OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2025 > L’IA comme bien public : une nécessité de garantir la régulation de cette (…)

L’IA comme bien public : une nécessité de garantir la régulation de cette technologie

mercredi 19 mars 2025

Point de vue

L’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui un véritable tournant dans l’évolution technologique et économique de nos sociétés. Au-delà de sa capacité à automatiser certains processus, elle occupe un rôle clé dans la façon dont nous produisons, partageons et consommons l’information. Par son pouvoir algorithmique, elle influence directement les processus de construction de l’opinion publique, en orientant les débats citoyens à travers les recommandations automatisées.

C’est ainsi que dans le cadre des consultations du Forum Information et Démocratie, des pays d’Afrique comme le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, ont donné leurs avis sur la gouvernance de l’intelligence artificielle en formulant des recommandations. En collaboration avec Jonction, une organisation sénégalaise spécialisée dans la défense des droits numériques, 07 experts, dont votre serviteur, ont élaboré les recommandations du Sénégal pour une gouvernance inclusive de l’IA.

L’intégration de l’intelligence artificielle dans le cadre du New Deal technologique du Sénégal représente une étape significative dans les programmes et projets de modernisation de l’État. Le pouvoir public reconnaît clairement l’IA comme un levier stratégique pour propulser son développement numérique, soulignant son potentiel dans divers secteurs, comme l’éducation, la santé, la gouvernance et l’économie.

Toutefois, cet engagement soulève d’importantes interrogations sur la régulation de cette technologie, en particulier dans un contexte où ses effets se déploient à une échelle mondiale et, plus encore, en tant que bien public. Dans cette perspective, la régulation de l’IA apparait comme une nécessité incontournable pour assurer sa gouvernance, sa transparence et la protection des droits fondamentaux des individus.

L’Intelligence artificiel, un outil stratégique pour la gouvernance informationnelle

L’histoire de l’humanité a toujours été influencée par le contrôle de l’information, qui est un bien immatériel mais qui a un poids énorme sur le plan politique et économique.

Aujourd’hui, les grandes entreprises technologiques qui dominent le paysage numérique mondial se trouvent dans une position clé grâce à leur maîtrise des données et des algorithmes. Cette influence des algorithmes leur permet de façonner, parfois sans qu’on s’en rende compte, les sujets qui occupent l’espace public, orientant ainsi les discussions tant nationales qu’internationales.

Le scandale de Cambridge Analytica a mis en lumière les dangers de cette concentration de pouvoir : manipulation de l’opinion publique, atteinte à la vie privée, et détournement des données à des fins politiques. Cet incident souligne l’importance d’une régulation stricte de l’intelligence artificielle (IA), tant au niveau national qu’international, pour sauvegarder les principes démocratiques et les libertés fondamentales. Ce qui recommande de donner une place importante à l’IA et son impact dans l’espace de l’information dans le cadre des formations au numérique et à l’information et d’impliquer les acteurs de la société civile dans le cadre de gouvernance dédiée à l’IA

La question centrale réside dans le fait que l’IA, par son déploiement global, ne connaît pas de frontières géographiques. Cette absence de frontières, couplée à la domination des technologies numériques par les pays développés, constitue un risque majeur pour les pays les moins avancés, notamment pour l’Afrique. Le Sénégal, comme d’autres nations africaines, bien qu’étant un consommateur des technologies numériques, peine souvent à avoir un poids significatif dans la définition des règles qui régissent ces technologies. Cette asymétrie de pouvoir technologique met en lumière la nécessité pour le Sénégal et les autres pays africains de renforcer leur souveraineté informationnelle.

La régulation de l’IA : un cadre nécessaire pour protéger les données personnelles et la vie privée

L’un des principaux défis auxquels nous faisons face en matière de régulation de l’IA, c’est la protection des données personnelles. Ainsi, il est recommandé par exemple d’avoir une classification en fonction de l’analyse de l’impact sur la vie privée.

Avec cette technologie qui change complètement la façon dont nous collectons, traitons et partageons nos données, il est vraiment essentiel de garantir une protection solide qui s’adapte aux réalités technologiques d’aujourd’hui. La première ligne de défense de cette protection repose sur la formation et la sensibilisation des développeurs d’IA. Ceux-ci doivent être formés aux meilleures pratiques en matière de protection des données dès la phase de conception des technologies. Il ne s’agit pas uniquement d’intégrer des normes de sécurité, mais aussi d’inculquer aux développeurs une culture de la protection des données comme un principe fondamental dans la création des outils technologiques. Dans cette optique, il serait intéressant de créer des modules spécifiques sur la protection des données personnelles, à intégrer dès le début du développement des systèmes d’IA.

En parallèle, il devient important de renforcer la formation des utilisateurs. Les citoyens doivent être dorénavant informés des risques qu’implique l’utilisation des technologies d’IA et apprendre les bonnes pratiques pour protéger leur vie privée. Cette formation peut être concrétiser par des programmes d’éducation au numérique, garantissant ainsi un écosystème sûr et responsable. Tout de même, la formation permettra aux différents acteurs d’avoir un niveau significatif de littéracie numérique.

