L’Ouganda veut ouvrir davantage le backbone national de fibre au secteur privé
mardi 8 avril 2025
Le backbone national des TIC en Ouganda est actuellement dans sa cinquième phase de mise en œuvre. Les quatre premières phases ont permis d’installer 4387 kilomètres de fibre optique à travers le pays. Lancée en décembre 2024, cette cinquième phase prévoit l’ajout de 5845 kilomètres supplémentaires.
Le gouvernement ougandais a décidé de confier la gestion et la commercialisation de l’infrastructure dorsale nationale des TIC, connue sous le nom de NBI (National Backbone Infrastructure), à l’opérateur historique Uganda Telecommunications Corporation (UTel). Cette initiative vise à ouvrir l’infrastructure au secteur privé, dans l’objectif d’améliorer la couverture Internet et de stimuler les investissements.
L’annonce, faite la semaine dernière par Chris Baryomunsi, ministre des TIC et de l’Orientation nationale, s’inscrit dans les efforts pour relancer l’opérateur historique. « Jusqu’ici, la NBI a surtout été utilisée par des agences gouvernementales, avec peu de clients du secteur privé. Si nous le commercialisons pleinement, nous pourrons l’ouvrir au secteur privé et générer plus de revenus », a-t-il déclaré lors de la présentation de la déclaration de politique ministérielle au Parlement.
Dans une « Évaluation de l’économie numérique de l’Ouganda » publiée en 2020, la Banque mondiale recommandait déjà que la NBI adopte un modèle d’accès ouvert et de gros pour couvrir davantage de zones mal desservies. Cela permettrait d’accroître la pénétration des services de communication, dans un contexte où, fin 2023, 90 % de la population ougandaise estimée à environ 48,6 millions n’utilisait pas Internet, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT).
« Il convient de veiller à ne pas décourager les investissements privés tout en maximisant les retombées positives pour la fourniture privée des services de dernier kilomètre utilisant la NBI comme backhaul. Des lignes directrices réglementaires sont nécessaires pour encadrer l’accès des opérateurs privés aux infrastructures publiques. Cela encouragerait le partage d’infrastructures, afin de réduire les coûts pour les consommateurs », a ajouté la Banque mondiale.
Cependant, avant de confier la gestion du backbone à UTel, le gouvernement ougandais devra résilier le contrat de Soliton Telmec, qui avait signé un accord de 15 ans avec l’Autorité nationale des technologies de l’information – Ouganda (NITA-U). « Ne serait-il pas plus économique de laisser Soliton achever les trois années restantes de son contrat ? Cette période n’est pas excessive si elle est bien négociée, afin que Soliton se retire sans coût supplémentaire », a recommandé Tony Ayoo, président de la commission parlementaire des TIC et de l’Orientation nationale.
Malgré ces réserves, le gouvernement est déterminé à clore ce dossier dans les plus brefs délais, quitte à verser des indemnités si nécessaire. En effet, la société émiratie Rowad Capital Commercial LLC (RCC), qui a signé un mémorandum d’accord pour acquérir une participation de 60 % dans UTel, se dit prête à investir. Le partenariat envisagé prévoit un investissement initial de 25 millions de dollars, suivi d’un apport complémentaire de 200 millions de dollars au cours des trois prochaines années.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 8 avril 2025)