L’erreur humaine, talon d’Achille de la défense numérique africaine
samedi 28 juin 2025
Du 24 au 25 juin à Cotonou, la 5e édition du Cyber Africa Forum a rassemblé décideurs publics et experts autour des enjeux de résilience et de transformation numérique du continent. Parmi les thématiques abordées lors des panels et keynotes figurait notamment la défense numérique africaine.
Lors de la 5e édition du Cyber Africa Forum, la question de la défense numérique africaine a fait l’objet d’un panel. Modéré par Radia Ouro-Gbele, experte en cybersécurité et fondatrice de OG IT Consulting, cette thématique s’est imposée du fait de l’accélération de la transformation numérique sur le continent.
L’ une des intervenantes, Ismene Deguenonvo, analyste cybersécurité à l’Agence des systèmes d’information et du numérique, a indiqué que « l’humain est le maillon le plus faible de la chaîne de cybersécurité. C’est par lui que tout passe et il représente le risque dans la mise en place d’une infrastructure de sécurité ». Au-delà de l’humain, la vétusté des infrastructures numériques et la faible culture en matière de cybersécurité figurent également, selon elle, parmi les trois défis majeurs qui freinent la souveraineté dans le secteur de la cybersécurité au Bénin.
Radia Ouro-Gbele renchérit en citant une étude réalisée par la firme technologique américaine IBM. En effet, l’erreur humaine est un facteur majeur dans les failles de cybersécurité, et plus de 95% des violations de sécurité sont attribuables à des actions ou des négligences humaines, rapporte l’étude. « Quels que soient les millions de dollars investis pour sécuriser les systèmes, il suffit juste d’une personne donc c’est important de mettre beaucoup de moyens à sensibiliser », ajoute-t-elle.
Selon le dernier rapport d’évaluation d’Interpol sur la cybermenace en Afrique, publié en juin 2025, l’Afrique du Sud est le pays du continent ayant enregistré le plus grand nombre de détections de rançongiciels en 2024, avec 17 849 cas recensés. Cependant, le pays est le plus engagé en matière d’investissement dans la cybersécurité. D’après le cabinet Kearney, dans son rapport « Cybersecurity in Africa - A Call to Action » publié en 2023, l’Afrique du Sud consacre 0,19 % de son PIB à la cybersécurité, contre seulement 0,06 % en moyenne pour l’Afrique du Nord et 0,03 % pour l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud).
Pourtant, selon le Global Cybersecurity Index 2024 de l’Union internationale des télécommunications, la nation arc-en-ciel ne fait pas figure de modèle en matière de cybersécurité. Elle est classée en Tier 2 avec un score de 86,25 sur 100, et affiche sa plus faible performance sur l’axe du développement des capacités, un indicateur clé regroupant la formation, la sensibilisation, la recherche ainsi que les programmes éducatifs visant à renforcer les compétences nationales sur ce segment.
Alors que l’erreur humaine reste la principale faille, la priorité semble devoir basculer vers le développement des compétences et la culture de la cybersécurité des citoyens, fonctionnaires et entreprises. Face à la montée des menaces et à la sophistication des cyberattaques, les États africains pourraient être amenés à intégrer le paramètre cybersécurité dans leurs politiques publiques de formation.
Adoni Conrad Quenum
(Source : Agence Ecofin, 28 juin 2025)