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Accueil > Articles de presse > Année 2025 > Juillet 2025 > Interview exclusive avec Lacina Koné, DG de Smart Africa : la crise de (…)

Interview exclusive avec Lacina Koné, DG de Smart Africa : la crise de gouvernance à AFRINIC

mercredi 2 juillet 2025

Portrait/Entretien

La crise de gouvernance qui secoue AFRINIC, marquée par l’annulation des élections de juin 2025, met en lumière des défis majeurs pour l’écosystème numérique africain. Lacina Koné, Directeur Général de Smart Africa, décrypte pour CIO MAG les enjeux de cette situation critique, ses implications sur l’infrastructure et l’innovation, et la position de Smart Africa pour une refonte durable de l’institution.

CIO MAG : Monsieur le Directeur Général, merci de nous accorder cet entretien. La décision d’annuler les élections de juin 2025 à AFRINIC a fait grand bruit. Comment Smart Africa perçoit-elle cette annulation et quelles en sont, selon vous, les raisons officielles ?

Lacina Koné : L’annulation des élections de juin 2025, officiellement justifiée par des irrégularités liées à la documentation des électeurs – notamment des procurations douteuses et un accès contesté à certaines bases de données par des parties prenantes – est une décision inattendue, mais compréhensible. Elle révèle l’ampleur du dysfonctionnement interne à AFRINIC et l’urgence de restaurer la légitimité du processus électoral. Pour nous, en tant que partie prenante, cela met en lumière un système électoral fragilisé, vulnérable aux manipulations, qui doit impérativement être refondé sur des bases crédibles et traçables.

CIO MAG : Quel est l’impact immédiat de cette annulation sur la crise de gouvernance déjà existante à AFRINIC ?

Lacina Koné : Cette annulation aggrave une crise de gouvernance déjà profonde. Elle remet en cause non seulement la capacité d’AFRINIC à organiser des élections libres, mais aussi sa neutralité institutionnelle. À court terme, cela accentue l’instabilité organisationnelle, retarde la reconstitution du Conseil d’Administration et compromet la continuité des décisions critiques, y compris celles liées à la gestion des ressources IP.

CIO MAG : Smart Africa a toujours défendu une gouvernance robuste. Cette situation constitue-t-elle un recul pour cette vision ?

Lacina Koné : Oui, cette situation constitue indéniablement un revers. Smart Africa a toujours soutenu une gouvernance responsable, inclusive et transparente. L’incapacité d’une institution à vocation continentale clé comme AFRINIC à garantir un minimum de fiabilité électorale mine les efforts collectifs pour une gouvernance numérique crédible en Afrique. C’est un appel urgent à renforcer les garde-fous institutionnels et les mécanismes de reddition de comptes.

CIO MAG : Quels sont les risques critiques que cette impasse actuelle fait peser sur l’infrastructure numérique africaine, l’investissement et l’innovation sur le continent ?

Lacina Koné : L’impasse actuelle expose l’écosystème numérique africain à plusieurs risques majeurs. Nous risquons une perte de confiance des investisseurs technologiques et des partenaires internationaux, un blocage potentiel de l’attribution des ressources IP vitales pour les opérateurs, le gel de certains projets critiques sur le continent par manque de ressources IP, et le détournement des ressources africaines vers des intérêts opaques.

CIO MAG : Comment cette instabilité impacte-t-elle la voix africaine dans la gouvernance Internet mondiale ?

Lacina Koné : Cette instabilité fragilise considérablement la position de l’Afrique face à l’ICANN et aux autres RIRs (Regional Internet Registries). Elle donne l’image d’un continent incapable de gérer ses propres institutions techniques. Cela affaiblit les plaidoyers africains pour une gouvernance plus équitable de l’Internet et ouvre la porte à une marginalisation dans les débats mondiaux sur le numérique.

CIO MAG : Pensez-vous que des perturbations dans l’allocation des adresses IP puissent survenir à moyen ou long terme ?

Lacina Koné : Oui, il existe un risque réel. Si AFRINIC n’est pas en mesure d’allouer efficacement les adresses IP, les FAI et entreprises africaines pourraient faire face à des délais critiques pour obtenir des ressources, une dépendance accrue à des fournisseurs hors continent, un risque juridique pour les transactions d’infrastructure numérique, et une désorganisation des plans de connectivité, notamment en zones rurales.

