Le monde financier a basculé. Pendant que les États-Unis, la Chine et les Émirats redéfinissent la finance mondiale à travers les stablecoins et la tokenisation des actifs, la zone UEMOA reste bloquée dans un système monétaire hérité de la colonisation. Nos pays ne peuvent rien faire sur le franc CFA sans l’autorisation de trois commissions européennes. Autrement dit : nous utilisons une monnaie dont nous n’avons ni le contrôle technologique, ni la capacité d’innovation.
Pourtant, un stablecoin en CFA le eXOF aurait pu révolutionner nos échanges. Il aurait permis de payer, investir et commercer à l’international en monnaie locale, tout en réduisant notre dépendance au dollar et à l’euro. C’était la possibilité d’intégrer enfin la finance mondiale sans intermédiaire, en connectant directement nos banques, nos startups et nos diasporas.
La tokenisation, elle, ouvre un champ encore plus vaste. Elle permet de transformer nos actifs réels or, immobilier, dettes publiques, infrastructures, crédits carbone en titres numériques échangeables à l’échelle mondiale. Cela signifie : mobiliser des milliards de capitaux pour financer nos économies, sans passer par les marchés traditionnels dominés par les grandes puissances. Mais faute de cadre monétaire autonome, ces opportunités nous échappent.
Ce blocage n’est pas technique, il est institutionnel et politique. Tant que notre monnaie dépendra de décisions extérieures, nous resterons spectateurs d’une révolution qui décide déjà de la répartition future du pouvoir économique mondial. Chaque mois perdu creuse notre retard technologique, financier et géopolitique.
Il est temps d’assumer une rupture. L’Afrique de l’Ouest doit penser et créer sa propre monnaie numérique souveraine, adossée à ses richesses et régulée par ses institutions. Le eXOF ne serait pas une utopie, mais un acte d’indépendance économique. Rester immobile dans ce contexte, c’est accepter que notre futur monétaire soit écrit ailleurs et contre nous.
Seydou Bocoum
Economiste hétérodoxe
(Source : Groupe WhatsApp du RASA, 1er novembre 2025)
OSIRIS
L’UEMOA est hors jeu dans la révolution financière mondiale