L’ATU et The Metaverse Institute posent les bases d’un metaverse africain structuré
jeudi 29 mai 2025
L’essor des technologies immersives suscite un intérêt croissant sur le continent. Face à cette évolution rapide, les institutions africaines intensifient leurs efforts pour accompagner la transition numérique.
La semaine dernière à Nairobi, l’Union africaine des télécommunications (ATU) et The Metaverse Institute ont annoncé un partenariat stratégique pour poser les bases d’un cadre africain dédié au metaverse. Ce projet vise à permettre aux 52 États membres de l’ATU de développer des usages immersifs adaptés à leurs besoins en matière d’éducation, de santé, d’agriculture ou de formation professionnelle.
Le metaverse n’est plus un concept lointain sur le continent. Avec une progression du taux d’utilisation d’Internet, passé de 28,6 % en 2019 à 38 % en 2024 selon l’ATU, les technologies immersives trouvent désormais des applications concrètes. Elles permettent de former des chirurgiens à distance, de simuler la gestion d’une ville, de planifier des récoltes ou encore de collaborer virtuellement entre professionnels de différents pays.
L’absence de cadre commun entrave la mise en réseau des expériences et ralentit l’essor de solutions africaines à grande échelle. La sécurité des données reste fragile, l’inclusion économique limitée et la souveraineté numérique encore incertaine.
Le partenariat prévoit la mise en place de groupes de travail réunissant experts, décideurs et entrepreneurs africains. Ils auront pour mission de concevoir des politiques publiques, de définir des standards techniques, de proposer des formations et de superviser des projets pilotes dans plusieurs pays.
Plusieurs initiatives existent déjà sur le continent. En Côte d’Ivoire, la plateforme Agrismartchain utilise le métaverse pour améliorer les pratiques agricoles. Au Kenya, Arifu développe des contenus éducatifs immersifs. En Égypte, PraxiLabs propose des laboratoires virtuels pour l’enseignement supérieur. Mais ces exemples restent encore isolés.
Ce nouveau cadre vise à mutualiser les connaissances, élargir l’accès aux technologies immersives et renforcer les compétences locales. « Notre jeunesse entre dans un monde d’opportunités. Nous devons agir maintenant pour bâtir des économies et des communautés virtuelles sûres et inclusives », résume John Omo (photo, à gauche), secrétaire général de l’ATU.
Au-delà des usages immédiats, ce projet est aussi un acte de souveraineté numérique. En définissant ses propres standards, l’Afrique peut peser sur les normes mondiales du Web immersif, attirer des investissements et offrir à sa jeunesse de nouvelles opportunités. Selon une étude de Meta, le metaverse pourrait contribuer à hauteur de 40 milliards de dollars au PIB de l’Afrique subsaharienne d’ici 2031 si son adoption suit la même trajectoire que la téléphonie mobile.
La réussite de cette ambition dépendra toutefois de l’engagement des États. Ils devront harmoniser leurs politiques nationales et investir dans des infrastructures numériques solides pour donner vie à cette vision.
Melchior Koba
(Source : Agence Ecofin, 29 mai 2025)