CIO MAG : Quelles actions concrètes Smart Africa a-t-elle entreprises face à cette crise ?

Lacina Koné : Smart Africa a été proactive. Nous avons mis en place un Comité Ad-hoc multistakeholder pour proposer des réformes, recruté des consultants spécialisés pour soutenir l’analyse juridique et institutionnelle ainsi que des propositions concrètes de réformes. Nous avons également engagé un dialogue discret avec les acteurs clés, y compris l’ICANN et les membres d’AFRINIC, et nous envisageons des propositions formelles de gouvernance tel que le CAIGA, dont la première rencontre est prévue à ICANN84 en octobre prochain à Oman.

CIO MAG : Comment interagissez-vous avec les différentes parties prenantes suite à cette annulation ?

Lacina Koné : Smart Africa agit comme facilitateur diplomatique et technique. Nous dialoguons avec les États membres pour mobiliser un soutien politique, les membres d’AFRINIC pour préserver leur capacité à voter en toute transparence, et l’ICANN ainsi que la communauté technique pour assurer une solution respectant les standards globaux.

CIO MAG : Quelles sont les conditions impératives pour garantir des élections futures transparentes à AFRINIC ?

Lacina Koné : Il est impératif de réviser les règles d’éligibilité et d’identification des membres votants, de mettre en place un registre à jour, sécurisé et consultable, de limiter strictement l’usage des procurations (POAs) avec vérification notariale et strictement selon la loi et les textes d’AfriNic en vigueur. Enfin, il est crucial de mettre en œuvre une supervision externe et indépendante du processus électoral.

CIO MAG : Et pour un retour global à la stabilité et la crédibilité de l’institution, quelles sont les conditions selon Smart Africa ?

Lacina Koné : Selon Smart Africa, cela exige une gouvernance neutre et débarrassée des influences frauduleuses, la restauration de la confiance des membres à travers des audits indépendants, un soutien institutionnel des États africains pour garantir l’ancrage continental et l’immunité appropriée, la publication régulière de rapports de transparence, et l’adoption d’un nouveau cadre de gouvernance robuste (CAIGA).

CIO MAG : Comment cette crise impacte-t-elle la vision de Smart Africa pour une économie numérique africaine florissante ?

Lacina Koné : Cette crise met en lumière une faiblesse structurelle dans l’architecture de gouvernance numérique en Afrique. Elle nous oblige à intégrer dans les stratégies de transformation digitale un pilier fort de souveraineté technique. Smart Africa pourrait ajuster sa stratégie en accélérant la création de mécanismes de coordination entre autorités techniques africaines, en renforçant les capacités juridiques et institutionnelles de gestion des ressources critiques, et en plaidant pour une meilleure inclusion des États dans les structures de gouvernance pour un respect strict des lois en vigueur.

CIO MAG : Quel message souhaiteriez-vous adresser à la communauté numérique africaine face à cette situation ?

Lacina Koné : La situation est critique, mais pas irréversible. Ce moment doit être un réveil collectif. Nous appelons chaque membre, chaque acteur, chaque État à jouer pleinement son rôle. L’Afrique a le droit et le devoir de gérer ses ressources Internet avec rigueur et transparence. La reconstruction d’AFRINIC est une responsabilité partagée. L’avenir du numérique africain est entre nos mains.

CIO MAG : Enfin, quel rôle les gouvernements africains et les acteurs régionaux peuvent-ils jouer pour aider à résoudre cette crise ?

Lacina Koné : Leur rôle est fondamental. Ils peuvent exiger des mécanismes régionaux de supervision, soutenir des audits légaux ou un encadrement temporaire renforcé, faciliter une médiation inclusive entre membres, et intégrer cette question dans les agendas diplomatiques régionaux (UA, Smart Africa, CEDEAO). C’est par une action concertée que nous pourrons restaurer la confiance et la fonctionnalité d’AFRINIC.

Propos recueillis par Mohamadou DIALLO

(Source : CIOMag, 2 juillet 2025)

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