L’Expérimentation assistée par ordinateur est une réponse aux défis des travaux pratiques, selon un universitaire
mercredi 26 novembre 2025
L’Expérimentation assistée par ordinateur (EXAO) constitue une réponse aux difficultés rencontrées par les universités sénégalaises pour assurer des travaux pratiques (TP) en sciences, en raison de l’augmentation des effectifs et du coût élevé des équipements traditionnels, a souligné, mardi, le doyen de la faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD), Ismaël Diouf.
‘’L’EXAO est une alternative pour renforcer les TP en milieu universitaire. Nos universités sont pléthoriques et peinent à offrir suffisamment de TP faute d’espace, de matériels et de produits [qui sont] coûteux. Or, faire des sciences sans expérimenter, c’est presque ne pas faire des sciences ‘’, a-t-il déclaré le professeur Diouf.
Il présidait les Journées scientifiques dédiées à l’expérimentation assistée par ordinateur (EXAO), une approche présentée comme ‘’un outil d’innovation pédagogique ‘’ pour l’enseignement des sciences expérimentales.
Selon lui, l’EXAO offre une alternative crédible grâce à des capteurs et à des ordinateurs permettant de réaliser des expérimentations virtuelles, ‘’très réalistes ‘’ et mieux adaptées au contexte actuel.
Il a fait part de l’expérience du Maroc, qui a déjà implémenté ce dispositif ‘’avec succès’’, et qui en partage l’expertise au Sénégal.
L’universitaire a toutefois relevé plusieurs défis, notamment la mise à disposition d’ordinateurs, de capteurs et la formation des enseignants afin qu’ils puissent, à leur tour, former les étudiants.
L’EXAO ‘’est possible et même moins coûteuse que l’expérimentation classique, mais il nous faut un accompagnement financier‘’, a-t-il dit, indiquant vouloir faire de cette innovation ‘’ un standard ‘’ au sein de la faculté, en impliquant tous les départements.
‘’Le changement doit commencer par les enseignants. Le recteur nous accompagnera et le ministre de l’Enseignement supérieur, qui est issu de notre faculté, comprend parfaitement les enjeux ‘’, a-t-il ajouté.
Le Pr Diouf a également plaidé pour une extension progressive du dispositif vers l’enseignement professionnel et secondaire.
‘’Nous avons invité la FASTEF [Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation]. Nous devons vulgariser l’outil pour l’amener jusqu’aux lycées où l’expérimentation est quasi absente. C’est aussi une décision politique qui nécessite l’implication du ministère de l’Éducation nationale et des IA [Inspections d’académie] ‘’, a indiqué le doyen de la faculté des sciences et techniques de l’UCAD.
Invité des journées scientifiques, Pierre Nonnon, professeur à l’université de Montréal, au Canada, et directeur du laboratoire de robotique pédagogique, s’est dit heureux de constater l’essor de cette technologie, que son équipe a eu le privilège d’être la primevère à développer une EXAO, en 1972.
‘’Les EXAO constituent un laboratoire où les appareils de mesure sont virtuels, mais les données restent réelles grâce à des capteurs. Les coûts ne cessent de baisser‘’, a-t-il indiqué, précisant que son équipe a récemment conçu ‘’un microcontrôleur 60 fois moins cher que les standards industriels‘’.
L’universitaire canadien affirme que ces outils peuvent être facilement diffusés dans les pays en développement.
‘’Nous sommes des universitaires, pas des commerçants. Notre objectif est de collaborer et d’accompagner ceux qui s’approprient cette technologie ‘’, a-t-il dit.
Les Journées scientifiques EXAO réunissent des enseignants, des chercheurs et des experts en pédagogie numérique autour d’ateliers, de démonstrations et d’échanges portant sur l’intégration de l’outil informatique dans l’expérimentation scientifique.
(Source : APS, 26 novembre 2025)
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