitaires, afin de faire de ces acteurs des parties prenantes à part entière des politiques de santé.
Un déploiement territorial ancré dans les réalités locales
La force du projet réside dans sa capacité à articuler le plaidoyer national avec une action communautaire vigoureuse. Chaque région devient un laboratoire de solutions : Saint-Louis se concentre sur la connexion entre les autorités universitaires et sanitaires, tandis que Kaolack et Diourbel misent sur le dialogue direct avec les usagers les plus vulnérables.
Abdou Aziz Mandiang, chargé de projet à ENDA Santé, a insisté sur cette inclusion : aucune organisation, qu’elle soit bénéficiaire directe des fonds ou simple partenaire, ne doit être laissée en marge. Cette synergie d’expertises variées incluant les leaders religieux, les élus locaux et les médias communautaires garantit que la campagne ne restera pas un concept abstrait, mais une réponse palpable aux attentes de plus d’un million de jeunes et de femmes.
Malgré les défis financiers et les contraintes liées à la disponibilité des autorités, l’optimisme prévaut. La coalition a déjà entamé des démarches, prévoyant des rencontres avec le conseiller santé du Premier ministre dès janvier 2026.
(Source : Seneplus, 22 décembre 2025)
OSIRIS