L’Instruction n° 001-01-2024 de la BCEAO encadrant les services de paiement dans l’UMOA
mercredi 7 mai 2025
L’Instruction n° 001-01-2024 de la BCEAO, qui encadre les services de paiement dans l’UMOA, présente une forte similarité structurelle et conceptuelle avec la Directive européenne DSP2. En adoptant les mêmes principes fondamentaux – tels que l’authentification forte, la reconnaissance des prestataires tiers (agrégateurs, initiateurs de paiement), la protection des données, et l’encadrement rigoureux des acteurs la BCEAO aligne son système de régulation financière sur celui de l’Union européenne. Cette harmonisation n’est pas fortuite : elle reflète une volonté stratégique d’insérer l’économie numérique ouest-africaine dans les standards de la zone euro.
Cette proximité réglementaire est d’autant plus significative que le franc CFA (XOF) est rattaché à l’euro par une parité fixe, garantie par le Trésor français. Ce lien monétaire crée une dépendance structurelle entre les politiques financières de l’UMOA et celles de la zone euro, notamment en matière de stabilité, de convertibilité et de contrôle de la masse monétaire. En adoptant une instruction miroir de la DSP2, la BCEAO reconnaît de facto l’euro comme monnaie de référence et inscrit le CFA dans une logique de complémentarité monétaire, non seulement sur le plan de la politique de change, mais aussi sur celui des infrastructures financières numériques.
Ainsi, au-delà d’une simple transposition technique, l’Instruction n° 001-01-2024 confirme la position subordonnée ou complémentaire du CFA à l’euro, renforçant l’idée que l’UMOA fonctionne comme une zone monétaire périphérique intégrée à l’Europe. Cela pose des questions sur la souveraineté monétaire de la région, mais offre aussi une certaine stabilité, en facilitant les échanges et l’interopérabilité des services financiers entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe. Ce modèle pourrait évoluer avec les discussions autour de l’ECO, mais pour l’instant, il confirme la forte interdépendance entre les deux zones.
Dr Seydou Bocoum
(Source : Groupe WhatsApp du RASA, 7 mai 2025)