L’innovation pédagogique mondiale s’invite dans les amphis nigérians
mercredi 2 juillet 2025
Alors que 3,5 millions de Nigérians arrivent chaque année sur un marché du travail peu porteur selon la Banque mondiale, l’émergence de formations innovantes apparaît comme une piste stratégique pour inverser la tendance.
Deux grandes universités nigérianes s’apprêtent à accueillir des programmes éducatifs transformateurs, apprend-on dans une déclaration de Oluseyi Sodiya, un expert en technologie numérique, ce dimanche 29 juin à Abuja. D’après une information relayée par la presse locale, l’Université de Lagos (UNILAG) ouvrira le bal avec une formation intensive du 21 au 25 juillet, suivie par l’Université d’État d’Ekiti, qui prendra le relais du 28 juillet au 1er août. Ces programmes, organisés par l’ONG Professors without Borders en partenariat avec des facultés locales, visent à renforcer les compétences en leadership, innovation et durabilité pour soutenir la transformation digitale de l’économie nigériane.
Au total, 200 étudiants et enseignants sont attendus. L’initiative repose sur une interaction directe entre experts internationaux et universitaires locaux, favorisant un transfert des savoirs vers les étudiants et des méthodes pédagogiques vers les enseignants. Les participants seront également encouragés à concevoir des projets concrets, adaptés aux réalités locales, pour une application immédiate des apprentissages.
À terme, les organisateurs ambitionnent d’étendre le programme à plus de 15 universités et de former 2 000 personnes d’ici à 2030, en cohérence avec les objectifs de diversification économique et de développement du capital humain inscrits dans la Vision 2030 du Nigeria.
Cette initiative arrive à point nommé dans un pays où 40 % des jeunes sont sans qualification claire, et où 12,5 % ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, selon l’Agence nationale des statistiques. Le renforcement des compétences devient ainsi un levier crucial pour améliorer l’employabilité et stimuler l’innovation.
La réussite de l’initiative dépendra toutefois de plusieurs facteurs : l’intégration durable de ces modules dans les parcours diplômants, la mobilisation de financements pour élargir le dispositif, et une implication accrue du secteur privé. Des initiatives similaires, comme le « 3MTT » (Three Million Technical Talents) lancé par le gouvernement fédéral, témoignent d’une volonté de structurer l’écosystème. Mais sans réforme en profondeur des curricula ni évaluation rigoureuse des impacts, l’effet de levier pourrait rester limité.
Félicien Houindo Lokossou
(Source : Agence Ecofin, 2 juillet 2025)