Des régimes de responsabilité clairs et une autorité de régulation dédiée

Un élément essentiel dans la régulation de l’IA, c’est de poser des bases solides au niveau du régime de la responsabilité. Il est nécessaire de définir le régime de responsabilité́. En effet, chaque acteur, que ce soit un développeur, un fournisseur ou un déployeur, doit savoir exactement ce qu’il doit assumer en termes d’impact de ses systèmes d’IA. Cela nécessite l’établissement d’une autorité de régulation habilitée à superviser les pratiques, veiller à une composition inclusive de cette autorité́ ou entité́ si toutefois une autorité́ existante assure le contrôle et à s’assurer qu’elles respectent les normes mises en place. Cette autorité devrait posséder des prérogatives d’enquête et de sanction, et son fonctionnement devrait être suffisamment inclusif pour représenter tous les intérêts des différentes parties.

La régulation de l’IA implique également la mise en place de mécanismes de recours pour les utilisateurs dont les droits ont été violés. En cas de manquements, les citoyens doivent ainsi pouvoir faire appel à des voies de recours efficaces pour obtenir réparation. À cette fin, il convient de prévoir des audits externes réguliers des systèmes d’IA, afin de garantir leur conformité avec les normes de protection des données et de la vie privée. Ces audits devraient être réalisés par des entités indépendantes et avoir un caractère public, afin d’assurer une transparence maximale.

Pour conclure, il est primordial de réaliser que cette révolution est une chance incroyable pour le Sénégal, à condition de la réguler de manière à en faire un véritable bien commun. Le pays doit agir de façon décisive pour garantir une gouvernance responsable de l’IA, en créant des mécanismes de régulation solides qui préservent les droits des citoyens tout en favorisant l’innovation. Il est important que cette régulation ne se limite pas au contexte national, mais s’inscrive dans une dynamique régionale et internationale, collaborant avec d’autres nations africaines pour relever les défis communs posés par les géants technologiques. Il est de la responsabilité des autorités sénégalaises de veiller à ce que l’IA soit utilisée de manière équitable, transparente et respectueuse des droits de tous, et ce, dans l’intérêt général.

Assane Sy
Cyber juriste-consultant, Spécialiste en droit du numérique

(Source : Le Soleil, 19 mars 2025)

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4180/4457 Régulation des télécoms
  • 348/4457 Télécentres/Cybercentres
  • 3110/4457 Economie numérique
  • 1601/4457 Politique nationale
  • 4457/4457 Fintech
  • 507/4457 Noms de domaine
  • 1639/4457 Produits et services
  • 1386/4457 Faits divers/Contentieux
  • 726/4457 Nouveau site web
  • 4389/4457 Infrastructures
  • 1610/4457 TIC pour l’éducation
  • 182/4457 Recherche
  • 242/4457 Projet
  • 2945/4457 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1798/4457 Sonatel/Orange
  • 1564/4457 Licences de télécommunications
  • 265/4457 Sudatel/Expresso
  • 933/4457 Régulation des médias
  • 1201/4457 Applications
  • 1009/4457 Mouvements sociaux
  • 1563/4457 Données personnelles
  • 120/4457 Big Data/Données ouvertes
  • 591/4457 Mouvement consumériste
  • 360/4457 Médias
  • 645/4457 Appels internationaux entrants
  • 1435/4457 Formation
  • 96/4457 Logiciel libre
  • 1707/4457 Politiques africaines
  • 818/4457 Fiscalité
  • 166/4457 Art et culture
  • 570/4457 Genre
  • 1482/4457 Point de vue
  • 964/4457 Commerce électronique
  • 1405/4457 Manifestation
  • 313/4457 Presse en ligne
  • 125/4457 Piratage
  • 204/4457 Téléservices
  • 847/4457 Biométrie/Identité numérique
  • 319/4457 Environnement/Santé
  • 319/4457 Législation/Réglementation
  • 335/4457 Gouvernance
  • 1670/4457 Portrait/Entretien
  • 144/4457 Radio
  • 724/4457 TIC pour la santé
  • 271/4457 Propriété intellectuelle
  • 58/4457 Langues/Localisation
  • 1008/4457 Médias/Réseaux sociaux
  • 1853/4457 Téléphonie
  • 190/4457 Désengagement de l’Etat
  • 975/4457 Internet
  • 114/4457 Collectivités locales
  • 378/4457 Dédouanement électronique
  • 1019/4457 Usages et comportements
  • 1025/4457 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 551/4457 Audiovisuel
  • 2798/4457 Transformation digitale
  • 382/4457 Affaire Global Voice
  • 150/4457 Géomatique/Géolocalisation
  • 402/4457 Service universel
  • 660/4457 Sentel/Tigo
  • 174/4457 Vie politique
  • 1502/4457 Distinction/Nomination
  • 34/4457 Handicapés
  • 675/4457 Enseignement à distance
  • 674/4457 Contenus numériques
  • 585/4457 Gestion de l’ARTP
  • 178/4457 Radios communautaires
  • 1616/4457 Qualité de service
  • 424/4457 Privatisation/Libéralisation
  • 132/4457 SMSI
  • 448/4457 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2578/4457 Innovation/Entreprenariat
  • 1309/4457 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 47/4457 Internet des objets
  • 170/4457 Free Sénégal
  • 350/4457 Intelligence artificielle
  • 194/4457 Editorial
  • 22/4457 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous