L’Union africaine des télécoms obtient une subvention pour le passage à l’IPv6
mardi 10 juin 2025
La migration vers l’IPv6 s’avère indispensable alors que l’adoption des services de communications électroniques continue de s’accélérer. Le stock d’adresses IPv4 est épuisé depuis environ 15 ans.
L’Union africaine des télécommunications (UAT) a obtenu la semaine dernière une subvention de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) pour accélérer le passage de l’IPv4 à l’IPv6 sur le continent. Cette transition vise à soutenir la croissance du nombre d’abonnés à Internet en Afrique dans les années à venir.
Les protocoles IP (Internet Protocol) permettent d’identifier de manière unique chaque appareil connecté à Internet. Lancé en 1981, le protocole IPv4 a atteint ses limites d’attribution en 2011, avec une capacité maximale de 4,3 milliards d’adresses IP uniques. À l’inverse, l’IPv6 peut générer jusqu’à 340 trillions de trillions d’adresses, ce qui en fait une solution durable face à la demande croissante, tant pour les utilisateurs classiques que pour les objets connectés.
En Afrique subsaharienne, par exemple, on comptait seulement 320 millions d’abonnés à l’Internet mobile en 2023, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA). Ce chiffre devrait atteindre 528 millions d’ici 2030. Pourtant, le taux de pénétration resterait limité à 37 %, laissant encore environ 900 millions de personnes à connecter à l’Internet mobile, dans un contexte de forte croissance démographique. Par ailleurs, le nombre d’objets connectés sous licence dans la région devrait passer de 27 millions en 2023 à 51 millions en 2030.
L’UAT a déjà élaboré un cadre stratégique pour accompagner cette transition de l’IPv4 vers l’IPv6. Ce document sert de guide pour les pays africains, en vue d’adopter la nouvelle version du protocole Internet et de sensibiliser sur son importance dans le développement des infrastructures numériques.
Pour l’heure, l’adoption de l’IPv6 reste marginale sur le continent. Le taux était estimé à 1,36 % selon le rapport « Africa IPv6 Development White Paper » publié par l’UAT en 2022. D’après les données de l’Asia-Pacific Network Information Center (APNIC), ce taux atteignait 4,46 % fin mai 2025, contre environ 40 % à l’échelle mondiale. Certains pays se démarquent néanmoins, comme le Congo, le Gabon, la Tunisie et le Kenya, dont les taux d’adoption dépassent les 20 %. Ils sont suivis par le Sénégal, le Togo, le Rwanda, l’Angola, le Soudan du Sud, le Burkina Faso et le Zimbabwe, dont les taux restent en progression.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 10 juin 2025)