L’éducation des abonnés comme ligne de défense pour la sécurité des moyens de paiement
vendredi 27 juin 2025
En Afrique, l’adoption rapide des moyens de paiement électroniques s’accompagne d’une recrudescence des fraudes ciblant ces canaux. Le Cyber Africa Forum 2025 a été l’occasion de mettre en lumière les stratégies efficaces pour lutter contre ces cybermenaces.
Au Cyber Africa Forum 2025, plusieurs experts ont souligné l’urgence de renforcer l’éducation des consommateurs, considérée comme la première ligne de défense contre les cybermenaces dans le secteur des paiements électroniques. La question a notamment été abordée le mercredi 25 juin, lors d’un panel intitulé « Sécurité des moyens de paiement : entre innovations et cybercriminalité ».
Participant au panel, Miguel Sossouhounto, directeur des études et des partenariats au Centre national d’identification numérique (CNIN) du Bénin, a expliqué que la plupart des cyberattaques actuelles reposent sur l’ingénierie sociale, une méthode qui consiste à exploiter l’incrédulité des utilisateurs pour obtenir des informations confidentielles. Parmi les exemples cités : les faux dépôts d’argent suivis d’un appel urgent demandant un remboursement, le phishing via de faux sites web conçus pour voler les identifiants, ou encore le recours à des « mules », souvent manipulées à distance, pour réaliser des opérations financières frauduleuses à leur insu. Il a également mentionné des attaques plus sophistiquées, ciblant directement les systèmes techniques ou les bases de données des opérateurs, mais qui restent moins fréquentes.
De son côté, Athina Niekou, directrice marketing de Wave Côte d’Ivoire, a expliqué que la fintech mise d’abord sur la simplicité de sa plateforme pour réduire le risque humain. « On est énormément dans l’éducation avec nos clients. Nos clients nous reconnaissent justement parce que sur le terrain on a énormément d’agents qui les éduquent. Même au travers de nos supports marketing, on fait passer des messages pour éduquer nos clients à sécuriser leurs comptes et avoir des réflexes plus intelligents », a-t-elle ajouté.
Cet appel au Cyber Africa 2025 intervient dans un contexte de recrudescence des fraudes sur les moyens de paiement électroniques comme le mobile money, dont l’adoption croissante favorise l’inclusion financière de la population. Cette tendance est confirmée par 84 % des professionnels de l’écosystème du mobile money interrogés par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) dans une récente étude.
Face à cette situation, la GSMA recommande aux fournisseurs de mobile money de « mener de vastes campagnes de sensibilisation pour informer les clients sur les risques et les mesures de prévention ». Elle recommande également aux autorités publiques de rassembler les différentes parties prenantes afin de collaborer sur diverses initiatives, notamment les programmes de sensibilisation et le partage d’informations.
À titre d’exemple, la GSMA cite deux initiatives mises en œuvre en Ouganda en 2021 et 2023. La première, baptisée « Tonfera », a adopté une approche multicanale combinant radio, télévision, presse écrite et réseaux sociaux pour toucher une large audience à travers le pays. Ces campagnes ont permis d’enregistrer plusieurs résultats positifs, notamment : une baisse des cas de fraude, une hausse des signalements de tentatives, avec désormais plus de tentatives déjouées que de fraudes effectives (avec un ratio estimé à 60:40), ainsi qu’une meilleure autonomisation des consommateurs.
Au terme du panel, les participants se sont engagés à intensifier les initiatives d’éducation des consommateurs. Cependant, ils ont souligné que ces efforts ne porteront leurs fruits que s’ils s’accompagnent d’une coordination renforcée entre les acteurs publics et privés, ainsi que d’une véritable prise de conscience des consommateurs.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 27 juin 2025)