L’Afrique appelée à adopter un cadre de résilience pour protéger son Internet
jeudi 14 août 2025
Face à la multiplication des interruptions d’accès à Internet, les acteurs clés des télécommunications sur le continent pressent les gouvernements et les régulateurs d’adopter et de mettre en œuvre un Cadre Modèle pour la Résilience Régionale de l’Internet. Cette initiative est soutenue par l’Union africaine des télécommunications (ATU), l’Internet Society (ISOC) et l’African Network Information Centre (AFRINIC).
Le document propose d’organiser le défi de la résilience autour de trois axes interdépendants : la robustesse des réseaux et des fournisseurs de services Internet, la protection des infrastructures critiques telles que les réseaux électriques et les câbles sous-marins, et enfin les conditions de marché qui influent sur l’accessibilité et la demande. Selon ses concepteurs, ce cadre doit servir de feuille de route pour renforcer la capacité des pays africains à absorber les chocs et à rétablir rapidement la connectivité en cas de crise.
Une fois adopté, il imposerait aux entités clés de chaque écosystème national — opérateurs mobiles, fournisseurs d’électricité, fournisseurs d’accès Internet, points d’échange Internet ou registres nationaux de noms de domaine — d’élaborer dans l’année un plan de résilience. Ce document devrait être révisé chaque année et rester aligné sur les plans de continuité et de reprise des opérations déjà en place. Il préciserait également comment intégrer dans les opérations les piliers de la résilience : redondance, capacité d’adaptation et rapidité de rétablissement.
Cette mobilisation est née de perturbations majeures, comme la panne du West Africa Cable System en mars 2024, qui a paralysé les communications dans 13 pays pendant plusieurs jours. Pour John Omo, secrétaire général de l’ATU, chaque coupure est un signal d’alarme qui rappelle la vulnérabilité du continent. « La connectivité reste le système nerveux de l’Afrique et quand elle s’interrompt, les écoles, les hôpitaux et les marchés s’arrêtent aussi. Ce cadre est notre police d’assurance contre l’obscurité numérique », affirme-t-il.
Arthur Carindal, responsable des relations avec les parties prenantes chez AFRINIC, salue cette approche coordonnée, estimant qu’elle constitue une opportunité pour tous les acteurs de contribuer à la définition de recommandations politiques et de bonnes pratiques adaptées aux réalités africaines. Selon lui, le renforcement de l’infrastructure Internet du continent est non seulement un impératif technique, mais aussi un enjeu stratégique pour la souveraineté numérique africaine.
(Source : Afrique ITnews